Avec les "gilets jaunes" de Calais, "il n'y aura pas de bordel"

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Par Julia PAVESI - Calais (AFP)
Publié le 16 novembre 2018 - 12:21
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Dans une station-service du Nord le 4 novembre 2018
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© Philippe HUGUEN / AFP/Archives
Dans une station-service du Nord le 4 novembre 2018
© Philippe HUGUEN / AFP/Archives

"Chez nous, il n'y aura pas de bordel": en amont de la mobilisation nationale, quelque 70 "gilets jaunes" de Calais fourbissent leurs armes sur un parking de supermarché, pour passer de la colère des réseaux sociaux aux blocages concrets.

Ils se sont regroupés sur Facebook, ont mobilisé leurs contacts numériques, fait passer les messages virtuels. Reste maintenant à se compter, se rencontrer, coordonner les choses sur le terrain et "mettre un visage sur quelqu'un qui organise".

"J'ai besoin d'avoir quelqu'un qui m'explique pour de vrai", confie à l'AFP Valérie Gallet, 44 ans, venue jeudi soir une réunion organisée sur le parking d'une grande-surface et d'un fastfood du centre de Calais, au pied de trois barres HLM.

"On travaille pour payer, on ne peut pas en profiter", explique cette contrôleuse d'engins de chantiers, décidée à venir samedi, même en tant que piéton, accompagnée de son terre-neuve noir portant son habituel collier jaune fluorescent par sécurité.

Au milieu d'environ 70 personnes, actifs ou retraités, jeunes ou vieux, elle écoute les directives de deux organisateurs assurant que c'est un mouvement "du peuple" et transversal.

"J'espère qu'on sera encore plus nombreux samedi!", lance au micro et sous les applaudissements Kévin Dujardin, casquette à l'envers, debout sur un escabeau à côté de la sono installée dans le coffre d'une voiture.

Ce jeune intérimaire de 27 ans, l'un des administrateurs de la page "Les Gaulois de Calais" qui compte 1.750 personnes, passe en revue la demi-douzaine de points de blocage déclarés en préfecture, le point de rendez-vous, l'esprit de la mobilisation.

- "Vision parisienne" -

"C'est un mouvement apolitique, asyndical, c'est un ras-le-bol général du peuple!" insiste-t-il, en lisant ses quelques notes sur son portable. "Si des politiques viennent, on les boycotte. Vous venez avec des drapeaux syndicaux ? On les brûle sur place" dit-il, provoquant des rires dans l'assemblée improvisée, dans la lumière blafarde des enseignes bleu et jaune.

Puis on passe aux conseils de sécurité et pratiques: du ravitaillement et éventuellement des barbecues, de quoi se réchauffer, pas d'alcool ni de feu et "un maximum de bagnoles !".

"C'est des blocages, pas des filtrages !" lance un homme emmitouflé dans une veste noire et gilet jaune. "Vous ne laissez passer personne, sauf les infirmiers, le personnel médical etc. sur présentation de cartes", renchérit Yoann Delattre, qui s'est rendu en préfecture faire les déclarations.

Et de mettre en garde les manifestants: "Nous, c'est structuré, organisé. Chez nous, il n'y aura pas de bordel. Les gens cagoulés peuvent rester chez eux".

"Et si on est 5.000 ?" crie un autre. "Ce serait le pied", répond en plaisantant M. Delattre, qui veut bloquer les hypermarchés, "où les gens vont faire leurs courses, faire leur plein de gazole".

"En bloquant ça, on bloque l'État aussi, on bloque de l'argent qui rentre à l'État surtout sur les carburants", détaille-t-il.

Au moins 160 voire 200 voitures seront présentes à Calais, selon lui.

"On nous dit de prendre les transports en commun ou la trottinette. Vous ramenez vos courses de la semaine en trottinette ? C'est une vision strictement parisienne des choses"! ironise Michel Manier, retraité de France Telecom âgé de 68 ans, très énervé, qui repart avec toutes les informations pratiques pour samedi. "Y a plus qu'à."

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