Catalogne : le gouvernement espagnol poursuit la mise sous tutelle de "la République catalane"

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Par AFP
Publié le 27 octobre 2017 - 17:38
Mis à jour le 28 octobre 2017 - 16:45
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Le président de la Catalogne, Carles Puigdemont, le 15 aoctobre 2017 au cimetière de Montjuic à Barc
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© PAU BARRENA / AFP
Le Parlement catalan, avant un vote sur l'indépendance de la région, le 27 octobre 2017 à Barcelone
© PAU BARRENA / AFP

Madrid poursuivait samedi sa mise sous tutelle de la Catalogne, en prenant les rênes du gouvernement et de la police de la région, au lendemain d'une déclaration d'indépendance sans précédent du parlement régional, largement rejetée en Europe.

A la mi-journée, à Madrid, plusieurs milliers de partisans du maintien de la Catalogne en Espagne ont manifesté dans le centre-ville, brandissant des drapeaux espagnols.

Ce drapeau continuait aussi à flotter aux côtés du drapeau catalan sur le palais du gouvernement régional à Barcelone, où le calme régnait, les badauds ayant remplacé les manifestants indépendantistes de la veille.

Mais la sécurité avait été drastiquement renforcée aux abords de la préfecture, symbole de l'Etat central en Catalogne.

Dès l'aube, le journal officiel a annoncé la destitution du chef de la police catalane, l'emblématique Josep Lluis Trapero, déjà sous le coup d'une enquête pour "sédition".

Le ministère de l'Intérieur prend le contrôle de la police locale, et le chef du gouvernement conservateur Mariano Rajoy devient la première autorité en Catalogne, explique le document. Selon la presse, près de 150 hauts responsables de l'administration catalane seront démis de leurs fonctions.

La gestion quotidienne de la Catalogne est déléguée à la n°2 du gouvernement, Soraya Saenz de Santamaria, qui prend la place de l'indépendantiste Carles Puigdemont, destitué vendredi soir avec son équipe.

Resté silencieux depuis, M. Puigdemont devait s'exprimer à 12H30 GMT.

L'incertitude régnait sur la réponse des dirigeants indépendantistes à leur destitution, alors que le parquet général doit engager la semaine prochaine des poursuites pour "rébellion" contre M. Puigdemont, qui risque la prison.

Cette accusation est une "blague absolue. Le délit de rébellion exige un soulèvement public et violent" pour être constitué, a déclaré à l'AFP l'avocat du dirigeant catalan Jaume Alonso Cuevillas.

La mise sous tutelle de la Catalogne, au titre d'un article de la Constitution jamais utilisé auparavant, a été enclenchée par Madrid quelques heures seulement après la proclamation vendredi par le parlement catalan de "la République catalane".

Outre la destitution de l'exécutif catalan, Mariano Rajoy a convoqué des élections pour le 21 décembre, présentées comme un moyen de sortir l'Espagne de sa pire crise politique depuis son retour à la démocratie en 1977.

- Inquiétude -

"Ce que nous voulons c'est l'interdiction des partis sécessionistes. Car s'ils se présentent de nouveau aux élections, ils dirigeront la Catalogne et tout recommencera", affirmait une manifestante opposée aux indépendantistes à Madrid, Candida Jimenez, ancienne fonctionnaire de la police municipale de la capitale, munie d'une banderole "Non à l'impunité des putschistes".

Convoquer des élections "est une honte. C'est prolonger le problème de deux mois", estime également Carlos Fernandez, 41 ans.

A Barcelone, dans des rues vides comme un lendemain de fête, l'inquiétude était dans l'air. "Je suis content à 10% que l'indépendance ait été déclarée, mais à 90% je pense que ça va mal se passer, car l'autre partie n'écoute pas", craignait Juan Rosset, retraité de 74 ans.

Les conséquences de la déclaration d'indépendance unilatérale de la Catalogne, territoire grand comme la Belgique où vivent 16% des Espagnols, sont incalculables, tout comme celles de la mise sous tutelle par Madrid.

Signe de l'inquiétude en Europe, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker (conservateur du Parti Populaire européen) a souligné vendredi que l'UE n'a "pas besoin d'autres fissures", tandis que les grandes capitales occidentales annonçaient soutenir l'unité de l'Espagne.

Cependant, le président du Conseil européen Donald Tusk a appelé Madrid à choisir "la force de l'argument plutôt que l'argument de la force", alors que beaucoup craignent que la Catalogne ne soit entraînée dans une spirale de troubles.

La réponse du gouvernement permet de "donner la parole aux citoyens, avec les garanties démocratiques", a déclaré le n°2 du Parti Populaire de Mariano Rajoy, Javier Maroto.

Le petit parti d'extrême gauche indépendantiste CUP affirmait qu'il ne se "soumettrait pas" à la mise sous tutelle.

Lors des dernières élections régionales, en 2015, l'ensemble des formations pro-sécession -de l'extrême gauche au centre droit- n'avaient obtenu que 47,8% des suffrages, mais une majorité en sièges au parlement catalan. La résolution déclarant l'indépendance a été adoptée vendredi par 70 voix pour (sur 135 députés), en l'absence de la plus grande partie de l'opposition, qui avait quitté l'hémicycle.

L'indépendantisme avait tout particulièrement commencé à prospérer quand le parti de M. Rajoy avait obtenu en 2010, de la Cour constitutionnelle, qu'elle ampute largement un statut conférant de plus larges pouvoirs à la Catalogne.

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