Un imam condamné à deux ans de prison ferme pour avoir aidé des migrants à traverser illégalement la Manche

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Par AFP - Boulogne-sur-Mer
Publié le 04 juin 2019 - 00:20
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Une balance de la justice
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Un imam de la banlieue de Rouen a été condamné lundi par le tribunal de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) à trois ans de prison dont un avec sursis.
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Un imam de la banlieue de Rouen a été condamné lundi par le tribunal de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) à trois ans de prison dont un avec sursis, pour avoir fourni des bateaux pneumatiques à des migrants, afin de leur permettre de rejoindre la Grande-Bretagne.

Lorsque le tribunal correctionnel a annoncé son incarcération immédiate, l'imam, iranien réfugié politique en France, s'est évanoui, et sa fille s'est mise à pleurer. Il est également interdit de séjour dans le Nord et le Pas-de-Calais pendant 5 ans.

Le tribunal a également condamné à 18 mois de prison, dont 9 mois avec sursis, un fidèle de la mosquée, avec interdiction de séjour dans les deux départements pendant trois ans.

L’enquête débute dans la nuit du 27 au 28 mars, lorsque les gendarmes découvrent des gilets de sauvetage, des pulls mouillés et une embarcation pneumatique échouée sur la plage d’Escalles (Pas-de-Calais).

Grâce à l’immatriculation, les forces de l’ordre remontent jusqu’à l’ancien propriétaire, qui explique l’avoir vendu à un homme quelques jours plus tôt. Relevés téléphoniques et filatures permettent d’identifier un Iranien de 39 ans, réfugié politique et imam dans une mosquée de Petit-Couronne, près de Rouen.

A son domicile, la police retrouve deux bateaux, trois moteurs, et une vingtaine de gilets de sauvetage. L’un des fidèles de la mosquée, ressortissant sénégalais de 29 ans, est également interpellé.

En garde à vue, les deux hommes reconnaissent les faits, assurant avoir agi pour le compte d’un troisième individu, jamais identifié par les enquêteurs.

Devant le tribunal lundi, le religieux évoque un certain Kamal, pour qui il allait acheter des navires jusque dans un magasin de Deûlémont, à la frontière belge.

Parfois, l’imam demande à son "meilleur ami", un fidèle de la mosquée, d’effectuer les trajets. Selon les investigations, les deux hommes auraient ainsi acheté sept bateaux, entre le 27 décembre 2018 et le 30 avril 2019.

A la barre, ils affirment n’avoir compris que tardivement que les navires permettaient à des clandestins de tenter de traverser la Manche.

"Quand j’ai su, j’ai pensé aux enfants à bord, et je me suis dit qu’il y aurait pu y avoir des morts. J’étais effondré", déclare le fidèle. A ses côtés, l’imam se dit "honteux".

Les migrants entendus font état de sommes pouvant atteindre 10.000 euros ; lui déclare que l’acheminement des bateaux ne lui a rapporté que 1.300 euros.

Des explications "qui ne correspondent pas à la réalité", estime le parquet, qui rappelle que "les écoutes téléphoniques et la géolocalisation montrent que [l’imam] se déplaçait régulièrement du littoral, à proximité des plages où ont été découverts des bateaux et des migrants".

Pointant la "mauvaise foi" des prévenus, l'accusation souligne l’implication du fidèle, qui "recherche de nouveaux bateaux et décide d’augmenter ses tarifs lorsqu’il comprend que les navires sont destinés aux traversées".

"Il a conscience de l'infraction qu'il a commise (..) choqué par ce qu'il a fait", a déclaré à la presse l'avocate de l'imam, Me Marie-Alice Fasquelle-Leonetti.

Pour elle, le mandat de dépôt est une décision "sévère" dans la mesure où il "a respecté de façon parfaite son contrôle judiciaire" accordé il y a un mois.

Père de trois enfants, dont un nourrisson selon elle, il a été "détenu en Iran pendant un certain nombre d'années" et a obtenu le droit d'asile en "sept jours".

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