Brésil : après la victoire de Bolsonaro, les marchés veulent du concret

Auteur:
 
Par Johannes MYBURGH avec Jordane BERTRAND à Rio de Janeiro - Sao Paulo (AFP)
Publié le 29 octobre 2018 - 18:55
Image
La Bourse de Sao Paulo au Brésil, le 29 octobre 2018
Crédits
© Miguel SCHINCARIOL / AFP/Archives
La Bourse de Sao Paulo au Brésil, le 29 octobre 2018
© Miguel SCHINCARIOL / AFP/Archives

La Bourse de Sao Paulo a accueilli lundi avec prudence l'élection à la présidence du Brésil de Jair Bolsonaro, attendant avec impatience les premières mesures de son équipe ultra-libérale pour redresser une économie chancelante.

L'indice Ibovespa a terminé la séance en baisse, à -2,24%, après avoir pris plus de 3% à l'ouverture.

Le réal, la monnaie brésilienne, qui avait repris des couleurs à l'ouverture pour atteindre 3,60 réais pour un dollar, un plus haut depuis avril, s'est à nouveau déprécié, se négociant à 3,71 réais pour un dollar à la clôture.

Cette morosité contraste avec la forte réaction des marchés au lendemain du premier tour, le 7 octobre. La Bourse de Sao Paulo avait alors bondi de plus de 6% à l'ouverture et s'était maintenue à un niveau élevé, saluant le très bon score du candidat d'extrême droite (46%), qui avait frôlé l'élection dès le premier tour.

Lundi, au lendemin de la franche victoire de Jair Bolsonaro (55%) sur son rival de gauche Fernando Haddad (45%), les marchés étaient loin de l'euphorie.

Les analystes expliquaient ce recul par de nombreuses prises de bénéfices, mais aussi par l'expectative des marchés qui attendaient désormais l'annonce de mesures concrètes destinées à relancer une économie brésilienne en plein marasme.

La 8e économie mondiale et première d'Amérique latine souffre notamment d'un important déficit budgétaire et d'une faible croissance. Le pays compte 23 millions de pauvres et près de 13 millions de chômeurs.

"Le mouvement d'euphorie s'est déjà produit quand les sondages ont montré la consolidation de (l'avance de) Bolsonaro", a expliqué à l'AFP Rafael Cortez, de l'agence Tendencias. En un mois, la Bourse a ainsi engrangé 10%.

"Ensuite, les mouvements vont être conditionnés aux signaux effectifs que le gouvernement va envoyer en matière d'économie", a-t-il ajouté.

- Equipe économique et équipe politique -

Pour les investisseurs, la question cruciale reste la réforme des retraites et l'ampleur que sera prêt à lui donner le nouveau président afin de réduire la dette publique, qui atteignait 77% du PIB en juillet.

"Cela fait longtemps que le Brésil dépense plus qu'il ne récupère en recettes et les pensions de retraite sont la principale cause des dépenses publiques", souligne auprès de l'AFP Paulo Gama, analyste politique chez XP Investimentos.

"La réforme fiscale, la réduction du nombre de ministères sont importants mais, actuellement, la grande question est celle de la réforme des retraites et celle de savoir si le Congrès sera disposé à l'approuver", confirme Sergio Vale, analyste du cabinet de consultants MB Associados.

Dès dimanche soir, l'ultra-libéral Paulo Guedes, futur ministre de l'Economie, a pourtant donné des gages aux milieux d'affaires.

Il a réaffirmé la détermination du nouveau gouvernement à "accélérer le rythme des privatisations" et à engager dès janvier une révision du régime des retraites.

Mais cette réforme, que le président sortant Michel Temer a finalement renoncé à mettre en oeuvre pour ne pas aggraver une impopularité historique, pourrait s'avérer particulièrement épineuse.

Les analystes soulignaient aussi l'inconnue que représente un Congrès très fragmenté. Propulsé deuxième force politique avec 52 députés sur 513, le Parti social libéral (PSL) du président élu devra multiplier les alliances.

Pendant la campagne, l'équipe de Jair Bolsonaro a évoqué la mise en place d'un système par capitalisation, mais s'est gardée de donner des détails qui auraient pu lui coûter des voix.

"La premier point, c'est l'unité du discours entre le pôle économique et le pôle politique de son équipe", souligne Paulo Gama.

"Pendant la campagne, il y a eu un peu de contradiction entre ce que disaient les membres de son équipe économique et ce que disaient ceux de l'équipe politique. Maintenant que la page de l'élection est tournée, nous allons voir un peu plus clairement de quel côté cela va pencher", ajoute-t-il.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Lula
Lula Da Silva : une barbe cache-misère politique ou masque de l’autoritarisme ?
Luiz Inácio Lula da Silva est un personnage simple en apparence mais complexe en substance. Sous sa barbe blanche, ses fossettes et son sourire aux dents refaites, le ...
27 avril 2024 - 14:36
Politique
26/04 à 18:30
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.