Venezuela : la crise humanitaire plus redoutée que la financière

Auteur:
 
Par AFP
Publié le 14 octobre 2017 - 20:18
Image
Dans une gare routière de Caracas, des Vénézuéliens quittent le pays en raison de la crise économiqu
Crédits
© Federico PARRA / AFP
Dans une gare routière de Caracas, des Vénézuéliens quittent le pays en raison de la crise économique, le 11 octobre 2017
© Federico PARRA / AFP

Un éventuel défaut de paiement du Venezuela, évoqué avec insistance par les marchés, aurait des répercussions financières "mesurées", mais pourrait frapper les pays voisins s'il provoque une crise humanitaire, estiment le FMI et des économistes.

"Les effets d'un possible défaut de paiement de la dette souveraine du Venezuela seraient plus mesurés, car les investisseurs ont déjà incorporé ce risque", a estimé le directeur du FMI pour l'Amérique latine, Alejandro Werner, lors de la présentation de ses perspectives pour l'Amérique latine, écartant un effet domino sur d'autres pays.

"En revanche, le risque principal pour la région est lié à la crise humanitaire et les migrations qu'elle pourrait engendrer de citoyens vénézuéliens vers les pays voisins", a-t-il prévenu, rappelant que le nombre d'arrivées au Brésil et en Colombie "a augmenté de manière marquée au fur et à mesure que la crise s'est intensifiée".

Le Venezuela fait face à de lourdes difficultés financières et économiques. En octobre et novembre, l’État et la compagnie pétrolière PDVSA doivent rembourser environ 3,8 milliards de dollars de dette arrivant à échéance.

"Le risque que la crise vénézuélienne fasse tache d'huile sur d'autres pays est assez faible", estime Ludovic Subran, chef économiste chez l'assureur Euler Hermes, doutant qu'un défaut de paiement déclenche une crise obligataire qui frapperait ensuite d'autres pays émergents, qui se sont fortement endettés ces dernières années sur les marchés internationaux en profitant des taux d'intérêts très bas.

"Le vrai sujet aujourd’hui est plus humanitaire qu'économique", a expliqué M. Subran à l'AFP, pointant les répercussions que pourrait avoir sur les pays voisins, notamment la Colombie, l'arrivée massive de Vénézuéliens. "Pour la Colombie, par exemple, c'est un poids énorme", a-t-il ajouté.

- Des coûts pour les pays voisins -

Un spécialiste des marchés obligataires, consulté par l'AFP, a confirmé ces craintes. "En cas de défaut, il y aura certes de la casse pour certains créanciers privés, mais l'économie mondiale ne va pas s'effondrer à cause du Venezuela", a-t-il assuré, sous couvert d'anonymat. "En revanche, il y a un vrai sujet de fuite de population, de réfugiés, qui est probablement plus important", a-t-il ajouté.

Au FMI, M. Werner a prévenu que ces flux migratoires auraient "un impact important" sur les pays voisins du Venezuela, en particulier la Colombie, ce qui se traduirait par "des pressions sur les finances publiques".

Pour son adjoint, Robert Rennhack, l'arrivée de centaines de milliers de Vénézuéliens en Colombie constitue "un défi" pour le président Juan Manuel Santos. "Le gouvernement doit gérer cette situation et cela pose beaucoup de problèmes."

Le risque de défaut de paiement du Venezuela s'est intensifié cet été après l'annonce par le président américain Donald Trump de nouvelles sanctions qui interdisent d'acheter de nouvelles obligations émises par le gouvernement sud-américain et par la compagnie pétrolière nationale PDVSA, ce qui affecte le paiement des services, des médicaments et de l'alimentation aux entreprises étrangères.

"Le cœur des sanctions est d'empêcher l'acquisition de nouvelles obligations émises par le Venezuela par des opérateurs américains. Il s'agit d'un tarissement très fort des nouveaux flux", a estimé le spécialiste des matchés obligataires.

En juillet, l'agence de notation financière SP Global avait abaissé à CCC- la note du Venezuela et prévenu d'un risque de défaut de paiement dans les six mois. Un mois plus tard, l'agence de notation Fitch avait estimé que le risque de défaut de paiement avait augmenté après les nouvelles sanctions financières infligées par les États-Unis.

Le président vénézuélien Nicolas Maduro s'est rendu la semaine dernière à Moscou pour rencontrer son homologue russe Vladimir Poutine et discuter d'une éventuelle restructuration de la dette vénézuélienne vis-à-vis de la Russie.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Lula
Lula Da Silva : une barbe cache-misère politique ou masque de l’autoritarisme ?
Luiz Inácio Lula da Silva est un personnage simple en apparence mais complexe en substance. Sous sa barbe blanche, ses fossettes et son sourire aux dents refaites, le ...
27 avril 2024 - 14:36
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.