Banque Morning : le projet de reprise de Xavier Azalbert (Mutualize)

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La rédaction de FranceSoir.fr
Publié le 23 décembre 2016 - 15:35
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Xavier Azalbert
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Xavier Azalbert, président de Mutualize (qui détient "FranceSoir") est candidat à la reprise de Morning.
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Quel avenir pour la "néobanque" Morning? Au bord de la banqueroute, la Fintech toulousaine est convoitée par trois repreneurs potentiels qui tentent actuellement de séduire les actionnaires. Parmi eux, Xavier Azalbert qui veut faire de la société le "quatrième M" du business modèle déjà déployé au sein de son groupe, Mutualize (propriétaire de "FranceSoir"). Et faire en sorte que les déboires de Morning servent de cas d'école pour faire évoluer les mécanismes de régulation du secteur.

Xavier Azalbert, président de Mutualize (société détenant FranceSoir) est candidat à la reprise de la "néobanque" Morning, Fintech au bord de la liquidation suite à la suspension de son agrément de paiement par l'ACPR, début décembre. Suite à des désaccords stratégiques entre le fondateur de la société toulousaine, Eric Charpentier, et la Maif, un de ses actionnaires principaux, et une faute de la part du premier qui a utilisé le compte de cantonnement garantissant les fonds des déposants (sans détournement toutefois), l'entreprise est en grand danger. Et les comptes de ses clients gelés.

A ce stade, trois projets de reprise sont encore en lice. Parmi eux, celui de Xavier Azalbert, qui a répondu aux questions de FranceSoir.

- Pourquoi vouloir reprendre Morning?

Morning présente des synergies importantes avec Mutualize et s'inscrit dans la stratégie des deuxième et troisième "M" de Mutualize que sont "Money" et "Mutualisation". Notre projet serait donc de continuer à développer Morning avec un périmètre adapté et de consolider l'équipe de Mutualize-Morning. "Morning": encore la communauté des "M" d'ailleurs.

"Money" car ils ont développé une offre client de service de paiements; "Mutualisation" car leur système de cagnotte s'inscrit directement dans la proposition valeur du projet de Mutualize corp en matière de crowd-expertise et de crowdfunding. Concrètement, un projet de crowdfunding peut être assimilé à une grande cagnotte et a donc besoin des agréments pour collecter des fonds et des médias pour communiquer.

De plus nous sommes une start-up avec une équipe de jeunes et notre culture d'entreprise est basée sur l'indépendance: notre société, cotée, compte plus de 450 actionnaires individuels. L'objectif est de faire vraiment confiance aux jeunes. La valeur n'attend pas le nombre des années. 

- Mutualize a pourtant déjà un agrément de paiement...

C'est en effet correct, et tout le monde vous dira que c'est difficile et que cela représente un investissement couteux d'obtenir un tel agrément. Et de le maintenir compte tenu des exigences en termes de fonds prudentiels. C'est justement l'une des synergies à explorer entre Mutualize et Morning.

 - Si votre offre est choisie, quel sera l'impact sur l'emploi? Et pour les clients?

Mutualize a des clients, Morning a des clients. L'objectif est d'accélérer le développement de Morning et de Mutualize en s’appuyant sur la marque FranceSoir. Est-il bon de rappeler que Boursorama était un portail d’information avant de devenir une société de courtage?

Mutualize et ses filiales sont en croissance et donc nous recherchons pour nos diverses activités à renforcer les équipes. Il y a donc beaucoup de synergies. Nous essayerons de réduire l’impact sur l’emploi en adéquation avec le plan de développement commun. L’objectif étant de construire un business qui est indépendant de ses actionnaires et pour cela il faut donc avoir une vision claire, une visibilité sur la profitabilité. Nous savons faire.

 - Pourquoi votre offre serait choisie? Quand sera prise la décision?

Plusieurs éléments sont à prendre en considération. Tout d'abord, la culture d'entreprise, de startup, ainsi que la convergence des modèles d'affaires que je viens d'évoquer. Ensuite je suis moi-même un des fondateurs de Skrill/Moneybookers (un service en ligne d'échange d'argent comptant 36 millions d'utilisateurs dans le monde, NDLR).

Quand on a lancé cette société, une Fintech avant l'heure, au tournant du millénaire il fallait tout créer. C'était la première banque en ligne à une époque où Internet n'était pas encore entré dans la vie quotidienne des gens. La confiance dans ce nouvel outil, la confiance dans un nouvel acteur révolutionnaire... nous sommes réellement partis de zéro. Il a fallu mettre les mains dans le cambouis avec les équipes, apprendre, progresser et finalement nous y sommes arrivés en équipe. C'est la mutualisation de l’expérience des hommes qui doit être mis au service de ces deux projets. "Tout seul on va plus vite, ensemble on va plus loin". D'autant que j'ai aussi une bonne connaissance du management des services réglementés et que les équipes des deux startups sont complémentaires.

- Éric Charpentier est entré en conflit avec la Maif pour des divergences de vision stratégique. Et si l'ACPR a suspendu l'agrément de paiement de Morning c'est parce qu'il a enfreint la règle en prélevant des fonds dans le compte de cantonnement garantissant les fonds des clients pour assurer sa trésorerie, car la Maif ne finançait plus. Ce qui pose avant tout la question de la viabilité de Morning, voire des Fintech dans leur ensemble...

La Maif: nous sommes encore dans le secteur des "M"! Media, Money, Mutualisation, Maif (rire). Plus sérieusement, la confiance dans le système, les institutions financières, est la base de l’activité des Fintech, qui se doivent en retour de respecter les réglementations sans faillir pour garantir la confiance que les régulateurs ont placée en eux en leur conférant un agrément. Eric Charpentier voulait développer son entreprise, cela est louable et respectable, cependant il a pris le risque que les régulateurs n’acceptent pas. Mais la question n'est pas que celle des hommes, c'est celle du système et surtout de son rôle.

Ici les régulateurs et les instances de contrôle ont fait leur travail. Cependant l’éternelle question se pose entre l’évolution des business model et les initiatives Fintech – comment réguler quand on n’a pas cent ans de retour sur expérience? Ne stigmatisons pas les erreurs, ne généralisons surtout pas. Et prenons conscience que bien des institutions, de "vielles dames", ont elles aussi connu des problèmes de contrôle interne voir de quasi-faillite par le passé. Un passé parfois récent. Le nombre des années permet certes de se rassurer sur la stabilité du système, mais n’est pas une garantie à 100%. L’innovation quand elle est bien encadrée, contrôlée et supervisée a permis de mieux servir les consommateurs qui se plaignent quand même sans arrêt du système financier traditionnel.

- L'autre question soulevée par le "cas Morning" est donc celle du rôle des institutions de régulation: doivent-elles prévenir ou punir selon vous?

Les autorités de tutelles sont là pour remplir un rôle de prévention et de résolution mais aussi pour accompagner le développement de nouvelles initiatives Fintech. Dans l'acronyme de l'ACPR, il y a "prudence"... La prévention est donc aussi importante. C’est-à-dire la nécessité d'anticiper les problèmes que de nouveaux modèles pourraient amener. Sans oublier bien sûr le rôle de police afin de garantir la sécurité au consommateur et la stabilité du système. Innover avec certitudes mais avec prudence afin de respecter, voire faire évoluer les réglementations permet à coup sur de gagner la confiance du consommateur surtout à l’ère de l’économie numérique. En définitif, le projet Morning reste un beau projet avec une équipe très compétente qui trouverait toute sa place aux côtés de Mutualize.

 

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