Sommet France-G5 Sahel : début de retrait français du nord du Mali d'ici fin 2021

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Par Daphné BENOIT, Didier LAURAS, avec Amaury HAUCHARD à Bamako - Paris (AFP)
Publié le 09 juillet 2021 - 03:03
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Un soldat français de l'opération Barkhane dans le nord du Burkina Faso, le 10 novembre 2019
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© MICHELE CATTANI / AFP/Archives
Un soldat français de l'opération Barkhane dans le nord du Burkina Faso, le 10 novembre 2019
© MICHELE CATTANI / AFP/Archives

La France commencera d'ici la fin de l'année à retirer ses forces déployées les plus au nord au Mali et concentrer ses efforts vers le Sud, où les groupes jihadistes poursuivent leur "dissémination", a déclaré vendredi le président Emmanuel Macron à l'issue d'un sommet avec le G5 Sahel.

Le processus de fermeture de bases de la force antijihadiste Barkhane dans le nord du pays débutera au "second semestre de l'année 2021", a-t-il déclaré. Les emprises de Kidal, Tessalit et Tombouctou seront closes "d'ici le début de l'année 2022", a-t-il précisé lors d'une conférence de presse conjointe avec le nouveau président nigérien Mohamed Bazoum à l'Elysée.

Les présidents tchadien, malien, burkinabè et mauritanien, les quatre autres membres du G5 Sahel, étaient pour leur part présents en visio-conférence pour leur première rencontre depuis l'annonce en juin d'une prochaine réduction des effectifs français au Sahel (5.100 soldats actuellement), après plus de huit ans d'engagement massif, des sommes colossales englouties et 50 soldats morts au combat.

"L'Afrique est devenue (le) principal terrain d'offensive et de croissance" des jihadistes liés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique (EI), a estimé M. Macron. "Nos adversaires ont aujourd'hui délaissé une ambition territoriale au profit d'un projet de dissémination de la menace (...) à l'échelle de l'ensemble de l'Afrique de l'Ouest", a-t-il ajouté, évoquant la pression exercée "à la frontière entre le Burkina Faso et la Côte d'Ivoire".

"Cette offensive présage malheureusement d'une pression renforcée sur l'ensemble des pays du golfe de Guinée qui est d'ores et déjà une réalité", a-t-il fait valoir.

Au final, la France maintiendra "à terme entre 2.500 à 3.000" hommes dans la région, contre 5.100 aujourd'hui, a affirmé Emmanuel Macron, en évoquant leurs deux missions principales: "la neutralisation et la désorganisation du haut commandement des deux organisations ennemies", ainsi que "l'appui à la montée en puissance des armées de la région".

Le dispositif français sera recentré autour de la task force européenne Takuba, composée de troupes d'élite censées former les unités maliennes au combat et qui rassemble aujourd'hui 600 hommes, dont la moitié de Français, et des Estoniens, des Tchèques, des Suédois et des Italiens.

- "Absolument d'accord" -

Le centre de commandement de Takuba sera localisé sur l'emprise française de Niamey, qui sera "fortement musclée", a détaillé le chef de l'Etat. "Nos partenaires bénéficieront aussi du maintien de certaines capacités essentielles au Mali: santé, aéro-mobilité, force de réaction rapide". Le Tchad, où se trouve actuellement le QG de l'opération Barkhane, appelée à disparaître, "restera enfin un élément clé de notre dispositif".

Cette réarticulation, qui vise à mettre les forces armées locales en première ligne des efforts contre les jihadistes, pourrait considérablement modifier le rapport de forces sur le terrain.

"Nous ne pouvons que souscrire avec ce que la France est en train de faire, nous concevons que cette voilure soit réduite", a commenté à cet égard le président Bazoum. "La nature de notre ennemi commande une autre coopération", a-t-il ajouté, saluant la "rationalisation" de l'engagement français avec lequel les pays du G5 Sahel sont "absolument d'accord".

Les commandos d'élite de la task force française "Sabre" seront comme prévu maintenus. Mais dans cette immense région désertique largement délaissée par les pouvoirs centraux, le reste de la lutte devra être assumé par les armées africaines et l'embryonnaire Force conjointe antijihadiste du G5 Sahel, que peu d'observateurs jugent capables de relever le défi.

"La Force conjointe n'a pas donné beaucoup de résultats", relevait avant le sommet une source travaillant avec cette dernière à Bamako. L'arrivée récente d'un bataillon tchadien dans la "zone des trois frontières", entre Mali, Niger et Burkina, "est peut-être la seule chose qui marche réellement. Le reste, c'est du brouillon car il y a un manque de moyens et parfois de volonté".

Le président Macron a rappelé la nécessité pour les Etats africains de réintroduire une administration dans les zones reprises militairement.

"Il s'agit bien sûr d'empêcher deux organisations terroristes de faire du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest leur nouveau terrain d'expansion et d'enracinement. Mais il ne s'agit, en revanche, en aucun cas de nous substituer à la responsabilité et à la souveraineté des États de la zone pour remplir leur mission de sécurité et de service apporté aux populations", a-t-il insisté.

Au même moment, un autre partenaire étranger était sollicité : la ministre française des Armées Florence Parly était vendredi aux Etats-Unis pour rencontrer son homologue Lloyd Austin. Il devrait confirmer le soutien apporté par Washington dans la région -- ravitaillement en vol, transport logistique, renseignement.

dab-ah-jri-dla/sst

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