Attaque de Rambouillet : Un assaillant radicalisé avec des "troubles de personnalité"

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Par Murielle KASPRZAK - Rambouillet (France) (AFP)
Publié le 25 avril 2021 - 12:45
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Le procureur national antiterroriste Jean-François Ricard à Paris le 21 octobre 2020
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© Thomas SAMSON / AFP/Archives
Le procureur national antiterroriste Jean-François Ricard à Paris le 21 octobre 2020
© Thomas SAMSON / AFP/Archives

L'attaque mortelle d'une agente dans le commissariat de police de Rambouillet a été commise par un Tunisien de 36 ans dont la radicalisation "paraît peu contestable" et qui présentait "certains troubles de personnalité", a indiqué dimanche le procureur antiterroriste.

Plusieurs éléments accréditent la piste du passage à l'acte d'un homme radicalisé en quelques mois depuis l'automne, a révélé devant la presse le procureur national antiterroriste, Jean-François Ricard.

Une "rapide exploitation" de son téléphone a révélé que "l'agresseur avait, immédiatement avant de passer à l'acte, consulté des vidéos de chants religieux glorifiant le martyr et le jihad", a-t-il précisé. "Un Coran" a été saisi dans le scooter à proximité des lieux du crime et "un tapis de prière" dans le cabas qu'il avait avec lui.

Peu avant le drame, une caméra de vidéosurveillance l'a filmé se dirigeant vers "une salle de prière provisoire", sans que les images ne permettent d'affirmer qu'il a pénétré "directement" dans ce local. Il a été vu rejoindre le centre-ville un peu plus d'une heure plus tard.

"Si la radicalisation de l'agresseur parait peu contestable, la présence de certains troubles de personnalité a pu aussi être observée", a relevé M. Ricard, soulignant que cette attaque était "la 17e action terroriste islamiste commise en France depuis 2014 contre les forces de l'ordre".

Pendant sa garde à vue toujours en cours, le père de l'assaillant "a souligné que son fils avait adopté une pratique rigoureuse de l'islam" et "mentionné des troubles de comportement qu'il avait pu remarquer chez son fils en début d'année", selon le procureur.

Jamel Gorchene avait "sollicité une consultation psychiatrique" au centre hospitalier de Rambouillet le 19 février, puis eu un nouveau rendez-vous le 23 février. Cependant "il semble que son état n'a nécessité ni hospitalisation ni traitement", a relevé M. Ricard.

A 14H25, vendredi, alors que Stéphanie M. - agente administrative sans arme ni uniforme - regagnait le commissariat après avoir régularisé le disque de stationnement de son véhicule, Jamel Gorchene, "écouteurs sur les oreilles", s'est "engouffré derrière elle dans le sas" d'entrée. Il lui a alors porté deux coups de couteau "à l'abdomen et à la gorge", avec "une lame de 22 cm, a relaté M. Ricard. Selon des témoins, l'assaillant a crié "Allah Akbar".

En riposte, un brigadier de police "a fait feu une première fois vers l'agresseur" qui refusait "de lâcher le couteau", conduisant le policier à effectuer "un second tir". L'assaillant tombé au sol a pu lancer "son couteau en direction des policiers", selon le procureur.

- Cinquième garde à vue -

Une cinquième personne a été placée en garde à vue dimanche. Il s'agit d'un cousin de Jamel Gorchene.

Son père qui habitait avec lui à Rambouillet, un couple habitant dans le Val-de-Marne qui le domiciliait administrativement et un autre cousin étaient déjà en garde à vue depuis vendredi et samedi.

La Tunisie, dont la France sollicite la collaboration dans cette enquête, a condamné "énergiquement" l'attaque, dans un communiqué de son ambassade transmis dimanche à l'AFP. Elle dénonce un "acte barbare (intervenant) en plein mois de Ramadan, mois saint qui incarne plutôt les valeurs de la tolérance et de la fraternité entre les individus".

L'assaillant, chauffeur-livreur, était dépourvu de casier judiciaire et inconnu des services de renseignement et de la justice. Mais son mode opératoire correspond aux appels récurrents du groupe Etat islamique (EI) à s'attaquer aux forces de l'ordre.

Il "n'avait pas été porteur de menaces, on n'avait pas détecté de signes de radicalisation", avait souligné samedi sur BFMTV le coordonnateur national du renseignement Laurent Nuñez.

M. Nuñez a précisé qu'il devenait "très compliqué (...) de détecter ce genre de profil" commun aux "huit attaques" terroristes commises en France depuis la tuerie de la préfecture de police de Paris en octobre 2019.

- Cérémonie "sobre" -

Originaire de Msaken, sur la côte est de la Tunisie, Jamel Gorchene était arrivé clandestinement en France en 2009 et avait été régularisé dix ans plus tard. Il avait obtenu en décembre dernier un titre de séjour valable un an.

Récemment, il était revenu pour un séjour en Tunisie pour la première fois depuis son départ pour la France, selon sa famille. Un cousin et une cousine, rencontrés par l'AFP, l'ont décrit comme "dépressif".

Le Premier ministre Jean Castex a réuni samedi à Matignon les services et les ministres concernés (Intérieur, Justice, Armées).

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin doit présenter mercredi en Conseil des ministres un projet de loi, en préparation depuis plusieurs semaines, pour renforcer la lutte contre le terrorisme.

Le président Emmanuel Macron s'était rendu samedi dans les Yvelines pour soutenir la famille de la victime.

Stéphanie M., employée au secrétariat du commissariat, qui travaillait à Rambouillet depuis 28 ans, était la mère de deux filles de 13 et 18 ans et l'épouse d'un boulanger d'une commune voisine.

Un hommage lui sera rendu lundi à 17H30 devant l'hôtel de ville, a annoncé la mairie de Rambouillet.

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