"Boucher de Mossoul" et "Nouvel Abaaoud", grandeur et décadence des jihadistes en Irak

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Par Ammar Karim - Bagdad (AFP)
Publié le 25 janvier 2018 - 11:17
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Photo non datée prise à Mossoul (nord de l'Irak) et diffusée par le Commandement conjoint des opérations, qui coordonne la lutte antijihadistes en Irak, qui montre le mufti Abou Omar, soupçonné d'appa
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© Handout / STR / Iraqi Joint Cooperation Command/AFP/Archives
Photo non datée prise à Mossoul (nord de l'Irak) et diffusée par le Commandement conjoint des opérations, qui coordonne la lutte antijihadistes en Irak, qui montre le mufti Abou Om
© Handout / STR / Iraqi Joint Cooperation Command/AFP/Archives

"Le Boucher de Mossoul", "Le Nouvel Abaaoud": ces jihadistes ont fait un temps trembler l'Irak. Aujourd'hui, après leur arrestation, leur visage défait s'étale dans les médias qui reprennent des selfies de soldats les menottant ou des photos d'eux en tenue de prisonniers.

Après avoir repris la "capitale" irakienne de l'EI, Mossoul, la deuxième ville du pays, au groupe Etat islamique (EI), les forces irakiennes sont parties à la recherche des jihadistes. Elles ont déjà placé derrière les barreaux 20.000 personnes soupçonnées d'appartenir à l'EI, selon des chercheurs.

Pour cela, leurs hommes ont fouillé les décombres, les tunnels que les jihadistes avaient creusés depuis trois ans et les caches à travers la ville et sa région.

Dans la Vieille ville, près de la mosquée al-Nouri où le chef de l'EI Abou Bakr al-Baghdadi a fait son unique apparition publique, les unités d'élite du contre-terrorisme (CTS) ont débusqué un homme qu'elles ont vite surnommé "La boîte noire de l'EI".

- 'Numéro 3 de l'EI' -

Après avoir envoyé assaillants et kamikazes pour tenter de repousser la progression des troupes gouvernementales, Nizam Eddine al-Rifaï n'a pas eu d'autre choix que de "se rendre", raconte à l'AFP Sabah al-Noamane, porte-parole des CTS.

A la sortie de la galerie souterraine où il était caché, encadré par des soldats, torse nu et le visage mangé par une barbe et les cheveux blancs hirsutes, le chef des juges du "califat" --autoproclamé par l'EI dans les zones conquises--, celui qui édictait la loi dans des tribunaux connus pour leur sévérité, a perdu de sa superbe.

Ce Mossouliote de 60 ans est "toujours interrogé", poursuit M. Noamane, car il est sûrement l'un de ceux qui pourraient révéler aux autorités de nombreux secrets de l'EI.

Sa position à la tête de la justice faisait de lui "le numéro trois de l'EI", assurent des sources au sein des services de sécurité, qui préfèrent s'exprimer sous le couvert de l'anonymat.

Il avait également acquis une aura particulière, pour avoir "enseigné la théologie à Abou Bakr al-Baghdadi", affirment ces mêmes sources.

Lui aussi versé en théologie, le mufti Abou Omar, de son vrai nom Ezzedine Taha Ahmed, faisait régner la terreur dans sa ville de Mossoul et bien au-delà, via les organes de propagande de l'EI.

Sur des vidéos, on le voit --en tenue militaire, kalashnikov en bandoulière-- ordonner de jeter des jeunes depuis le toit d'un immeuble, parce qu'ils étaient soupçonnés d'être homosexuels. Ce genre de scènes, et d'autres, ont également valu à cet Irakien de 62 ans le surnom de "Boucher de Mossoul".

Pour les forces de sécurité qui l'interrogent aujourd'hui, il est "Barbe Blanche", en référence à la longue pilosité qu'il arborait du temps de l'EI et qu'il avait largement raccourcie à l'approche des troupes.

Caché dans une maison de Mossoul, après s'être mêlé comme d'autres jihadistes au flot de déplacés, il ne sortait jamais de peur d'être reconnu, raconte à l'AFP Mohammed Ibrahim, chargé de la sécurité au sein du conseil provincial. Il a suffi d'une "sortie dans le jardin en plein jour". "Un voisin l'a vu et a informé les forces de sécurité", poursuit-il.

- 'A coups de chaussures' -

Depuis, il est la risée des réseaux sociaux. "Il a terrorisé tout Mossoul en lapidant les gens à mort. Aujourd'hui, les gens de Mossoul devraient l'amener sur une place publique et le frapper à coups de chaussures", écrit ainsi un internaute.

Si "Barbe blanche" et "Boîte noire" travaillaient à l'administration du "califat", Abou Hamza al-Belgiki, lui, préparait l'avenir. Il formait, a-t-il indiqué aux juges qui l'interrogent, "les lionceaux du califat, une soixantaine d'enfants de huit à 13 ans, à l'entraînement sportif et au maniement des armes".

Abou Hamza est le nom de guerre que s'est choisi ce Belge d'origine marocaine, né Tarik Jadaoun, en rejoignant l'EI en 2014. Il avait appelé dans des vidéos à frapper l'Europe et gagné le surnom de "nouvel Abaaoud", en référence à son compatriote Abdelhamid Abaaoud, l'un des auteurs des attentats du 13 novembre 2015 en France.

Aujourd'hui détenu et en attente de jugement, il est sous le coup de la loi sur le terrorisme, en vertu de laquelle plusieurs Européens ont déjà écopé de la peine de mort.

Si l'on en croit les informations rendues publiques par la justice irakienne, il a fait des aveux détaillé à ses geôliers.

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