Voiture de police incendiée : des peines allant d'un à 7 ans de prison ferme pour les "antifas"

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Par AFP
Publié le 11 octobre 2017 - 08:49
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Une voiture de police incendiée lors d'une contre-manifestation non autorisée contre la violence pol
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© CYRIELLE SICARD / AFP/Archives
Une voiture de police incendiée lors d'une contre-manifestation non autorisée contre la violence policière, le 18 mai 2016 à Paris
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Des peines injustes pour les familles, trop indulgentes pour les policiers: la justice a condamné mercredi sept "antifascistes", dont le militant Antonin Bernanos, pour avoir participé à des degrés divers à l'attaque retentissante d'une voiture de police, incendiée à Paris en mai 2016.

Le tribunal a relaxé deux prévenus et condamné les autres, en majorité des jeunes d'une vingtaine d'années, à des peines allant de douze mois de prison avec sursis pour "participation à un attroupement violent", à sept ans de prison ferme pour "violences aggravées", un peu en dessous des réquisitions.

Au total, le tribunal a prononcé 18 années de prison ferme, mais aucun "mandat de dépôt", c'est-à-dire que les personnes qui comparaissaient libres n'ont pas été menottées et emmenées après l'audience.

Epilogue d'un procès sous haute tension, la décision a été accueillie aux cris de "Tout le monde déteste la justice" par une quarantaine de militants. Ils ont été rapidement évacués du Palais de justice, où avait été déployé un dispositif de sécurité inédit, mais dans la soirée, un groupe d'environ 200 personnes s'est rassemblé dans le centre de Paris à l'appel de collectifs "antifascistes".

Aux cris de "Pas de justice, pas de paix" ou "Flics violeurs assassins", certains militants pour la plupart cagoulés et masqués, sont partis en manifestation sauvage vers 20H30, renversant des poubelles et dégradant des vitrines sur leur passage, a constaté un journaliste de l'AFP.

La peine la plus lourde, sept ans, a été annoncée en l'absence du prévenu. Le Suisse Joachim Landwehr, en fuite, avait mis le feu au véhicule de police avec un fumigène. Deux prévenus ont écopé de peines de prison ferme alors qu'ils étaient déjà détenus, tandis que tous les autres ont été condamnés à des peines en théorie aménageables.

C'est le cas en particulier d'Antonin Bernanos, devenu avec cette affaire une figure de premier plan de la mouvance "antifasciste", et qui était dans le viseur des renseignements depuis des années.

Le tribunal a jugé que l'étudiant de 23 ans, déjà condamné pour violences, était bien l'individu masqué qui avait frappé un policier assis dans sa voiture, avant de briser la lunette arrière.

Le président s'est appuyé sur le témoignage controversé d'un policier anonyme, et des indices allant de la couleur d'un caleçon à des bagues pour trouver une "corrélation parfaite entre l'auteur des faits" et le descendant de l'écrivain Georges Bernanos, qui a toujours contesté.

Antonin Bernanos, dont le plus jeune frère, également jugé, a été relaxé, a été condamné à cinq ans de prison dont deux avec sursis, sans mandat de dépôt. Reste à voir comment cette peine, à laquelle il faut retrancher dix mois de détention provisoire, sera purgée.

- 'Haine anti-flics' -

Ses parents ont dénoncé un jugement "lourd et injuste", lors d'une conférence de presse. "On n'a pas pris en compte les éléments à décharge", a déploré sa mère Geneviève Bernanos.

Son avocat Arié Alimi a parlé d'une "véritable guerre faite aux défenseurs des libertés publiques", sans préciser s'il comptait faire appel.

La décision du tribunal n'a pas non plus trouvé d'écho favorable chez les policiers. "On nous avait promis des mesures de fermeté et tout ça va se transformer en aménagements de peines et on va retrouver les condamnés dans les manifestations. Nous sommes scandalisés", a dit à l'AFP Frédéric Lagache, du syndicat Alliance, partie civile au procès.

L'attaque le 18 mai 2016 de la voiture de police avait eu un écho immense, dû aux images impressionnantes du véhicule en flammes, ou de ce "policier kung fu" parant des coups de barre métallique à mains nues.

Son agresseur Nicolas Fensch, informaticien quadragénaire qui s'est confondu en excuses à l'audience, a été condamné à cinq ans de prison dont la moitié avec sursis.

Dans un contexte de mobilisation contre la loi Travail, les policiers avaient appelé ce jour-là à une manifestation inédite contre la "haine anti-flics".

Un collectif de lutte contre les violences policières avait alors organisé un contre-rassemblement. Des participants à ce contre-rassemblement ont ensuite fondu sur la voiture sérigraphiée qui circulait sur le quai de Valmy.

aue-sva-pta-cld/spe/cam

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