Trois membres de Génération identitaire bientôt jugés pour avoir joué les gendarmes antimigrants

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Par Odile DUPERRY - Grenoble (AFP)
Publié le 03 juin 2019 - 19:42
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Des militants de Génération identitaire (GI) arrivent au Col de l'Échelle à la frontière franco-italienne, le 21 avril 2018
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© ROMAIN LAFABREGUE / AFP/Archives
Tenues inspirées des forces de l'ordre, hélicoptères, voitures siglées: le mouvement d'extrême droite Génération identitaire sera jugé en juillet à Gap pour ses opérations antimigrants menées au printemps 2018 dans les Alpes.
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Tenues inspirées des forces de l'ordre, hélicoptères, voitures siglées: le mouvement d'extrême droite Génération identitaire sera jugé en juillet à Gap pour ses opérations antimigrants menées au printemps 2018 dans les Alpes.

L'association, son président Clément Gandelin, son porte-parole Romain Espino, et un membre de l'association ayant "activement participé à l'organisation de cette opération" seront ainsi jugés le 11 juillet, a annoncé lundi le parquet. Il leur est reproché d'avoir créé la confusion en utilisant un attirail ressemblant à celui des forces de l'ordre.

L'opération "Defend Europe" de "surveillance" des migrants irréguliers entrant en France par l'Italie via les Alpes avait commencé le 21 avril 2018, avec une spectaculaire manifestation d'une centaine de militants non loin du col de l'Echelle.

Elle s'était achevée le 29 juin par un communiqué de l'organisation se félicitant surtout d'avoir "fait réagir dans les plus hautes sphères d'Etat" à la question de l'immigration illégale.

Pendant cette période, ces militants identitaires avaient multiplié les démonstrations d'hostilité aux migrants sous la bannière de "Defend Europe", mouvement qui a déjà fait parler de lui en Méditerranée et s'étaient vantés d'avoir oeuvré à l'arrestation de plusieurs d'entre eux.

Génération identitaire avait notamment relaté dans le plus pur style gendarmesque "avoir surpris le 1er mai un individu transportant trois migrants africains à bord de son véhicule dans la zone frontalière". Les militants avaient "remis à la gendarmerie les vidéos et photographies de cet activiste d'extrême gauche".

- Doudounes bleues et hélicoptères -

Les militants s'étaient toutefois gardés de malmener directement leurs cibles, et le procureur de la République de Gap Raphaël Balland avait dû rapidement classer une première enquête ouverte fin avril sur de possibles menaces, violences ou propos racistes.

Génération identitaire, se disant "sûre de la parfaite légalité" de ses actes, s'estimait protégée par l'article 73 du code pénal qui prévoit qu'en cas de suspicion de délit "toute personne a qualité pour appréhender l'auteur et le conduire devant l'officier de police judiciaire le plus proche".

Au terme d'une enquête "approfondie" d'un an, M. Balland a annoncé au contraire lundi un procès pour "activités exercées dans des conditions de nature à créer dans l'esprit du public une confusion avec l'exercice d'une fonction publique" (article 433-13 du Code pénal).

Ce délit est puni au maximum d'un an de prison et 15.000 euros d'amende pour les personnes, et de 75.000 euros d'amende et cinq ans d'interdictions diverses pour l'association.

Le procureur reproche à Génération identitaire d'avoir créé "une confusion" avec ses militants en bataillon de dizaines de personnes vêtues de la même doudoune bleu clair ressemblant à celles des forces de l'ordre opérant en montagne, ses deux hélicoptères - de location - et ses voitures estampillées "Defend Europe", ses drapeaux et sa communication à forte connotation policière ou militaire.

Le procureur a cependant indiqué avoir renoncé au délit plus sévèrement réprimé "d'immixtion dans une fonction publique", en substance parce que ces militants ne s'étaient pas explicitement fait passer pour des membres des forces de l'ordre.

- "Situation inédite" -

Le procureur de Gap a décrit la procédure comme "complexe", avec une vingtaine de personnes entendues dans sept départements, et surtout "une situation inédite" et un chef de poursuites "très peu usité".

Sa position est délicate dans cette région, entre pro et antimigrants, alors que 3.787 entrants illégaux ont été remis aux autorités italiennes en procédure de non-admission en 2018, et quelque 800 cette année depuis janvier.

Le 7 mai, M. Balland avait classé sans suite l'enquête sur le décès de deux migrants, alors que diverses associations voyaient dans l'un d'eux une responsabilité des gendarmes. L'association "Tous migrants" avait aussitôt porté plainte avec constitution de partie civile pour rouvrir l'enquête.

En décembre, le tribunal correctionnel de Gap avait suivi le procureur en condamnant sept personnes, "les sept de Briançon", dont deux à de la prison ferme, pour avoir aidé des migrants à forcer un barrage dressé par les forces de l'ordre lors d'une manifestation en riposte à la campagne de Génération identitaire.

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