Arrogant et souriant : les images accablantes de la garde à vue de Nemmouche

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Par Clément ZAMPA, Matthieu DEMEESTERE - Bruxelles (AFP)
Publié le 01 février 2019 - 18:41
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Mine blasée, bras croisés, sourire dédaigneux, il snobe les policiers: "Droit au silence !" L'attitude en garde à vue de Mehdi Nemmouche, jugé pour la tuerie du musée juif de Bruxelles dont il se dit innocent, a sidéré vendredi les avocats des victimes.

"Ces auditions vidéofilmées puent la mauvaise foi et transpirent la culpabilité", fustige Me Adrien Masset, qui représente le musée belge, où quatre personnes ont été assassinées le 24 mai 2014.

Diffusées vendredi à l'audience, ces vidéos montrent le jihadiste français face aux policiers dans les heures qui suivent son arrestation à Marseille (sud de la France), six jours après les faits, en possession des armes utilisées pour la tuerie, un revolver et un fusil d'assaut de type Kalachnikov.

Face aux enquêteurs, un homme détaché, parfois amusé, qui surjoue la décontraction.

Il force un long bâillement de plusieurs secondes, ou se gratte le nez, la joue, dans un soupir ou en levant les yeux au ciel.

"Je ne répondrai à aucune question", "j'exerce mon droit au silence", oppose-t-il aux très nombreuses demandes des policiers.

Puis il invente un acronyme, le "DAS", comme "droit au silence", qu'il répète des dizaines de fois, sans parvenir à réfréner un sourire. Il s'amuse à imaginer une page Wikipédia à son nom qui le créditerait de cette trouvaille.

"On peut se poser la question de savoir si c'est l'attitude de quelqu'un qui se fait accuser, à tort, de quatre assassinats terroristes", a commenté vendredi à l'audience, après les premières vidéos, l'avocat général Yves Moreau, soulignant la "grande maîtrise" de l'accusé.

"A un moment, il demande +je peux retourner faire ma sieste+. Vous apprécierez", ajoute-t-il.

Ce représentant de l'accusation s'étonne des "éclats de rire" du Français, avec qui les policiers tentent d'établir le lien quitte à entrer dans son jeu. La plaisanterie fait partie de leurs techniques d'interrogatoire.

"Vous me faites rire", persifle Nemmouche face à eux, quand ils lui tendent le procès verbal de son audition, qui ne contient aucune réponse à leurs demandes.

- "De la fiotte !" -

Pendant la projection, l'accusé dans le box se tient parfois la tête dans les mains ou échange un mot avec ses avocats, détourne souvent le regard.

Questions sur "le concept de jihad", les armes et munitions saisies ou sur le fait que la presse le présente dès le 31 mai comme suspect de la tuerie: Nemmouche en garde à vue refuse tout en bloc.

Il décline même les demandes sur ses "hobbies", ses activités sportives ou ses éventuels engagements associatifs. Répond juste "aucune" quand il est interrogé sur d'éventuelles complicités.

Quand les policiers lui apportent des journaux, il se jette dessus et commence à lire, sourcils froncés, les articles sur la tuerie.

Il s'amuse des informations à son propos et conclut: "C'est de la fiotte ! Notez-le". A deux reprises, il répète avec fierté une formule sur la presse. "C’est comme la télé-réalité: tout le monde dit que c’est de la merde mais tout le monde la regarde."

Interrogé vendredi sur ces vidéos par la présidente de la cour d’assise, le Français de 33 ans, qui encourt la réclusion à perpétuité, répond à nouveau qu'il n'a "aucune déclaration à faire".

Ses avocats, à la peine, ne s’appesantissent pas sur ces images, qui s'ajoutent aux nombreuses preuves matérielles contre leur client présentées par les enquêteurs depuis l'ouverture du procès.

"Quelle que soit l'attitude de Mehdi Nemmouche, ce sera toujours interprété à charge", déplore l'un d'eux, Me Henri Laquay.

Mehdi Nemmouche, un délinquant multirécidiviste radicalisé en prison et passé par la Syrie, est accusé d'avoir abattu de sang-froid un couple de touristes israéliens, un jeune employé belge et une bénévole française le 24 mai 2014 au musée juif du Bruxelles.

Il est jugé depuis le 10 janvier avec Nacer Bendrer, un délinquant marseillais de 30 ans soupçonné de lui avoir fourni les armes. Le procès doit durer jusqu'au 1er mars.

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