Avec Notre-Dame-des-Landes, le "copilote" Edouard Philippe prend du galon

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Par Marc PRÉEL - Paris (AFP)
Publié le 18 janvier 2018 - 19:40
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Le Premier ministre Edouard Philippe au côté d'Emmanuel Macron, lors d'une cérémonie commémorative à Saint-Etienne-du-Rouvray, en Normandie, le 26 juillet 2017
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© CHARLY TRIBALLEAU / POOL/AFP/Archives
Le Premier ministre Edouard Philippe au côté d'Emmanuel Macron, lors d'une cérémonie commémorative à Saint-Etienne-du-Rouvray, en Normandie, le 26 juillet 2017
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Chargé de piloter le dossier délicat de Notre-Dame-des-Landes, Edouard Philippe a porté pour la première fois une des décisions majeures de ce début de quinquennat, un rôle jusque-là trusté par Emmanuel Macron.

"Notre-Dame-des-Landes, c'est un épiphénomène d'une réalité où on voit, depuis deux-trois mois, la montée en puissance d'Edouard Philippe, avec son style", estime un ministre proche du tandem exécutif.

C'est lundi soir, lors d'un entretien à l'Elysée, que président et Premier ministre, qui boucle une concertation avec plus d'une centaine d'élus, entérinent la décision. C'est là aussi qu'ils conviennent que le chef du gouvernement annoncera la nouvelle, dont il sait qu'elle fera des mécontents.

"J'ai rendu ma proposition au président, et nous nous sommes rendu compte que nous étions d'accord", explique le Premier ministre en petit comité.

Lieutenant d'Alain Juppé pendant des années, coauteur - avec son ami et actuel conseiller Gilles Boyer - d'un roman politique appelé "Dans l'ombre", le chef du gouvernement n'a jamais pris ombrage d'être numéro 2. Un atout, jugent beaucoup, quand les relations Elysée-Matignon ont été si souvent compliquées par les rivalités et les ambitions sous la Ve République.

Les premiers mois du quinquennat avaient vu Emmanuel Macron revenir quelques jours plus tard sur des annonces de la déclaration de politique générale de M. Philippe, ou recevoir à l'Elysée syndicats et patronat, exercice souvent dévolu à Matignon. Sans que cela ne provoque d'incident.

S'il est désormais titulaire d'un "brevet de copilote", selon la formule d'un éditorial des Echos, il est peu probable qu'Edouard Philippe, chef de la majorité sans parti et Premier ministre après avoir frôlé la traversée du désert politique, se sente pousser des ailes.

- 'Super' dircab du président -

"Edouard Philippe est le premier Premier ministre depuis longtemps à avoir compris que l'évolution de la Ve République faisait du Premier ministre un super directeur de cabinet du président de la République. Il ne cherche pas à préserver des intérêts de carrière ou à être un chef de l'Etat bis", dit de lui le député UDI Yves Jégo.

L'ex-député-maire du Havre n'échappe toutefois pas à la règle qui veut que le Premier ministre hérite de dossiers risqués ou impopulaires, qu'ils remontent des ministères ou descendent de l'Elysée.

Pour le député socialiste Olivier Faure, sur Notre-Dame-des-Landes, "le président n'a pas osé assumer une décision contradictoire avec ses engagements de campagne, c'est pourquoi il a envoyé le Premier ministre".

Au rayon des décisions controversées, c'est aussi Edouard Philippe qui a officialisé la semaine dernière la limitation de la vitesse à 80 km/h sur les routes secondaires. Il a aussi repris en main le dossier des réfugiés .

Le choix sur Notre-Dame-des-Landes, s'il fâche beaucoup d'élus locaux de l'Ouest, s'avère finalement plutôt bien perçu dans l'opinion: selon un sondage Elabe publié mardi, trois Français sur quatre approuvent la décision, et 58% des sondés jugent que l'exécutif a fait preuve de "courage".

Avec son humour british, son phrasé aux mots soupesés, et un mot d'ordre - "sérieux sans se prendre au sérieux" - le Premier ministre multiplie les "consultations" et autres "concertations" au moindre signe d'incendie. Quant aux parlementaires de la majorité, ils sont fréquemment reçus et consultés à Matignon.

Une façon de tuer dans l'oeuf les frondes ou les oppositions, souligne un cadre de la majorité: "La technique de consultation est assez redoutable. Quand on est très associé en amont, il est difficile de contester la décision".

D'autant que l'homme est salué dans l'exercice de la conciliation, par exemple sur le dossier du référendum d'indépendance en Nouvelle-Calédonie, où les élus du "Caillou" avaient reconnu son rôle de facilitateur.

parl-jmt-map/mat/swi

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