28 ans de prison pour l'assaillant au marteau de Notre-Dame qui n'a aucun regret

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Par Emmanuel DUPARCQ - Paris (AFP)
Publié le 14 octobre 2020 - 16:28
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Des policiers déployés devant Notre-Dame après une attaque au marteau par un assaillant jihadiste, le 6 juin 2017 à Paris
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© bertrand GUAY / AFP/Archives
Des policiers déployés devant Notre-Dame après une attaque au marteau par un assaillant jihadiste, le 6 juin 2017 à Paris
© bertrand GUAY / AFP/Archives

Il n'a aucun regret et "le sentiment du devoir accompli" pour ses "frères musulmans": Farid Ikken a été condamné mercredi à 28 ans de prison pour avoir attaqué des policiers au marteau devant Notre-Dame en juin 2017 après avoir prêté allégeance à l'Etat islamique.

La cour d'assises spéciale de Paris a suivi les réquisitions maximales de l'avocate générale, qui avait appelé à punir sévèrement l'ancien étudiant algérien de 43 ans, devenu selon elle un dangereux "extrémiste" enfermé dans un seul horizon: "le jihad".

Condamné notamment pour tentatives d'homicides sur plusieurs policiers et participation à une entreprise terroriste, Farid Ikken a écopé en plus d'une interdiction définitive du territoire français, et devrait être expulsé en Algérie après avoir purgé sa peine. Il ne sera donc en principe plus jamais libre en France.

Ouvert lundi, ce procès s'annonçait singulier au regard de la personnalité de l'accusé: un étudiant polyglotte, doctorant en France après avoir été diplômé en Algérie et en Suède, qui a soudainement basculé dans la violence jihadiste, stupéfiant tous ses proches qui le décrivaient comme doux, avenant, ouvert et démocrate.

Il l'est devenu encore plus mardi, lorsque l'accusé, silhouette chétive, barbe fournie et cheveux frisés en bataille, n'a exprimé ni excuses, ni regrets, ajoutant avoir toujours la "satisfaction du devoir accompli", sous le regard médusé des deux policiers attaqués présents à l'audience.

Il a également réaffirmé son adhésion entière au groupe Etat islamique (EI) et à son ancien chef Abou Bakr al-Baghdadi, un "homme intègre" et "un modèle". Et refusé de condamner les attentats de Mohammed Merah, Amédy Coulibaly et des frères Kouachi, qu'il considère comme des "moudjahidines (combattants de l'islam, ndlr) martyrs".

Ces propos ont interpellé la cour, et visiblement pesé dans le verdict.

Le 6 juin 2017 à 16h19, Farid Ikken avait bondi sur un groupe de trois policiers, frappant l'un d'eux avec un marteau en criant "C'est pour la Syrie!". Après avoir blessé le premier, il était resté menaçant, et avait été neutralisé par deux tirs de pistolet.

Dans ses affaires, les enquêteurs ont retrouvé du matériel de propagande jihadiste en nombre et une vidéo enregistrée juste avant l'attaque où il prête allégeance à l'EI.

- "L'esprit tranquille" -

Farid Ikken nie toute volonté de tuer, affirmant avoir voulu blesser dans un "acte de résistance politique" destiné à "attirer l'attention de l'opinion publique française" sur les "milliers de musulmans tués à l'époque en Irak et Syrie par l'armée française" dans ses frappes contre l'EI au sein de la coalition occidentale.

Ces bombardements occidentaux massifs qui ont, pour la seule bataille de Mossoul (Irak) en 2016-2017, citée en exemple par l'accusé, fait plus de 10.000 morts parmi les civils, d'après les enquêtes de plusieurs médias occidentaux et ONG.

Mardi, Farid Ikken avait plusieurs fois tenté de porter le débat sur les "massacres de l'armée française" et sur le "malaise" qu'ils nourrissent selon lui chez les musulmans de France. A chaque fois, le président a vite recadré les débats sur l'attaque.

Pour l'avocate générale, si le policier visé n'a été que légèrement blessé, "c'est uniquement parce que sa collègue a crié et qu'il a replié la tête par réflexe" alors que le coup de marteau, violent et à deux mains, se dirigeait vers le milieu de son crâne.

"Justice a été rendue", a estimé auprès de l'AFP le policier blessé après l'énoncé du verdict. "Il était important que l'intention de tuer, qui ne faisait aucun doute, soit reconnue. Maintenant, on a l'esprit tranquille".

A propos de Farid Ikken, l'avocate générale avait décrit un homme qui n'avait jamais réussi à se fixer professionnellement ni personnellement, restant un éternel étudiant précaire, "frustré" et de plus en plus solitaire.

Des "échecs" qui l'ont conduit à "s'enfermer dans l'idéologie jihadiste", jusqu'à cette année 2017 où, étudiant à Paris, il s'est abreuvé de propagande et de sanglantes vidéos de victimes des bombardements en Syrie et Irak.

L'accusé, qui en prison ne communique avec personne et se reclut dans la prière et la lecture, avait récusé ses avocats et n'a pas souhaité s'exprimer mercredi. La veille, il avait expliqué qu'au moment de passer à l'attaque, il était enfermé dans "un huis-clos psychologique", "bouleversé" par ces vidéos. "Pour moi, cela dépassait tout".

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