Force ouvrière en congrès à Lille pour tourner la page Mailly

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Par Déborah CLAUDE, Julia PAVESI - Lille (AFP)
Publié le 23 avril 2018 - 06:00
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Force Ouvrière s'apprête à tourner la page Mailly lors de son congrès de Lille qui s'est ouvert lundi. Très contesté ces derniers mois en interne, l'actuel secrétaire général du syndicat a justifié ses choix avant de passer la main en fin de semaine à Pascal Pavageau.

Applaudi en fin de discours par les quelque 3.500 congressistes, M. Mailly a passé en revue "les sujets de mécontentement nombreux" de l'actualité économique et sociale, évoquant "une colère sourde" dans le pays. Il a aussi justifié sa position sur les ordonnances travail d'Emmanuel Macron.

"Notre comportement a été le plus efficace possible dans un contexte donné, la meilleure tactique à adopter", a-t-il assuré pendant sa prise de parole de plus d'une heure en ouverture, suscitant quelques sifflets et huées. "Nous avons fait bouger les lignes (...) et nous n'avons pas été entendus sur d'autres points."

"Tout le travail a été fait avec l'unanimité du bureau confédéral", a-t-il rappelé.

La suite du congrès, qui doit se clore vendredi, pourrait être plus mouvementée M. Mailly doit reprendre la parole jeudi après les interventions de militants, qui risquent de revenir sur l'épisode des ordonnances travail.

Une partie des troupes FO ont en effet jugé trop conciliantes les positions de Jean-Claude Mailly sur les ordonnances Macron réformant le droit du travail, alors que FO avait défilé aux côtés de la CGT pour s'opposer à la loi El-Khomri un an plus tôt.

Jean-Claude Mailly a accepté la concertation avec le gouvernement et refusé de descendre dans la rue. Ce qui n'a pas empêché certaines fédérations -- par ailleurs très autonomes -- de manifester aux côtés de la CGT cet automne.

"Je n'ai pas compris pourquoi tu ne t'étais pas opposé plus fortement aux ordonnances", lui a lancé la maire socialiste de Lille Martine Aubry, invitée et largement applaudie, tout en saluant une "grande amitié depuis 1981" avec M. Mailly, né à Béthune (Nord).

Xavier Bertrand, ex-ministre du Travail UMP et désormais président du conseil régional des Hauts-de-France, était également présent, des invitations rarissimes.

L’élection du nouveau secrétaire général, par le parlement du syndicat (comité confédéral national, CNN), se déroulera vendredi, journée de clôture.

Outre des prises de parole qui s'annoncent rudes, un des thermomètres du mécontentement sera le vote du rapport d'activité de l'actuel secrétaire général. Son score sera scruté.

"Compte tenu des difficultés de positionnement et de ligne cette année, et c'est un euphémisme, les militants attendent clairement une ligne", explique Pascal Pavageau, seul candidat à la succession, après 14 ans de mandat de M. Mailly.

- Faire contrepoids à "Jupiter" -

Pascal Pavageau, un ingénieur en travaux publics de 49 ans est en piste depuis 2011. Il pronostique un congrès "hard rock", clin d'oeil appuyé au style de musique qu'il affectionne.

S'affichant comme plus "direct" face à un exécutif qui est "une bête de com'", il a déjà commencé à sortir le bazooka. Et s'en prend à un Macron "Jupiter" qui ne supporte pas "les contrepoids" que sont notamment les syndicats. "Contrairement à ce que pense Jupiter le monde n'a pas démarré en 2017", cingle-t-il.

Il se présente en pacificateur, candidat "de la base", l'indépendance en bandoulière, "sans carte au PS" en particulier pour se démarquer de son prédécesseur.

A ses côtés, une jeune garde, soit six nouvelles têtes sur 13, qui vont faire leur entrée au bureau confédéral. Il promet de rajeunir et de féminiser le syndicat, voulant même "faire sauter le plafond de verre" dans un paysage ultra-masculin.

Il a aussi précisé qu'il "ne valide pas le chiffre de 500.000" adhérents inchangé depuis 2011 et devrait faire les comptes pour annoncer un chiffre "au plus tard à la fin de l'année".

FO, qui a récemment fêté ses 70 ans, est le troisième syndicat en termes d'audience et a du chemin à rattraper concernant son implantation dans les entreprises. Il est en revanche premier dans la fonction publique d'État dont est issu M. Pavageau.

A 65 ans, Jean-Claude Mailly quittera, lui, la scène nationale et a récemment déclaré qu'il allait "prendre un mandat" au Comité économique et social européen.

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