Retraites : une "scène de crime" sur les marches de l'Opéra Garnier

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Par AFP - Paris
Publié le 05 février 2020 - 16:18
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Journée d'action dans la fonction publique à l'appel de la CGT, FAFP, FO, FSU et Solidaires, le 5 février 2020 à l'Opéra de Paris
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© ALAIN JOCARD / AFP
Journée d'action dans la fonction publique à l'appel de la CGT, FAFP, FO, FSU et Solidaires, le 5 février 2020 à l'Opéra de Paris
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Les fonctionnaires de la police scientifique ont mis en scène mercredi une "scène de crime" plus vraie que nature, avec une jambe sanguinolente et des silhouettes de victimes dessinées à la craie sur les marches de l'Opéra Garnier, lors d'une manifestation contre le projet de réforme des retraites.

Eboueurs, égoutiers et fonctionnaires allongés dans des postures dramatiques entendaient attirer l'attention sur la pénibilité de certains métiers de la fonction publique, alors que la réforme prévoit un "âge d'équilibre" qui pourrait être de 65 ans en 2037.

"Un gendarme ou un policier peut partir à 57 ans, car le gouvernement a reconnu la dangerosité de leur métier, tandis que nous, on partirait à 64 ou 65 ans, cherchez l'erreur!", lance Emilie, fonctionnaire de la police scientifique de 30 ans.

"Quand on sort du commissariat, on est identifié comme policier et on peut être une cible comme nos collègues", explique-t-elle. "Il m'est arrivé d'être caillassée dans une cité où j'intervenais pour relever des empreintes après un cambriolage", raconte-t-elle.

Delphine, également de la police scientifique, raconte les "250 heures supplémentaires" accumulées l'année dernière et "payées à des prix bradés". "On est souvent d'astreinte, mobilisables 24h sur 24h", ajoute-t-elle.

Également venus en masse à la manifestation à l'appel des syndicats CGT, FA-FP, FO, FSU et Solidaires de la fonction publique, les égoutiers rappellent leur espérance de vie réduite de 17 ans par rapport à la moyenne. "On respire des gaz, des peintures, des solvants, on est voûtés, à genoux pour travailler, et on voudrait nous faire travailler jusqu'à 62 ans!", s'indigne Christophe, 49 ans. "Actuellement on peut partir dix ans plus tôt, en raison de l'insalubrité du métier, et la réforme nous accorde au mieux deux ans de pénibilité", explique-t-il.

Thomas, éboueur de la Ville de Paris, évoque "les odeurs, les produits toxiques inhalés derrière les bennes" pour défendre un départ anticipé de 5 ans. Il rappelle que les éboueurs ont une espérance de vie diminuée de 7 ans.

Tout près, sur la rue du Quatre-Septembre, les poubelles débordent à la suite de la grève des éboueurs et des trois centres d'incinération parisiens, qui gèrent les ordures de 6 millions de Franciliens.

Sylvie Pitkevicht, prévisionniste et déléguée CGT à Météo France, voudrait obtenir "enfin une reconnaissance de la pénibilité", au titre du travail de nuit. "Il faut pouvoir changer la prévision en cas de changement grave, donner l'alerte... Tout ça n'est pas pris en compte aujourd'hui", souligne-t-elle.

Parmi les quelques centaines de manifestants, Marilyne, auxiliaire de puériculture, déplore "la dégradation des conditions de travail dans les crèches de la ville de Paris". "Ça devient l'usine", dit-elle, "on manque de personnel".

Pour elle, "60 ans c'est l'âge limite pour soulever les bébés, les câliner, avoir une attention de tous les instants". "C'est un vrai travail, très peu considéré parce que féminin. J'adore mon métier mais je ne me vois pas le faire à 65 ans".

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