Le diable est VRAIMENT dans le détail, après The Lancet, nous remettons en cause le New England Journal of Medecine.

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Le Collectif Citoyen pour FranceSoir
Publié le 05 juin 2020 - 01:04
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NEJM Gate
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ENQUETE : Nous sommes tous en overdose de Lancet, Discovery, Gilead, Covid, Véran, HCSP.  Depuis maintenant plusieurs semaines nous travaillons sans relâche à comprendre, analyser les informations des diverses études qui sortent. Certaines apportant leurs lots de satisfaction au clan pro hydroxychloroquine et d’autres à l’autre. Dernièrement nous en étions arrivés à analyser le silence de Discovery.  Une étude en suit une autre écrivions-nous récemment.

 

L’étude Boulware de l’Université du Minnesota, parue le 3 juin 2020 dans le NEJM, s’apparente en tout à une étude classique randomisée contrôlée, avec groupe placebo. Nous avons demandé une interview à David Boulware afin de comprendre, comme nous l’avions fait avec le Docteur Mehra. Le service de presse de l’Université du Minnesota nous a orienté vers le Dr Emily Gibson McDonald, que nous avons interviewé et qui nous a donné les précisions sur le fonctionnement de l’étude. En soit, rien de plus traditionnel.  On teste ici une des quatre stratégies, pour voir si l’hydroxychloroquine est efficace en mode prophylactique pour traiter des populations potentiellement à risque (par exemple une infirmière qui aurait oublié son équipement de protection et exposée à des patients symptomatiques ou testés positifs à la Covid-19).  Intéressant comme approche, après l’étude « foireuse » du big data. Beaucoup d’attentes des pro-hydroxychloroquine et au final : 

Surprise l’hydroxychloroquine ne fonctionne pas en mode prophylactique.

 

Les tests statistiques sont formels nous dit la docteur Gibson McDonald, aucune différence entre le groupe traité à l’hydroxychloroquine et le groupe placebo. 

En 15 jours, cela sent le roussi une seconde fois pour l’HCQ. Nous attendons le tweet du ministre de la Santé.

Jusqu’à ce que l’on se plonge une fois encore dans le détail. Ici, plus de société suspecte ou de données erronées, de big data, c’est beaucoup plus subtil. La séparation des rôles et le cloisonnement ? On se croirait dans la bande dessinée XIII, Van Hamme aurait-il donné des idées ? Chaque partie joue un rôle et quand on leur parle ils sont intimement convaincus car ils sont honnêtes. Manipulés ?  Sûrement comme le Docteur Mehra l’a été car dans son interview, il paraissait sincère et persuadé de ce qu’il disait.  Comme le docteur Gibson McDonald.

 

Tout d’abord un médecin de l’Université du Minnesota lance une étude et publie cela sur Twitter le 1er Avril

Le docteur Gibson McDonald, qui de son côté voulait faire une étude au Canada comme tout le monde pour essayer de trouver une solution, voit le tweet et décide de répondre. 

« nous n’avions jamais travaillé ensemble » mais cela fait du sens car on doit bien s’entraîder.

 

L’étude se fait et nous ne passerons pas sur les biais liés à l’absence des tests ou d’autres mesures comme les dosages et la durée du traitement car ici aussi il y a de quoi redire, mais bien moins que dans l’étude Mehra, c’est plus solide de partout.

Alors on va au résultat, droit au résultat et la seconde tranche de saucisson qui nous est servi.  L’hydroxychloroquine ne fonctionne pas quand on regarde les degrés d’exposition de 1 jour, 2 jours, 3 jours et 4 jours.  Nous posons la question à la Docteur Gibson :

« Toutes les analyses statistiques ont été faites par le Docteur Hullsiek » puis nous les avons revues et validées comme il se doit afin de pouvoir cosigner l’étude », « c’est notre responsabilité »

 

Nous reprenons les résultats, les voila

 

Si on fait l’analyse comme les auteurs l’on fait, sur 1 jour à 4 jours indépendamment on trouve des différences non significatives.  Cela veut dire que l'écart de mesure entre les deux chiffres ne peut pas être considéré comme pouvant entraîner une conclusion comme quoi le traitement fonctionne mieux que le placebo. Les bases statistiques apparaissent fiables même si les échantillons sont un peu petits et donc cela rend les tests statistiques plus délicats. Mais avec la science statistique allons plus loin.

