Avortement : manifestations en Pologne contre le durcissement de la loi

Auteur:
 
Par Stanislaw WASZAK - Varsovie (AFP)
Publié le 17 janvier 2018 - 11:40
Image
Une manifestante brandit une pancarte lors d'un mouvement pro-avortement, à Varsovie, le 13 janvier 2018
Crédits
© Wojtek RADWANSKI / AFP/Archives
Une manifestante brandit une pancarte lors d'un mouvement pro-avortement, à Varsovie, le 13 janvier 2018
© Wojtek RADWANSKI / AFP/Archives

Des organisations féministes et des défenseurs du droit à l'avortement ont protesté mercredi à travers la Pologne contre une tentative des ultraconservateurs de limiter encore le droit à l'IVG, déjà très restreint.

Un millier de manifestants ont ainsi marché dans le centre de Varsovie contre ce qui mène, selon eux, à l'"interdiction totale de l'avortement" en Pologne.

"Je ne vais pas capituler. Toute ma vie je lutte pour mes droits de femme", a déclaré à l'AFP Anna Wieczorek du mouvement Grève des femmes, qui coorganisait la marche à Varsovie.

Des manifestations similaires, de moindre envergure, ont eu lieu dans une cinquantaine de villes de province, dont Cracovie, Lodz, Wroclaw et Szczecin, selon les médias locaux.

La semaine dernière, plus d'un an après "la protestation noire" des femmes qui avait fait échouer une démarche similaire dans ce pays catholique, le parlement dominé par le parti conservateur nationaliste Droit et Justice (PiS) a envoyé en commission un texte qui supprime la possibilité d'interrompre la grossesse en cas de malformation du fœtus.

Si l'amendement à la loi actuelle - fruit d'un compromis laborieusement atteint en 1993 - proposé par le Comité "Stop Avortement" est adopté, l'IVG ne sera plus autorisée que dans deux cas: risque pour la vie ou la santé de la mère, et grossesse résultant d'un viol ou d'un inceste.

Ces deux cas ne représentent qu'un petit pourcentage des causes avortements légaux, la malformation du fœtus étant à l'origine de 1.046 avortements, soit 96% des IVG pratiquées légalement en Pologne en 2016, selon Stop Avortement.

- Débat houleux -

Un deuxième projet d'initiative citoyenne, libéralisant l'IVG, a lui été rejeté après un débat houleux de quelques heures.

Ce texte prévoyait l'accès à l'IVG jusqu'à la 12e semaine de grossesse pour des raisons psychologiques et sociales, ainsi que l'introduction de l'éducation sexuelle dans les écoles et un accès libre à "la pilule du lendemain".

L'abstention ou l'absence d'une quarantaine de députés de l'opposition centriste et libérale lors de ce dernier vote (alors qu'il aurait suffi qu'une dizaine votent pour envoyer le texte en commission) ont provoqué la colère des milieux favorables au droit à l'avortement.

Elles ont déclenché une crise au sein de l'opposition qui, depuis plus de deux ans, cherche à trouver une réponse adéquate aux changements controversés introduits par le PiS, dont certains sont perçus à Bruxelles comme une menace contre l'Etat de droit en Pologne.

Aussi les manifestants s'en sont-ils pris à tous les principaux partis politiques, commençant leur marche à Varsovie devant le siège de la Plateforme civique (PO, centriste, opposition), avant d'aller devant celui des libéraux de Nowoczesna et arriver devant le QG du PiS, ouvertement favorable à la nouvelle restriction.

"Après les votes sur le projet +Sauvons les femmes+ nous nous considérons comme laissées à nous-mêmes", dit le tract de la Grève des Femmes.

Dans la journée, les libéraux de Nowoczesna ont annoncé que "pour se rattraper", ils allaient soumettre au parlement une nouvelle fois le texte rejeté dans le vote fatal.

- Syndrome de Down -

Le président Andrzej Duda, proche de l'Eglise catholique, s'est engagé en novembre à promulguer la loi une fois adoptée, "pour supprimer le droit de tuer des enfants atteints du syndrome de Down" (trisomie 21).

La nouvelle proposition est moins restrictive que celle qui avait provoqué en 2016 de grandes manifestations de femmes vêtues de noir dans plusieurs villes de Pologne et qui avait finalement été rejetée par le Parlement.

Depuis leur arrivée au pouvoir il y a deux ans, les conservateurs ont notamment mis fin dès mi-2016 au programme de financement de la fécondation in vitro par l'Etat. En mai 2017, il a limité l'accès à "la pilule du lendemain", désormais accessible uniquement sur prescription médicale.

Les adversaires de l'IVG mènent parallèlement une autre tentative de l'interdire: une centaine de députés ont demandé au Tribunal constitutionnel de dire si l'avortement eugénique ne viole pas la loi fondamentale et notamment le droit à la vie, qu'elle garantit.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
bayrou
François Bayrou, baladin un jour, renaissant toujours
PORTRAIT CRACHE - François Bayrou, député, maire de Pau et plusieurs fois ministres, est surtout figure d’une opposition opportuniste. Éternel candidat malheureux à la...
20 avril 2024 - 10:45
Politique
26/04 à 18:30
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.