Aux assises, l'encombrante passion de Georges Tron pour la réflexologie plantaire

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Par Myriam LEMETAYER - Bobigny (AFP)
Publié le 24 octobre 2018 - 20:32
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Georges Tron, le 23 octobre 2018, à son arrivée à la cour d'assises de Seine-Saint-Denis où il répond de viols
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© Thomas SAMSON / AFP/Archives
Georges Tron, le 23 octobre 2018, à son arrivée à la cour d'assises de Seine-Saint-Denis où il répond de viols
© Thomas SAMSON / AFP/Archives

"C'est sa vie": la passion de l'ex-secrétaire d'Etat Georges Tron pour la réflexologie plantaire, pratiquée jusqu'à lui valoir le surnom de "masseur chinois", a été dépeinte comme étant "de l'ordre du prosélytisme" mercredi devant les assises où il répond d'accusations de viols.

Georges Tron, maire en exercice de Draveil (Essonne), est jugé depuis mardi à Bobigny au côté de son ancienne adjointe Brigitte Gruel. Ils sont accusés de viols et agressions sexuelles en réunion par deux anciennes employées municipales.

Virginie Ettel et Eva Loubrieu affirment que l'élu avait commencé par leur prodiguer des séances de réflexologie plantaire, et fini par leur imposer des attouchements et des pénétrations digitales, avec ou sans Brigitte Gruel.

Le psychologue qui a rencontré l'élu au cours de l'enquête a souligné mercredi que ce dernier voulait devenir médecin "depuis tout gamin". Un "idéal" contrarié lors de sa scolarité chez les jésuites qui ont relevé qu'il n'avait pas un "esprit scientifique".

Lorsqu'un professeur d'arts martiaux l'initie plus tard à la réflexologie, Georges Tron "va complètement déplacer l'intérêt qu'il portait à la médecine occidentale sur la médecine asiatique", affirme l'expert.

Membre fondateur de l'Association pour l'alternative en médecine (APAM), le responsable politique a promu ces pratiques dans un rapport parlementaire rédigé peu après sa première élection comme député de l'Essonne en 1993.

Au RPR - sa famille politique - comme dans les couloirs de l'Assemblée, Georges Tron était d'ailleurs surnommé le "masseur chinois".

Il parle de la réflexologie "comme un professionnel, c'est sa vie", insiste le psychologue.

- "Ambiguïté" -

Pour cet expert, Georges Tron est "complètement sourd" à l'"ambiguïté" pouvant émaner de sa "manipulation de pieds à tout-va", notamment sa possible "connotation sexuelle", voire "fétichiste".

"Il ne s'est jamais interrogé sur son comportement ni sur les effets de cette pratique sur les gens qui l'entourent", estime encore le psychologue.

A ses côtés, se tient la psychologue qui a examiné Brigitte Gruel. "Il y a quelque chose de l'ordre du prosélytisme", fait-elle remarquer. L'avocat de Georges Tron, Eric Dupond-Moretti, marque alors ostensiblement son approbation de la tête.

En décembre dernier, l'affaire avait commencé à être examinée par la cour d'assises de Seine-Saint-Denis avant d'être renvoyée avec fracas à la demande de la défense. Quand il avait été entendu, Georges Tron avait déclaré que la réflexologie avait été "utilisée" pour lui "nuire", concédant une "forme d'imprudence".

Depuis le début de l'affaire fin mai 2011, il se dit victime d'un "complot" de l'extrême droite locale menée par Philippe Olivier, beau-frère de la présidente du Rassemblement national (RN, ex-FN) Marine Le Pen.

Devant la directrice d'enquête, Me Dupond-Moretti s'est appliqué à mettre en avant ce qu'il estime être des "liens très singuliers entre les plaignantes et le FN".

Il a notamment évoqué le rôle joué par Gilbert Collard, premier avocat des plaignantes, aujourd'hui député RN du Gard, qui avait fourni aux enquêteurs une liste de victimes potentielles du maire.

"Il n'y a pas de collusion entre les services de police et Me Collard. Je pense être indépendante et libre dans mes actions", a sèchement répondu l'officier de la police judiciaire de Versailles.

A l'image de la veille, les échanges sont restés toutefois nettement plus cordiaux que lors du procès écourté de l'an dernier.

L'affaire avait éclaté dix jours après la retentissante arrestation à New York de l'ex-patron du FMI Dominique Strauss-Kahn, accusé de viol par une femme de chambre. Georges Tron avait démissionné le 29 mai 2011 de son poste de secrétaire d'État à la Fonction publique du gouvernement Fillon.

Le procès a lieu hors de l'Essonne, où Georges Tron faire toujours figure de baron local. Ancien député (1993-2010, 2011-2012), il est conseiller départemental LR et a été réélu à la tête de Draveil en 2014.

Le verdict est attendu à la mi-novembre.

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