Après Pittsburgh, des appels à lutter contre la droite extrême

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Par AFP - Washington
Publié le 03 novembre 2018 - 09:40
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Manifestation contre la visite du président américain Donald Trump à Pittsburgh, le 30 octobre 2018 en Pennsylvanie
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© Brendan Smialowski / AFP/Archives
Manifestation contre la visite du président américain Donald Trump à Pittsburgh, le 30 octobre 2018 en Pennsylvanie
© Brendan Smialowski / AFP/Archives

Une semaine après l'attaque d'une synagogue à Pittsburgh, perpétrée par un homme qui vomissait sa haine des Juifs sur les réseaux sociaux, les appels à renforcer la surveillance des groupes d'extrême droite se multiplient aux Etats-Unis.

Robert Bowers, 46 ans, a fait irruption samedi dernier armé d'un fusil semi-automatique et de trois armes de poing dans la synagogue Tree of Life, où il a tué onze fidèles avant d'être arrêté. Il risque la peine de mort pour assassinats, aggravés de la qualification d'acte antisémite.

Le massacre est intervenu au lendemain de l'arrestation en Floride d'un homme accusé d'avoir envoyé des bombes artisanales à des opposants du président Donald Trump.

A la limite de la marginalité, Cesar Sayoc, 56 ans, vivait dans une camionnette couverte d'autocollants pro-Trump ou hostiles aux démocrates.

Les violences commises par des nationalistes blancs, suprémacistes ou néonazis, ont fortement augmenté depuis 2007. Elles ont tué plus d'Américains que les attentats islamistes, affirme le centre de réflexion New America.

Selon les chiffres compilés par le centre, les extrémistes de droite sont responsables de plus de 70% des quelque 300 meurtres perpétrés pour des raisons idéologiques depuis dix ans. En 2017, cela représentait 20 meurtres sur 34, alors que ceux commis par des extrémistes de gauche sont très rares.

"Les Etats-Unis ont un problème avec l'extrême droite et doivent y faire face", estime Peter Singer, de New America, dénonçant "le nombre d'attaques, la résistance à parler du problème et à dégager des ressources pour le combattre".

- "Idéologie de haine" -

Quelques jours avant la fusillade de Pittsburgh, un suprémaciste blanc avait abattu deux Noirs dans un supermarché de Louisville (Kentucky), et un militant conservateur avait été arrêté pour avoir tenté d'acheter sur internet une dose mortelle de produit radioactif.

Ces actes sont "tous liés à une idéologie de haine: la suprématie blanche. Nous devons agir", s'est alarmé sur Twitter le parlementaire démocrate Jerry Nadler.

Le pays reste traumatisé par l'attentat d'Oklahoma City en 1995, lorsqu'un militant d'extrême droite avait fait exploser un immeuble fédéral, tuant au moins 168 personnes. Mais après le 11-Septembre, l'attention des forces de l'ordre s'est focalisée sur la menace islamiste.

En 2009, Daryl Johnson, alors analyste au ministère de la Sécurité intérieure, affirmait dans un rapport que le pays faisait face à une résurgence de l'extrême droite, un an après l'élection du premier Noir à la présidence, Barack Obama, et la crise des "subprimes" qui avait précipité le monde dans la récession.

Son rapport avait été fortement critiqué, car personne ne voulait entendre parler du problème, et "encore moins lui donner un nom", assure-t-il à l'AFP. L'équipe d'analystes avait ensuite été démantelée.

Selon M. Johnson, démocrates et républicains se partagent les responsabilités. L'administration Obama a refusé de nourrir cette opposition et celle de Donald Trump ne veut pas s'attaquer à des soutiens du président. "Ils font partie de la base électorale" du milliardaire, dit-il.

M. Trump avait tardé à condamner les violences ayant émaillé un rassemblement sans précédent de groupuscules racistes à Charlottesville (Virginie), en août 2017, qui avait fait un mort parmi les contre-manifestants antiracistes.

Il avait évoqué "des torts des deux côtés" et des "gens très bien des deux côtés".

- "On sait où chercher" -

"C'est le premier président de l'Histoire moderne à être salué par ces groupes, qui pensent qu'il porte leur message", note Peter Singer, de New America.

Côté politique, le gouvernement a reconnu l'existence d'une menace, mais les républicains ont refusé les auditions parlementaires sur l'extrémisme demandées par les démocrates après Charlottesville.

Les condamnations pour crime raciste sont désormais plus sévères et l'incendiaire d'une mosquée au Texas a été condamné récemment à 25 ans de prison.

Mais Heidi Beirich, de l'observatoire des groupes extrémistes Southern Poverty Law Center, souhaiterait une surveillance accrue pour empêcher ces groupuscules de passer à l'acte.

"Il existe des inquiétudes légitimes" sur les implications juridiques d'une surveillance de citoyens américains, concède-t-elle. Mais les groupes racistes s'expriment sur les réseaux sociaux, considérés comme une place publique. "Si on veut trouver des signaux d'alerte, on sait où chercher", assure Mme Beirich.

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