Après la tuerie de Floride, les voix déchirées d'élèves s'élèvent contre les armes

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Par Leila MACOR - Parkland (Etats-Unis) (AFP)
Publié le 17 février 2018 - 18:34
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Une fleur accrochée le 16 février 2018 près du lycée de Marjory Stoneman Douglas à Parkland, en Floride, où un jeune homme a tué 17 personnes à l'arme automatique deux jours plus tôt
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© RHONA WISE / AFP/Archives
Une fleur accrochée le 16 février 2018 près du lycée de Marjory Stoneman Douglas à Parkland, en Floride, où un jeune homme a tué 17 personnes à l'arme automatique deux jours plus t
© RHONA WISE / AFP/Archives

Cachée des heures durant dans une classe pendant que les cris et les tirs résonnaient derrière la porte, Lorena Sanabria, survivante de la tuerie de Floride, a puisé dans ce calvaire la force d'un nouvel engagement: lutter pour que les ventes d'armes soient enfin mieux contrôlées aux Etats-Unis.

"Maintenant plus que jamais, nous, en tant qu'élèves, devrions élever nos voix, parler devant les cameras, pour nous adresser directement au gouvernement et le supplier de changer les lois sur les armes", confie à l'AFP la jeune fille brune de 16 ans les larmes aux yeux.

Mais pour Lorena, à mesure que l'émotion et la peur passent, c'est le besoin d'agir qui prend le dessus.

"Nous ne pouvons pas permettre que les gens qui ont des problèmes les expriment en tuant les autres", martèle l'adolescente d'origine colombienne, dans la maison familiale installée dans les beaux quartiers de Parkland.

C'est dans cette localité que mercredi, peu avant la fin des cours au lycée Marjory Stoneman Douglas, un jeune homme de 19 ans armé d'un fusil semi-automatique a fauché les vies de 17 personnes et blessé une quinzaine d'autres. C'est le dernier massacre en date dans un pays régulièrement secoué par des fusillades meurtrières, suivies de débats rapidement étouffés sur le contrôle des armes.

- 'Il ne se protégeait pas' -

Mais cette fois, une nouvelle vague de survivants sont décidés, comme Lorena, à ajouter leurs témoignages poignants au choeur s’élevant contre les armes dans les médias, interpellant les autorités et dénonçant les liens unissant le parti républicain et le puissant lobby des armes National Rifle Association (NRA).

Soutenu par la NRA pendant sa campagne présidentielle, Donald Trump n'a pas évoqué le problème des armes dans son allocution solennelle après la fusillade, insistant plutôt sur les troubles mentaux du tueur.

Ayant lui aussi reçu des financements de la NRA, le sénateur républicain de Floride, Marco Rubio a également évité de mentionner des contrôles plus stricts, martelant qu'une telle attaque "pourrait arriver n'importe où".

Sans même rêver, malgré le traumatisme encore récent, d'une interdiction totale des armes dans un pays qui a inscrit le droit d'en posséder dans sa Constitution, Lorena Sanabria voudraient des normes plus strictes sur l'achat des fusils semi-automatiques au potentiel particulièrement meurtrier, comme l'AR-15 que Nikolas Cruz a pu acheter en tout légalité grâce à son casier judiciaire vierge.

"Oui, c'est dans la Constitution. On a le droit d'avoir des armes, de se protéger. Mais ce type ne se protégeait pas. Il a ouvert le feu sur des innocents", martèle-t-elle.

"Ça ne devrait pas être normal que les parents pensent à envoyer leurs enfants à l'école avec des sac à dos pare-balles", ajoute Lorena. Rose, noir ou motif camouflage: depuis la fusillade, les ventes de ce type de sac coûtant une centaine de dollars ont en effet augmenté, selon les médias américains.

- 'On aurait pu l'éviter'-

"Regardez les autres pays, les gens doivent suivre une procédure et des examens mentaux, un passage en revue de leur casier, on doit passer par tellement de choses juste pour acheter une petite arme, pas un fusil, pas un AR-15, souligne Lorena. Nous devons changer les politiques, faire des changements".

Malgré les avertissements envoyés jusqu'au FBI sur le comportement menaçant de Nikolas Cruz, rien dans la loi actuelle n'aurait pu empêcher le tueur d'acheter son arme. Une réalité insupportable pour Lorena, qui raconte que quand, cachés dans leur salle de classe, ses camarades ont su qui était le tueur, personne "n'a été surpris".

"On pouvait voir des signaux qu'il allait le faire, comme sur son compte Instagram, il adorait le fait de tuer les animaux, il montrait ses armes... et juste le fait que les gens ne soient pas surpris, ça fait réfléchir, souligne-t-elle. Les indices étaient là, on aurait pu l'éviter".

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