Une ourse slovène lâchée en Béarn, les anti-ours promettent de la "traquer"

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Par Carole Suhas - Sarrance (France) (AFP)
Publié le 04 octobre 2018 - 15:31
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"La guerre est déclarée" peut-on lire sur les routes de Sarrance dans la vallée de l'Aspe, avant l'introduction d'une ourse dans les Pyrénées-Atlantique le 3 octobre 2018
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© IROZ GAIZKA / AFP/Archives
"La guerre est déclarée" peut-on lire sur les routes de Sarrance dans la vallée de l'Aspe, avant l'introduction d'une ourse dans les Pyrénées-Atlantique le 3 octobre 2018
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Une ourse capturée en Slovénie a été relâchée jeudi matin dans les Pyrénées-Atlantiques, par hélicoptère, à la satisfaction des ONG et malgré les éleveurs anti-ours qui l'ont guettée toute la nuit en organisant des barrages en vallée d'Aspe.

"Une première ourse femelle en parfaite santé a été relâchée ce matin aux alentours de 9H00 dans le Béarn", a indiqué à l'AFP le ministère de la Transition Ecologique.

"L'opération de réintroduction se poursuivra dans les prochains jours avec pour unique priorité de garantir la sécurité des deux ourses femelles", ajoute le ministère.

"On a vu l'hélicoptère au-dessus d'Etsaut. Il a fait du vol stationnaire et a posé une cage. On n'a pas vu s'il y avait un ours dedans", avait auparavant affirmé de son côté Olivier Maurin, chef de file des éleveurs béarnais anti-ourses, en annonçant une future "battue d'effarouchement".

Selon l'AFP sur place, aux premières lueurs du jour, un hélicoptère soulevant une cage avec un filin, a pris la direction d'Etsaut dans les montagnes. Une heure plus tard, l'appareil a été vu prenant le chemin du retour, vers Oloron.

La réintroduction des ourses en Pyrénées-Atlantiques, dénoncée par une partie des bergers, avait été confirmée le 20 septembre par le ministre de la Transition écologique François de Rugy.

Le ministre, interrogé sur France Info jeudi matin, n'avait pas confirmé le premier lâcher mais dénonçé "les attitudes inacceptables" des personnes "qui se croient autorisées à faire des barrages sur les routes, à me menacer avec des fusils".

Car les opposants, déterminés à "enlever les ourses par tous les moyens possibles" et sur le pied de guerre depuis des semaines, ont amplifié leur mouvement dans la nuit de mercredi à jeudi.

Avec des tracteurs et des ballots de paille, bâtons de bergers à la main, ils ont filtré puis barré la circulation sur les routes de la vallée, à la recherche du plantigrade dont la rumeur annonçait l'arrivée imminente.

Répartis sur les points stratégiques comme Bielle, Arette ou le col de Marie-Blanque, ils ont tenté de repérer et arrêté dans la nuit les véhicules susceptibles, selon eux, de transporter un ours.

- Les armes, "dernier moyen" -

Aux premières lueurs de l'aube, journalistes et bergers ont alors aperçu un hélicoptère soulevant une caisse.

"On n'a pas vu la dépose exacte", dit Franck, un manifestant, "mais soyez sûrs que dans les prochains jours, il va y avoir du monde dans les montagnes. On va la guetter", dit ce chasseur, aujourd'hui sans armes.

Pour Julien Lassalle, frère du député Jean Lassalle et éleveur à Lourdios Ichère, "maintenant, l'ours, on veut l'enlever par tous les moyens. Les armes, c'est le dernier moyen".

Le "Béarn, les Pyrénées, les bergers sont sacrifiés", a plus tard estimé dans un communiqué David Habib, député PS du département, en redemandant "une étude d'impact sur la réintroduction de ces deux ourses".

La Confédération paysanne a "exigé de l'Etat qu’il entende enfin la détresse exprimée et les difficultés que pose la prolifération des grands prédateurs"

Au contraire, d'autres se sont réjouis : Gérard Caussimont, président du Fonds d'intervention éco-pastoral groupe Ours Pyrénées (Fiep), "attendait l'ourse depuis quatorze ans et on espère très vite une deuxième ourse. Contrairement à ce que l’agitation des derniers mois voudrait laisser croire, tous les bergers ne sont pas contre la présence de l’ours. Maintenant les ourses sont là. Elles doivent être protégées des extrémistes".

L'association FERUS a "félicité les pouvoirs publics d’avoir tenu bon devant les menaces et les intimidations des opposants minoritaires".

"Depuis la nuit des temps, les ours ont toujours été là, on a toujours cohabité", selon Elise Thébault, bergère à Etsaut.

Les barrages avaient été levés en milieu de matinée et la circulation est redevenue fluide, aucun axe n'a été à nouveau bloqué, a précisé la gendarmerie en début de soirée.

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