 

Quand on regroupe les échantillons en personne étant exposées 1 à 2 jours ou 1 à 3 jours donc avec des échantillons plus grands et donc plus fiables,

là les tests deviennent significatifs. Ainsi la conclusion de l'étude Boulware est erronée.  Ce qui plaiderait en faveur de l'hydroychloroquine et changerait les conclusions de cette étude.

(Pour reprendre l'interprétation avec des mots simples, dans le cas du rédacteur de l'étude, ils ont testé s'il y avait un effet significatif entre le groupe placebo et le groupe traitement.  En faisant cela par tranche d'exposition au traitement ,ils arrivent à la conclusion que ce n'est pas statistiquement différent.  L'analyste aurait du vérifier sur des bases plus importantes en regroupant comme nous l'avons proposé. Avec ces regroupements le résultat devient statistiquement significatif.  C'est à dire qu'il y a un effet positif de l'hydroxychloroquine)

Encore une fois le diable se trouvait dans le détail acte II. Heureusement que nous avions écrit un article sur comment bien lire un article scientifique!

Le docteur Gibson McDonald nous l’a confirmé « nous n’avons pas fait ces analyses statistiques ».

 

Mais pourquoi donc ?  

On pourrait imaginer que c’est un oubli, mais elle nous dit que « toutes les analyses ont été faites », que leur hypothèse de départ était de trouver des résultats positifs. Elle nous confirme même « l’HCQ avait montré des résultats encourageants pour le SRAS Cov1 ».  Elle est honnête comme un vrai médecin.  Elle veut soigner ses patients.

Mais voilà, ce n’est pas elle qui a fait les analyses, on les lui a données. C’est un expert en statistiques qui les a faites au sein d’une équipe avec des intentions louables.  Croit-elle. Donc quand on l’interviewe, elle est convaincue et sincère.  Elle nous déclare même que sa partie de l’étude a été financée par des donateurs et les fonds de l’université et a couté 25 000 dollars canadiens, alors que l’étude au total coute 150 000 dollars canadiens.

 

Et bien peut-on envisager que les intentions de certains ne soient toujours louables ?

Docteur Hullsiek, que nous avons essayé de contacter, n’était pas disponible, pas plus que le Docteur Boulware qui nous a demandé de parler au Dr Gibson MacDonald. Cloisonnement ? En s’intéressant de plus près au docteur Boulware, un lien apparait, en 2019 avec Gilead.  Gilead c’est le Remdevisir, le traitement auquel nous nous sommes intéressés. Celui qui représenterait une lueur d’espoir inclus dans le programme Discovery alors que l’hydroxychloroquine ne l’était pas avant que le président Macron n’intervienne.

 

De son côté, le docteur Hullsiek a déjà déclaré de multiples subventions de recherches de Bristol‐Meyers Squibb, Tibotec, GlaxoSmithKline, Serono, Thera, and Pfizer

 

Mais jusqu’où faudra-t-il analyser et contrôler ?

Une institution comme le NEJM a des comités de lecture et de revue. Après The Lancet, nous remettons en cause l’étude Boulware parue hier dans le prestigieux New England Journal of Medecine. Il aura fallu quelques 14 jours au Lancet pour retirer l’étude Merha qui avait entraînée la suspension des tests de l’HCQ. 

Combien de temps faudra-t-il au NEJM pour faire de même ?

De plus, information prise, il s'avère que le placebo utilisé n'est pas un vrai placebo.

 

(Ndlr : contacté à plusieurs reprises, le rédacteur en chef Eric Rubin, ne s’est pas rendu disponible pour répondre)

 

Une fois encore, une étude si importante pour la communauté est viciée.  C’est à croire que nous devrions vraiment nous poser la question de à qui bénéficierait cette situation. 

Monsieur le Président, Messieurs les Députés, jusqu’où cela va-t-il aller ?  STOP

 

Note : C'est à croire que l'article de Patricia Garcia, dans The Lancet du 27 novembre 2019, n'avait alerté personne.
https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(19)32527-9/fulltext

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