"Carnets de profs" : en collège, la vocation malgré tout

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Par AFP - Nanterre
Publié le 10 décembre 2020 - 11:20
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Rentrée 2020 dans un collège parisien. Depuis des années, de nombreux profs le disent: ils sont "en première ligne". Quatre enseignants de collège public ont accepté de confier, chaque semaine, leur e
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© Thomas SAMSON / AFP/Archives
Rentrée 2020 dans un collège parisien. Depuis des années, de nombreux profs le disent: ils sont "en première ligne". Quatre enseignants de collège public ont accepté de confier, ch
© Thomas SAMSON / AFP/Archives

Depuis des années, de nombreux profs le disent: ils sont "en première ligne". En première ligne et parfois démunis, dans leur salle de classe, pour assurer leur mission. Pourtant, ils continuent.

Pour cette cinquième édition des "Carnets de profs", trois enseignants font part à l'AFP de leur vocation tenace, malgré des conditions d'enseignement compliquées par l'épidémie de coronavirus ou des désaccords avec leur hiérarchie.

- "Jamais pensé à faire autre chose" -

Philippe, 54 ans, enseigne l'histoire-géographie dans un village du Puy-de-Dôme:

"Je n'ai jamais pensé à faire autre chose. Bien sûr, certaines politiques ministérielles m'ont déplu mais finalement, dans un établissement, l'enseignant est assez loin de tout cela, déjà par la liberté pédagogique.

Il y a eu aussi des directions d'établissement qui ont causé des crispations: la cohésion des enseignants, d'autres adultes de la vie scolaire et des personnels administratifs aident à passer ces moments. Et puis, un chef d'établissement ne reste que quelques années alors que l'enseignant dure plus longtemps.

Il y a plus de vingt ans, j'ai eu une adolescente pendant deux années qui n'avait pas de grandes facilités; par mes collègues, elle était même considérée comme fragile. Finalement, à force de persévérance et d'une ambition positive, cette adolescente a non seulement fait ses années collège en quatre ans (mais est aussi) passée en lycée général. Puis elle est allée à l'université, a passé le Capes, et désormais elle enseigne !

J'ai eu une situation similaire il y a quelques années avec une autre adolescente que j'ai suivie trois ans. Quand j'apprends ce genre de destin, je suis content.

En devenant enseignant, je voulais transmettre un savoir à mes élèves. Aujourd'hui, je cherche plutôt à donner des outils de compréhension et l'envie d'en savoir plus, éveiller la curiosité: mes élèves ont un accès facile aux connaissances en utilisant Internet, sauf qu'il faut savoir où et comment chercher, trier l'information, se poser des questions."

- "Une période de doutes" -

Céline, 45 ans, professeure d'histoire-géographie dans un collège d'une ville moyenne du Haut-Rhin:

"J'ai voulu devenir enseignante avec l'idée de transmettre des connaissances, des valeurs. Je suis toujours très heureuse, mais l'an dernier j'ai eu une période où j'ai eu des doutes, où je me suis même posé des questions sur le fait de continuer.

C'est un métier magnifique, mais parfois fatigant, dans lequel on n'a pas la reconnaissance qu'on mériterait. Beaucoup de choses nous pompent inutilement de l'énergie. C'est dommage qu'on soit géré de cette façon.

Beaucoup de profs ressentent de la déception, se sentent méprisés même, par des consignes qui viennent de très haut, des injonctions contradictoires. Une perte de sens, ça je l'entends beaucoup en salle des profs.

Maintenant, ça va mieux au niveau personnel, mais je vois parmi mes collègues au collège plus de questionnements, de souffrance au travail que lorsque j'ai commencé.

Mais quand j'entends que d'anciens élèves sont heureux dans leur vie, quel que soit le métier choisi, c'est le principal."

- "La fierté d'avoir progressé" -

Camille, 39 ans, enseigne l'histoire-géographie dans un collège classé REP+ d'une petite ville des Yvelines:

"Expliquer et réexpliquer les événements qui font que nous en sommes là aujourd'hui, déconstruire les représentations, développer leur tolérance me motivent chaque année.

J'ai aimé l'idée de ne pas choisir mes élèves et d'aller travailler là où on avait besoin de moi. Le métier d'enseignant nécessite d'adapter sa pédagogie à ses élèves et de rivaliser d'ingéniosité pour rendre son cours attractif. Cette créativité est un véritable moteur.

Je travaille particulièrement l'écriture dans mes classes.

Un des exercices que je demande aux élèves est d'écrire leur propre trace écrite du cours, que je vérifie bien entendu. Cet exercice me permet de vérifier s'ils ont vraiment compris le cours et facilite l'apprentissage de la leçon pour les élèves.

Chaque élève a donc sa propre fiche d'objectifs à remplir en fonction de son aisance à écrire ou non. Les élèves sont souvent réticents au départ, mais ils n'ont pas le choix. Progressivement, chacun gagne en autonomie et quand je lis dans les yeux de mes élèves la fierté d'avoir progressé, là oui, je me dis que j'ai rempli ma mission !"

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