45e édition de la Fiac à Paris : un marché prospère et inégalitaire

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Par Jean-Louis DE LA VAISSIERE - Paris (AFP)
Publié le 17 octobre 2018 - 10:34
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Projection d'une vidéo de Claude Closky sur la façade du Grand Palais à Paris, le 16 octobre 2018
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© Thomas SAMSON / AFP
Projection d'une vidéo de Claude Closky sur la façade du Grand Palais à Paris, le 16 octobre 2018
© Thomas SAMSON / AFP

Le marché de l'art, défié par la récente provocation de Banksy, reste florissant mais dominé par les grandes galeries au détriment des petites et moyennes, au moment où s'ouvre la 45e édition de la Foire internationale d'art contemporain (Fiac) à Paris.

Art moderne, art contemporain ou design: ce rendez-vous du marché artistique français, européen et mondial, accueille de jeudi à dimanche 195 galeries de 27 pays, de l'Amérique à la Chine, au Japon et à la Corée, dont 18 nouvelles venues.

Parmi elles, 57 galeries françaises. Cinq galeries représenteront les nouvelles tendances du design, présent depuis 2004 à la FIAC.

La présence asiatique croît toujours inexorablement: Corée du Sud, Japon et Chine notamment, qui sera représentée par cinq galeries contre deux l'an dernier.

- Les Américains nombreux -

L'événement s'ouvre plus de deux semaines après l'autodestruction d'une oeuvre de Banksy acquise pour plus d'un million d'euros chez Sotheby's à Londres. Ce pied de nez spectaculaire et ironique au marché de l'art, instaure un climat particulier, sans pour autant le mettre en danger, selon les experts du secteur.

Trois sérigraphies et un objet de Banksy seront d'ailleurs exposés à la Fiac. Comme le paradoxe vivant d'un art de la révolte coté au plus haut.

La Fiac reste l'une des trois foires annuelles qui comptent avec Art Basel et la FRIEZE de Londres. Elle a la réputation d'être la plus ouverte, mais reste pourtant inaccessible à nombre de jeunes artistes français qui déplorent une trop grande présence étrangère et américaine. Une présence américaine saluée par la directrice de la Fiac, Jennifer Flay, qui observe un retour de la confiance après les attentats de 2015.

Cette situation contribue à l'existence de nombreuses foires "off", au succès croissant à Paris et sa banlieue: Art Elysées, Paris internationale, Outsider Art Fair, YIA (ex-Young international Art fair), Asia Now...

D'autant que, sous les verrières du Grand Palais, l'entrée n'est pas accessible à tous: 38 euros, une hausse de 52 %. L'an dernier, la Fiac avait enregistré 75.000 entrées.

Comme dans le passé, l'événement va s'étendre à travers Paris avec ses stands, ses installations, ses architectures éphémères dans le cadre de la "Fiac hors les murs". Et ce jusque sur la place de la Concorde et la place Vendôme, envahie par des étoiles de mer, en protestation contre le réchauffement climatique (installation des Danois Elmgreen et Dragset).

- Politique tarifaire -

Pour soutenir les petites galeries, la Fiac a néanmoins modifié sa politique tarifaire. Pour les stands de petite surface, le tarif a baissé de 5% au m2, et pour les plus grands stands, le tarif a augmenté de 2,2% en moyenne.

Dix exposants (parmi plus de cent candidats), retenus par un jury, seront eux accueillis dans "le secteur Lafayette". Ces petites galeries, dont l'une vient de Calcutta depuis trois ans, bénéficient d'une tarification spéciale mise en place par le groupe Galeries Lafayette, qui prend en charge 50% du coût de leur stand, la FIAC prenant en charge le coût de l'hébergement.

Une adaptation toutefois insuffisante pour inverser la crise des petites galeries, qui peinent à vendre et ferment souvent leurs portes, alors que les plus grosses transactions sont réservées aux plus grandes galeries représentées sous la Nef du Grand Palais. Une sélection par la puissance financière à laquelle principalement les Anglo-Saxons répondent (20% des exposants sont nord-américains), selon des experts.

Président d'Artprice et expert du marché de l'art contemporain, Thierry Ehrmann invite ainsi la Fiac à "desserrer cet étau élitiste et anglo-saxon pour ouvrir sa porte aux jeunes talents français".

"La Fiac, c'est le totem annuel auquel toutes les galeries française se préparent. Une Fiac réussie peut sauver des milliers d'emplois. Une mauvaise édition peut être un coup fatal", dit-il.

Vivier de jeunes talents, le "secteur Lafayette" est une destination désormais obligée pour un certain nombre de collectionneurs et de professionnels des musées, qui y passent beaucoup de temps à observer les nouvelles tendances.

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