Disparition d'Estelle Mouzin : un emploi du temps au coeur du processus de fouilles

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Par Thomas BERNARDI avec Renaud LAVERGNE - Issancourt-et-Rumel (France) (AFP)
Publié le 28 avril 2021 - 21:57
Mis à jour le 29 avril 2021 - 13:30
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L'ex-femme du tueur Michel Fourniret, Monique Olivier (C - sweat gris), s'entretient avec les enquêteurs lors de l'opération de recherche des restes d'Estelle Mouzin, dans le bois d'Issancourt-et-Rume
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© Thomas BERNARDI / AFP
L'ex-femme du tueur Michel Fourniret, Monique Olivier (C - sweat gris), s'entretient avec les enquêteurs lors de l'opération de recherche des restes d'Estelle Mouzin, dans le bois
© Thomas BERNARDI / AFP

Quel fut précisément l'emploi du temps de Michel Fourniret le 11 janvier 2003? De la réponse à cette question pourrait dépendre l'issue des recherches des restes d'Estelle Mouzin, victime présumée du tueur en série, après trois jours de fouilles infructueuses dans les Ardennes.

La question est posée inlassablement par les enquêteurs à l'ex-épouse et complice de Fourniret, Monique Olivier, menée dans le bois communal d'Issancourt-et-Rumel (Ardennes), et qui guide depuis lundi les nouvelles recherches du corps de la fillette.

"Si Michel Fourniret est resté deux ou trois heures sur place pour faire un trou, ce n'est pas pareil que s’il est resté dix minutes, donc l’emploi du temps est très important à déterminer", a résumé son avocat, Me Richard Delgenes, confirmant que l'opération n'avait toujours pas "permis de trouver le corps" d'Estelle Mouzin, disparue à neuf ans en 2003.

Plusieurs fois dans la journée, Monique Olivier a arpenté, s'arrêtant ici ou là, le chemin au bord duquel elle affirme avoir laissé son ex-mari ce samedi de 2003 pour qu'il fasse disparaître le corps d'Estelle.

Elle était accompagnée de la juge d'instruction Sabine Kheris auprès de laquelle elle a avoué pour la première fois le 1er avril son implication dans la séquestration de l'enfant, enlevée alors qu'elle se rendait à l'école à Guermantes (Seine-et-Marne).

- Remise en situation -

Déjà condamnée en 2008 à la perpétuité assortie d'une peine de sûreté de 28 ans pour complicité dans quatre des meurtres de son ex-mari, Monique Olivier "ferme les yeux, réfléchit, se remet en situation", décrit son avocat.

"On refait l’emploi du temps, le matin. On reprend quand on est allé dans l’hypermarché à côté, minute par minute. Des fois ça bloque, des fois ça revient. Elle est dans cet état d’esprit-là. (...) C’est très, très long", détaille-t-il encore.

Sans exclure que "si le corps n’a pas été enterré suffisamment profond", il soit possible "qu’on ne retrouve rien malheureusement".

En attendant, le site de fouilles, initialement déboisé en contre-bas du chemin, a déjà été partiellement remis à niveau par les pelleteuses. Une dépression, désignée par un voisin en bordure de la zone, a elle aussi été examinée.

Dans quelle direction aller désormais? Faut-il par exemple viser "10 m plus haut" que la zone initialement signalée, s'interroge Me Delgenes. "C'est compliqué", souffle-t-il. D'autant "qu'on n’a pas de repères sur un modus operandi ou cérémonial particulier" de Fourniret pour faire disparaître ses victimes.

"Tantôt il les abandonne dans un bois, tantôt dans un trou", c'est "très compliqué d’essayer de savoir comment il a pu penser", synthétise l'avocat.

- "Tristesse" -

Monique Olivier en tout cas, "n’a pas de barrière en disant +si je dis quelque chose, ça se retournera contre moi+, on a dépassé ce stade-là", assure-t-il, "elle est dans un état d’esprit où elle participe".

De quoi justifier que "les fouilles se poursuivent encore deux jours", car "on est assez persuadé que le corps se situe dans le bois".

La commune est située à 4 km de Ville-sur-Lumes, où, selon Monique Olivier, Fourniret a séquestré, violé et tué Estelle, dans une maison de sa sœur, en plein dans le "périmètre" du tueur en série, avait rappelé mardi l'avocat de la famille Mouzin, Me Didier Seban.

Une zone où les habitants, comme Régine Dardard, 63 ans, disent leur "tristesse, de la tristesse pour les parents".

"Ça fait 18 ans que ça dure, à un moment il faut que ça s'arrête", souligne Mme Dardard, qui ne peut s'empêcher de penser "quand-même qu'il se promenait dans le village alors qu'il y avait des enfants toujours dehors".

Fourniret, 78 ans, condamné à la perpétuité incompressible pour les meurtres de sept jeunes femmes ou adolescentes entre 1987 et 2001, avait fini par avouer en mars 2020 sa responsabilité dans la disparition d'Estelle Mouzin, après avoir été mis en cause par Monique Olivier.

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