Au dernier jour du procès Sarkozy, la défense fustige le "dossier du soupçon, envers et contre tout"

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Par Anne LEC'HVIEN - Paris (AFP)
Publié le 10 décembre 2020 - 23:13
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L'avocat Thierry Herzog arrive au tribunal de Paris, au dernier jour du procès de l'ancien président Nicolas Sarkozy, le 10 décembre 2020
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© Bertrand GUAY / AFP
L'avocat Thierry Herzog arrive au tribunal de Paris, au dernier jour du procès de l'ancien président Nicolas Sarkozy, le 10 décembre 2020
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"Le dossier du soupçon, envers et contre tout": au dernier jour du procès à Paris de l'ancien président Nicolas Sarkozy, la défense de ses coprévenus, son avocat Thierry Herzog et l'ancien magistrat Gilbert Azibert, a plaidé la relaxe jeudi.

Pendant sept heures, les avocats des deux hommes ont tiré le fil esquissé la veille par le conseil de l'ex-chef d'Etat, fustigeant les "fantasmes" et les "hypothèses" de l'accusation dans ce dossier de corruption et trafic d'influence.

Invité à dire quelques mots avant la levée de l'audience, Nicolas Sarkozy a parlé d'un "chemin de croix", répétant avoir "dit la vérité". "J'ai encore confiance en la justice de notre pays", a-t-il ajouté, avant que le tribunal ne mette sa décision en délibéré au 1er mars 2021.

Le parquet national financier (PNF) a requis à son encontre quatre ans de prison, dont deux ferme, demandant la même peine pour Gilbert Azibert et Thierry Herzog avec, pour ce dernier, cinq ans d'interdiction professionnelle.

Soit "une peine de mort sociale pour Gilbert Azibert, une peine de mort professionnelle pour Thierry Herzog et une peine de mort politique pour Nicolas Sarkozy", a estimé Me Dominique Allegrini.

L'avocat de Gilbert Azibert a dépeint un "intellectuel du droit" qui n'a fait qu'"expliquer le fonctionnement de la Cour de cassation" à son "ami" Thierry Herzog, sans "violer aucune règle".

- "procès d'intentions" -

Selon l'accusation, cet ancien magistrat de 73 ans a transmis, en 2014, des informations confidentielles à Me Herzog, au sujet d'un pourvoi de Nicolas Sarkozy dans l'affaire Bettencourt, alors en cours d'examen à la Cour de cassation.

Celui qui était à l'époque avocat général dans une autre chambre de la plus haute juridiction judiciaire a aussi, selon les procureurs financiers, tenté de peser sur la décision, en échange d'un soutien de la part de l'ancien président pour un poste à Monaco.

Les magistrats ont "tous" déclaré que M. Azibert ne les avait pas sollicités, a souligné Me Allegrini, ridiculisant l'hypothèse du "virus Azibert" qui aurait "contaminé" ses collègues. Et il n'y a pas de "contrepartie" car "il n'a pas candidaté au Conseil d'Etat à Monaco", a-t-il ajouté.

Décrivant une instruction qui a accouché d'un "Frankenstein juridique", il a raillé une "accusation remplie de vent" contre laquelle la défense se retrouve dans le rôle de "Don Quichotte".

Un dossier "fait d'approximations, de soupçons, d'hypothèses et de procès d'intentions", "plein de fantasmes mais vide de preuves", a enfoncé Me Paul-Albert Iweins, l'un des avocats de Thierry Herzog.

Au coeur du dossier se trouvent des conversations entre Me Herzog, avocat historique de Nicolas Sarkozy, et son client, interceptées sur une ligne officieuse ouverte au nom de "Paul Bismuth".

Une ligne secrète qui ne présume pourtant pas d'une infraction, a affirmé Me Iweins, insistant sur le risque "d'écoutes sauvages" pour un ancien locataire de l'Elysée.

A défaut d'un "pacte de corruption" entre les trois hommes, "il y a deux démarches d'amitié parallèles mais sans le moindre lien de causalité entre elles".

- "vide sidéral" -

Et faute de preuve, "le parquet nous invite à rechercher ce qu'il y a dans la tête des prévenus, leurs intentions secrètes. C'est une conception dangereuse, inspirée par un sentiment de toute puissance", a-t-il tancé. "Ce dossier, c'est le dossier du soupçon, maintenu envers et contre tout".

Un "soupçon" qui a conduit, dès l'origine, la justice à mener des écoutes "lamentables, qui ne devraient pas être sur votre bureau", a lancé Hervé Témime, autre avocat de Me Herzog, en direction de la présidente de la 32e chambre correctionnelle.

"Illégales", elles doivent être écartées d'un bloc au nom du secret des échanges entre un avocat et son client, "socle de la défense", a-t-il longuement plaidé.

"Où sont les preuves ?" a-t-il finalement tonné, pointant le "vide sidéral" du dossier. "Il n'y a que des éléments à décharge, à part le contenu d'écoutes téléphoniques dont l'interprétation est trop fragile, trop aléatoire".

"Si vous maniez simplement, naturellement, les règles de droit d'une bonne justice, qui sont vos outils quotidiens, vous relaxerez sans aucune hésitation. Et ce sera juste", a-t-il conclu.

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