Touristes tués au Tadjikistan : l'EI diffuse une vidéo des exécutants de l'attaque

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Par Akbar BORISSOV avec Christopher RICKLETON à Almaty - Douchanbe (Tadjikistan) (AFP)
Publié le 31 juillet 2018 - 13:32
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Carte localisant Danghara au Tadjikistan, où 4 touristes occidentaux ont été tués dans une attaque revendiquée par le groupe Etat islamique, le 29 juillet
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© Laurence CHU / AFP
Tadjikistan
© Laurence CHU / AFP

Le groupe jihadiste Etat islamique, après avoir revendiqué l'assassinat de quatre touristes occidentaux au Tadjikistan, a diffusé mardi une vidéo des exécutants présumés lui prêtant allégeance en dépit des dénégations des autorités de ce pays d'Asie centrale qui accusent l'opposition islamique.

Sept cyclotouristes étrangers, venus affronter les cols de la célèbre route du Pamir, ont été fauchés dimanche par une voiture et attaqués par des hommes armés dans la région de Danghara, à 150 kilomètres au sud de la capitale Douchanbé.

Deux Américains, un Suisse et un Néerlandais sont morts. Un Suisse et un Néerlandais ont été blessés et un touriste français est indemne.

Après avoir dans un premier temps évoqué la piste d'un accident de la route, les autorités de l'ex-république soviétique avaient annoncé lundi que les suspects "avaient des couteaux et des armes à feu" et qu'un des touristes avait été blessé à l'arme blanche.

L'EI qui avait aussitôt revendiqué l'attaque, a fait circuler mardi une vidéo des exécutants affirmant avoir "l'autorisation d'Allah" pour tuer les "incroyants".

Dans cette vidéo, cinq jeunes hommes assis sous un arbre, sur fond du drapeau du groupe jihadiste, dénoncent l'"occupation" du Tadjikistan, en qualifiant les autorités du pays de "traîtres" qui "ont vendu leur religion".

Tous les cinq ressemblent beaucoup à ceux dont les photos ont été publiées mardi par le ministère de l'Intérieur tadjik. Selon le ministère, quatre d'entre eux ont été tués par les forces de l'ordre, alors que le cinquième a été arrêté.

- "Honteux et illogique" -

Le ministère de l'Intérieur rejette cependant la revendication de l'EI et a désigné comme responsable le Parti de la renaissance islamique du Tadjikistan interdite en 2015, une décision critiquée par les Occidentaux qui considéraient la formation comme modérée.

Le groupe des assaillants "a agi sur l'ordre" de Nossirkhoudjy Oubaïdov, "membre actif" du Parti de la renaissance islamique, a assuré ainsi le ministère, en affirmant qu'il était mené par un autre "membre actif" de ce parti, Housseïn Abdoussamadov, 33 ans, qui a été arrêté et est passé aux aveux.

Pour sa part, le Conseil suprême Parti de la renaissance islamique, qui a tenu mardi une réunion d'urgence, a rejeté ces accusations "infondées et irrationnelles", en dénonçant un crime "honteux et illogique".

Selon ses dépositions à la police, Housseïn Abdoussamadov a suivi en Iran "un entraînement idéologique, militaire et visant à effectuer des actes de sabotage".

A ces fins, "il s'est rendu à quatre reprises dans les villes (iraniennes) de Qom et Mazandar entre 2014 et 2015", a affirmé la police tadjike dans un communiqué. C'est en Iran "qu'il a prêté serment d'allégeance à Nossirkhoudjy Oubaïdov", membre actif du Parti de la renaissance islamique depuis 1992.

L'Iran a démenti "tout lien avec cette attaque terroriste", par la voix du porte-parole de sa diplomatie, Bahram Ghasemi, cité par l'agence de presse Mehr.

Les relations entre l'Iran et le Tadjikistan, qui partagent l'héritage culturel et linguistique persan, connaissent de fortes tensions depuis que ce pays très pauvre d'Asie centrale s'est tourné vers l'Arabie saoudite et d'autres pays arabes aisés dans l'espoir d'attirer des investissements dans son économie.

Le Tadjikistan, un pays laïc dont la population est majoritairement sunnite, fait de la lutte contre l'intégrisme religieux une priorité. Les autorités de ce pays voisin de l'Afghanistan estiment que plus de mille Tadjiks ont rejoint les jihadistes en Irak et en Syrie.

Elles ont pris en 2015 des mesures radicales pour contrer l'influence des extrémistes religieux, parmi lesquelles le rasage forcé des barbes et une campagne contre le port du hijab.

Les autorités ont aussi interdit le parti de la Renaissance islamique, alors seul parti islamique légal dans le pays, l'accusant d'avoir cherché à instaurer un "Etat islamique" au Tadjikistan.

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