Vie privée, santé, coûts : Linky suscite de nombreuses interrogations

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Par Julien MIVIELLE - Paris (AFP)
Publié le 31 juillet 2019 - 16:18
Mis à jour le 11 février 2020 - 14:00
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Le tribunal judiciaire de Mâcon a débouté une centaine d'opposants aux compteurs Linky qui réclamaient le "droit au refus" de cet appareil, le jugeant nocif
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© DAMIEN MEYER / AFP/Archives
Photo prise le 24 novembre 2017 d'un compteur Linky d'Enedis
© DAMIEN MEYER / AFP/Archives

Le compteur électrique communicant Linky fait l'objet de questions et d'inquiétudes récurrentes. Tour d'horizon au moment où la Cnil vient d'épingler EDF et Engie sur leur gestion des données personnelles collectées par le compteur.

A quoi Linky sert-il?

Avec ces appareils, la consommation est mesurée et transmise directement au fournisseur d'électricité, permettant une facturation plus précise et ne nécessitant plus le passage d'un technicien pour relever le compteur.

Le compteur de nouvelle génération peut aussi recevoir des ordres à distance, par exemple pour une mise en service ou un changement de puissance.

Il peut aussi permettre un suivi de sa consommation d'électricité sur internet et donc d'ajuster ses habitudes pour consommer moins.

A terme il doit permettre le pilotage des recharges des véhicules électriques ou encore le développement de l'autoconsommation (la consommation de sa propre électricité, produite notamment par le solaire).

Respecte-t-il la vie privée?

Le gestionnaire du réseau d'électricité collecte par défaut les données de consommation journalières (consommation globale du foyer sur une journée).

Les données de consommation fines (horaires et/ou à la demi-heure) ne peuvent être collectées "qu'avec l'accord de l'usager" ou de manière ponctuelle pour des "missions de service public". De plus, le consentement de l'abonné doit être "libre, spécifique, éclairé et univoque", conformément au Règlement général européen sur la protection des données (RGPD), entré en vigueur en mai 2018.

La Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil), qui veille au respect de ces règles, vient de mettre en demeure EDF et Engie, estimant notamment qu'ils ne recueillaient pas correctement le consentement des utilisateurs.

Le gendarme des données personnelles avait également lancé en 2018 une procédure contre le fournisseur Direct Energie pour le même motif. La société s'était ensuite mise en règle.

Est-il dangereux pour la santé?

L'agence nationale des fréquences (ANFR) a mené des études sur l'exposition aux ondes. Elle conclut que "la transmission des signaux CPL (c'est-à-dire grâce aux courants porteurs en ligne) utilisés par le Linky ne conduit pas à une augmentation significative du niveau de champ électromagnétique ambiant".

L'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a pour sa part jugé en décembre 2016 "très faible" la probabilité que ces compteurs puissent avoir des effets nocifs. En 2017, à la suite de nouvelles mesures, elle n'avait pas changé ses conclusions.

Pourtant, en juillet 2019, par exemple, le tribunal de grande instance de Tours a demandé le retrait pour raisons médicales du compteur Linky chez 13 particuliers qui l'avaient saisi.

Comme d'autres avant lui, ce jugement montre que deux logiques distinctes cohabitent: la logique juridique et la logique scientifique. En clair, le fait que le tribunal demande le retrait de Linky ne veut pas dire qu'un supposé danger du compteur soit prouvé du point de vue scientifique.

Combien ça coûte?

Le déploiement des compteurs électriques communicants coûte au total près de 5,7 milliards d'euros, dont 5,4 milliards pour le Linky d'Enedis (le reste concerne les entreprises locales de distribution implantées sur 5% du territoire).

La pose de l'appareil chez les particuliers n'est pas facturée. Enedis avance les coûts puis doit se rembourser avec intérêts sur les économies réalisées à terme.

La Cour des comptes avait critiqué en 2018 des gains "insuffisants" pour les consommateurs et des conditions de rémunération d'Enedis trop "généreuses".

Peut-on s'opposer à sa pose?

Le déploiement de Linky (comme des compteurs intelligents de gaz Gazpaz) est prévu par la loi de Transition énergétique pour la croissance verte de 2015.

"En s'opposant à la pose des compteurs Linky, vous prenez le risque de vous opposer à l'exécution d'une mission de service public", met en garde l'UFC-Que Choisir, pourtant critique sur l'appareil.

En outre le compteur d'électricité appartient aux collectivités locales et non au particulier.

Toutefois la justice a été saisie à de nombreuses reprises par des personnes qui ne veulent pas du compteur, et elle leur a parfois donné raison.

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