Procès Lelandais : à la barre, la soeur de Maëlys tente en vain de faire craquer l'accusé

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Par Marjorie BOYET, Amélie HERENSTEIN - Grenoble (AFP)
Publié le 07 février 2022 - 12:57
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Croquis d'audience réalisé le 2 février 2022 montrant Nordahl Lelandais devant la cour d'assises de l'Isère, à Grenoble
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© Benoit PEYRUCQ / AFP/Archives
Croquis d'audience réalisé le 2 février 2022 montrant Nordahl Lelandais devant la cour d'assises de l'Isère, à Grenoble
© Benoit PEYRUCQ / AFP/Archives

"Avez-vous violé ma soeur ?" "Quels ont été ses derniers mots ?" La soeur de Maëlys, 16 ans, a vigoureusement pris à partie lundi Nordahl Lelandais, jugé pour le meurtre de sa cadette, lors de son procès aux assises.

Elle n'est pas parvenue à le faire craquer mais l'ancien militaire de 38 ans a tout de même franchi une étape inédite lundi en reconnaissant pour la première fois avoir ressenti des penchants "pédophiles" lorsqu'il a agressé deux de ses petites-cousines, âgées de 4 et 6 ans, à l'été 2017.

Campée debout face à lui, l'adolescente l'a pressé d'un flot de questions pour qu'il révèle enfin dans quelles circonstances il a donné la mort à la fillette de huit ans, disparue lors d'un mariage à Pont-de-Beauvoisin (Isère) en août 2017.

"Regardez-moi dans les yeux", "en fait c'est vous le déchet !", lui lance-t-elle sur un débit de mitraillette. "Vous avez eu plein d'occasions de dire la vérité, vous n'avez pensé qu'à vous", lui assène-t-elle.

"Ayez ce courage et cette dignité comme j'ai moi de vous parler", poursuit-elle ensuite en le fusillant du regard, réclamant avec insistance qu'il réponde à deux questions en particulier. "Avez-vous violé ma soeur? " et "qu'est-ce qui vous empêchait de dire où était ma soeur pendant des mois ?" alors que le corps n'avait pas encore été retrouvé.

"Non, je n'ai pas violé votre soeur", répond l'accusé, avant de tenter un faible "Je m'expliquerai" à la seconde question.

"Moi je vous demande les réponses maintenant !", réplique la jeune fille avec détermination. Elle n'aura pas gain de cause, l'accusé, visiblement embarrassé, se murant à nouveau dans le silence.

"Ça me faisait mal de dire que je l'ai tuée", se justifiera-t-il un peu plus tard.

Le "cri" de la jeune fille s'est heurté "à une espèce de fin de non-recevoir, à une impossibilité presque psychique de ressentir la moindre forme d'émotion", déplore Me Laurent Boguet, avocat du père de Maëlys, à la fin de l'audience.

"Il n'est pas capable de commenter des passages à l'acte bestiaux, je crois qu'on en est là", ajoute-t-il.

- "Papa perdu en mer" -

Témoignant juste avant leur fille, le père et la mère de Maëlys avaient décrit le naufrage de leur existence après sa disparition.

Aujourd'hui divorcés, ils avaient dépeint l'"héroïne", le "petit ange, guerrier de lumière" qui a "mis un dangereux criminel en prison".

"Je n'ai pas su te protéger des méchants, je n'ai pas tenu la promesse que je t'ai faite", a lancé sa mère, Jennifer Cleyet-Marrel, s'adressant à un portrait de la fillette posé devant elle.

Son père Joachim, se décrit de son côté comme un "papa perdu en mer (...) qui tente de sortir la tête de l'eau" et victime du "mauvais sort". Il a perdu "25 kilos" depuis le drame, témoigne un ami d'enfance.

- Vidéos crues -

De nouveau confronté lundi matin à des vidéos d'agressions sexuelles de petites-cousines qu'il a reconnu avoir commises et filmées, Nordahl Lelandais a admis pour la première fois avoir éprouvé des penchants "pédophiles", tout en niant avoir ressenti ces pulsions pour la jeune Maëlys.

Il est accusé d'avoir agressé deux fillettes à l'été 2017, juste avant la disparition de Maëlys. Ces actes avaient été découverts lorsque les enquêteurs avaient mis la main sur des vidéos des attouchements filmées par téléphone.

Deux de ces vidéos, très crues, ont été projetées devant la cour lundi, pétrifiant l'assistance. L'accusé, pour sa part, garde obstinément la tête baissée.

"Qu'est-ce que c'est ? Quel est le terme générique pour cela ?", l'interroge ensuite Me Yves Crespin, l'avocat de deux associations d'aide à l'enfance. "De la pédophilie", concède l'accusé.

Le procès se trouve à présent à "un moment charnière", a estimé l'avocat de la défense Me Alain Jakubowicz car "à partir de demain nous allons aborder les faits eux-mêmes" concernant Maëlys, avec l'audition de témoins liés au mariage.

Déjà condamné à Chambéry en mai 2021 à 20 ans de réclusion pour le meurtre du jeune soldat Arthur Noyer, l'accusé encourt la réclusion criminelle à perpétuité pour le meurtre de Maëlys.

Le verdict est attendu autour du 18 février.

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