Prescription et insuffisance de preuves : l'enquête pour viols visant PPDA classée sans suite

Auteur:
 
Par Clara WRIGHT, Alice LEFEBVRE - Nanterre (AFP)
Publié le 25 juin 2021 - 15:06
Mis à jour le 26 juin 2021 - 03:50
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L'ancienne présentatrice de journaux télévisés Hélène Devynck, le22 juin 20211 à Paris
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© STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
L'ancienne présentatrice de journaux télévisés Hélène Devynck, le22 juin 20211 à Paris
© STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Après quatre mois d'investigation, huit plaintes et les témoignages de 23 femmes, le parquet de Nanterre a annoncé vendredi avoir classé sans suite l'enquête pour viols visant l'ex-présentateur du journal télévisé de TF1, Patrick Poivre d'Arvor, pour cause de "prescription" ou d'"insuffisance de preuves".

L'enquête pour viols avait été ouverte en février, à la suite d'un dépôt de plainte par l'écrivaine Florence Porcel, qui reprochait au journaliste de 73 ans de lui avoir imposé un rapport sexuel non consenti en 2004 et une fellation en 2009.

La procureure de Nanterre Catherine Denis a estimé vendredi dans un communiqué que "ces faits (...) ne peuvent caractériser le crime de viol dans la mesure où aucun élément ne permet de confirmer les propos de l'un ou de l'autre concernant l'existence de cette scène".

Après Florence Porcel, vingt-deux autres femmes ont également témoigné et sept autres plaintes ont été déposées. Parmi elles, trois pour viol et quatre pour agressions sexuelles ou harcèlement sexuel.

Mais la majorité des faits reprochés sont prescrits, a expliqué le parquet, qui avait confié l'enquête à la Brigade de répression de la délinquance aux personnes (BRDP).

Pour ceux non prescrits et dénoncés comme harcèlement sexuel, le parquet a jugé qu'il manquait d'éléments pour constituer cette infraction: "absence de répétition, de pressions, de caractère sexualisé des propos tenus, ou encore de trace des appels téléphoniques", énumère-t-il dans un communiqué.

Devant les enquêteurs, PPDA a "soit contesté l'existence des faits dénoncés par ces 23 femmes, soit en a reconnu la matérialité tout en niant toute contrainte", a aussi précisé le parquet.

Contactés par l'AFP, les avocats de PPDA, Jacqueline Laffont et Philippe Naepels se sont dits "très contents que la vérité ait pu être remise à l'ordre du jour": "Le parquet a souligné l'absence de matérialité des faits et l'absence d'infractions commises par notre client", ont-ils déclaré.

- Nouvelle plainte -

Florence Porcel a annoncé dans un communiqué son intention de porter plainte avec constitution de partie civile, ce qui permettra la désignation quasi-automatique d'un juge d'instruction.

"La décision du parquet de Nanterre n'est qu'une étape de la procédure, elle n'ébranle en rien la détermination de Florence Porcel à voir menées des investigations approfondies par un juge indépendant", ont déclaré ses avocats dans ce communiqué transmis à l'AFP.

Selon Le Parisien, qui a révélé le classement sans suite, "un élément matériel fourni par la défense de PPDA a pesé dans la décision du parquet de Nanterre: l'agenda de Dominique Ambiel, président et fondateur de la société A Prim Group", ami et associé du journaliste, qui a affirmé n'avoir assisté à aucune scène de viol le 29 avril 2009 --le jour indiqué par Florence Porcel-- dans le bureau de PPDA qu'il décrit comme entièrement vitré et donnant sur le sien.

Par ailleurs, toujours selon le journal, la disposition du bureau de PPDA décrite par Florence Porcel ne correspond pas à ce qu'ont pu observer les enquêteurs qui se sont rendus sur place, avec PPDA mais sans la plaignante.

Depuis février, de multiples auditions, notamment de témoins éventuels des faits dénoncés, ou encore des personnes faisant partie de l'environnement professionnel de Patrick Poivre d'Arvor et de Mme Porcel ont été menées.

Niant toutes les accusations, PPDA avait fustigé une "recherche de notoriété" de la part de ses accusatrices, en portant plainte notamment pour dénonciation calomnieuse contre Florence Porcel, qui a écrit un livre fiction s'inspirant de sa version des faits.

Dans un communiqué transmis à l'AFP, les avocats du journaliste ont dénoncé "un stratagème ourdi de longue date dans le but d'assurer, au préjudice de Monsieur Patrick Poivre d'Arvor, la publicité d'un roman".

Mais leur plainte pour dénonciation calomnieuse a également été classée sans suite par le parquet, qui a souligné vendredi "l'absence de démonstration d'une intention de nuire" de la part de Mme Porcel.

Des femmes ayant porté plainte pour des faits prescrits espèrent tout de même une suite à l'affaire, telle l'ancienne présentatrice de journaux télévisés Hélène Devynck, qui accuse PPDA de l'avoir violée quand elle avait 25 ans et qu'elle était son assistante chez TF1.

"Je suis persuadée qu'à un moment ou à un autre, il y aura une victime non prescrite qui se signalera à la police et alors il y aura le poids de tout ce qu'on aura dit avant, tout le dossier ressortira", dit à l'AFP Hélène Devynck, 54 ans, pour laquelle "l'affaire n'est pas finie".

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