Régionales : des votants par devoir, des abstentionnistes déçus de la politique

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Par Gaëlle GEOFFROY avec les bureaux de l'AFP - Paris (AFP)
Publié le 27 juin 2021 - 16:57
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Un bureau de vote à Amilly (Loiret), le 27 juin 2021
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© GUILLAUME SOUVANT / AFP
Un bureau de vote à Amilly (Loiret), le 27 juin 2021
© GUILLAUME SOUVANT / AFP

Des votants par devoir, des abstentionnistes déçus de la politique, et un manque d'information souvent épinglé: paroles d'électeurs rencontrés par l'AFP dimanche pour le second tour des régionales et départementales.

L'abstention record, qui semble se confirmer au deuxième tour, "ça ne peut que nous interroger. Qu'est-ce qui fait qu'on n'arrive pas à intéresser les électeurs ?", souligne la présidente d'un bureau de vote de Strasbourg, Françoise Schaetzel, une élue de 69 ans.

Alors qu'une polémique sur les ratés de l'acheminement des professions de foi des candidats a entaché le premier tour, plusieurs électeurs disent ne pas les avoir reçues non plus pour le second, comme Anne-Françoise, 66 ans et retraitée, pour qui "c'est sûr, ça ne donne pas envie d'aller voter".

"Je viens voter, mais ça ne sert à rien", résume Hugues Hubert, 66 ans, retraité du secteur du transport, maillot de foot sur les épaules, et dont aucun des trois enfants ne se déplacera. "Voter pour les présidentielles, d'accord, mais pour les départementales, on ne sait rien. Que vont faire les candidats ? Aucune idée".

Daniel, un agent d'entretien de 58 ans, dit d'ailleurs avoir "voté au hasard".

- Promesses non tenues -

Dans un autre bureau strasbourgeois, la présidente Marina Lafay déplore "une sorte d'errance de la part de certains électeurs, notamment par rapport aux départementales", pour lesquelles au premier tour "certains découvraient les candidats sur la table".

Pourtant, s'agace Isabelle Courteau, une fonctionnaire de 51 ans "encartée", "aujourd'hui avec internet, si on veut se renseigner, c'est facile!".

"Ne pas voter c'est un déni de démocratie", lance aussi, à Marseille, Thierry, un septuagénaire du Ve arrondissement pour qui toutefois "peut-être que les jeunes ont besoin d'alternative..."

A Lille, dans un bureau de vote du sud de la ville, Josiane Vanoverloop, 82 ans, qui fait elle partie de la "génération habituée à aller voter", a une explication à l'abstention: "Les gens sont en général dégoûtés de la politique: on nous dit toujours on va faire ci ou ça mais une fois élus, ils ne tiennent pas leurs promesses".

"Les gens en ont assez", dit aussi à Dijon Alain Robiaud, un électeur d'un bureau de vote dont un assesseur parle d'"encore moins de participation qu'au premier tour".

"Les anciens ont lutté pour avoir le droit de vote et aujourd’hui les jeunes ne font rien", peste Jean-Claude Berto, retraité de 69 ans.

Dans l’hypercentre de Lyon, même inquiétude. "Les jeunes ne sont pas là", glisse Dylan, agent de sécurité posté à l’entrée du bureau de l’ancien palais de la Bourse.

Mais à Dijon, Quentin Guillon de Princé, 31 ans, a, lui, tenu à voter aux deux tours car il "sait que la région à un certain pouvoir".

- France des "Lumières" -

Pour conjurer l'abstention, Christine, une quadragénaire responsable des ressources humaines, plaide pour "le vote électronique".

Nicolas, un médecin de 57 ans à Strabourg, dit d'ailleurs qu'il voterait "peut-être" si cela était possible "par internet" et si le vote blanc était pris en compte. Mais pour l'heure, il s'abstient, notamment parce que "les politiques ne répondent pas aux questions".

"Si les candidats me parlaient un peu plus, je pourrais voter, peut-être, mais là, je n'arrive pas à m'identifier à une personne et encore moins à un mouvement politique", abonde Pierre Kieffer, 31 ans, auteur illustrateur.

Houssine Sbaï, 53 ans, employé dans l'industrie cosmétique, déplore lui les "amalgames" des débats politiques à la télévision, "sur l'islam, l'immigration". "L'objectif c'est de vivre ensemble, et on a l'impression que les hommes politiques cherchent l'inverse. Quand je vois l'Histoire de la France, les Lumières, on est loin de tout ça", regrette-t-il.

Comme d'autres, Hélène Débotte, une Strasbourgeoise de 31 ans, ne vote pas car elle ne sait "pas pour qui". "Mais j'irai aux présidentielles", car "c'est plus clair, les enjeux, les grandes lignes", et "j'ai plus l'impression de voter pour quelqu'un" d'identifié, "plutôt que pour un groupe de personnes dont je ne sais pas ce qu'elles font".

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