Brésil : un Rio en pleine crise se cherche un nouveau gouverneur

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Par Anella RETA - Rio de Janeiro (AFP)
Publié le 24 septembre 2018 - 15:47
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Eduardo Paes, ancien maire de Rio de Janeiro et candidat au poste de gouverneur lors d'un débat télévisé, le 19 septembre 2018 à Rio
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© Mauro Pimentel / AFP
Eduardo Paes, ancien maire de Rio de Janeiro et candidat au poste de gouverneur lors d'un débat télévisé, le 19 septembre 2018 à Rio
© Mauro Pimentel / AFP

Au bord de la banqueroute et miné par l'insécurité, l'Etat de Rio de Janeiro, porte d'entrée du tourisme au Brésil, élit en octobre son nouveau gouverneur, avec l'ancien maire Eduardo Paes comme favori et la légende du football Romario en outsider.

"Ce n'est plus possible, Rio est dans un état calamiteux", a admis en février le gouverneur actuel Luiz Fernando Pezao.

Un aveu d'impuissance au lendemain du décret du président Michel Temer, qui a retiré aux autorités locales le commandement des forces de sécurité de cet Etat du sud-est du Brésil pour les confier à l'armée.

Avec 17,1 millions d'habitants, l'Etat de Rio est le troisième du Brésil en terme de population et le deuxième par la richesse.

Les jeux Olympiques de 2016 ont donné l'image d'une ville festive et dynamique, mais les habitants ont vite déchanté après le départ du gratin du sport mondial.

Les JO se sont déroulés sans incident majeur, mais l'insécurité s'est fortement aggravée par la suite, avec 6.731 meurtres en 2017, une hausse de 7,4% par rapport à 2016. Sans compter des dizaines de victimes de balles perdues, y compris de nombreux enfants.

Le vainqueur de l'élection (1er tour le 7 octobre et second le 28) héritera d'une dette de 10 milliards de réais (près de 2,1 milliards d'euros), malgré d'importantes recettes liées au tourisme et à l'industrie pétrolière.

Les fonctionnaires reçoivent souvent leurs salaires avec des mois de retard et les files d'attente des services de santé sont interminables.

"Ce sont des signes clairs de manque d'organisation et d'incapacité à assurer les services publics les plus essentiels", explique à l'AFP, Michael Mohallem, professeur de sciences politiques de la Fondation Getulio Vargas (FGV).

L'Etat de Rio est également miné par les scandales de corruption.

Luiz Fernando Pezao était vice-gouverneur de son prédécesseur Sergio Cabral (2007-2014), en prison depuis novembre 2016 pour une peine cumulée de plus de 180 ans de réclusion. Ce dernier a orchestré entre autres le détournement systématique de 5% du montant de tous les travaux publics.

Le Brésil est sorti d'une récession historique en 2017, avec une timide croissance de 1%, pourtant le PIB de l'Etat de Rio s'est contracté à nouveau cette année-là (-0,6%).

Le taux de chômage est l'un des plus élevés du pays, à 15,4% au deuxième trimestre, contre 12,4% au niveau national.

- Neymar soutient Romario -

Au total, 12 candidats briguent un "poste difficile, avec beaucoup de défis et un risque politique très élevé", pour Michael Mohallem.

Le dernier sondage de l'Institut Datafolha, publié jeudi dernier, place Eduardo Paes en tête des intentions de vote, avec 24%, devant Romario, en perte de vitesse avec 14%, contre 16% il y a un mois.

M. Paes, 48 ans, tente de capitaliser sur les années fastes de son passage à la mairie (2009-2016), dopées par les investissements massifs liés au Mondial-2014 et aux JO-2016.

Mais il est également stigmatisé pour avoir gouverné main dans la main avec Sergio Cabral, issu du même parti, le PMDB (aujourd'hui MDB, centre droit), formation de l'impopulaire président Michel Temer.

Romario, 52 ans, jouit naturellement d'une grande popularité pour avoir été un des plus grands footballeurs de l'Histoire.

En tant que joueur, il était célèbre pour son flair face au but, mais aussi pour sa forte personnalité, son goût pour la provocation et son arrogance.

Il s'est assagi depuis son entrée en politique, se distinguant même comme l'un des députés les plus assidus lors de son premier mandat au Parlement (2010-2014), avant de se faire élire sénateur lors des dernières élections générales. Mais il n'a aucune expérience de gestionnaire.

"Son manque d'expérience peut être pénalisant, mais peut aussi être vu avec bienveillance par une partie de l'électorat en quête de nouveauté", souligne Michael Mohallem.

Son image est toutefois ternie par des déboires avec la justice, pour une sombre affaire de dissimulation de patrimoine.

Il a reçu récemment le soutien de Neymar, la plus grande star actuelle du foot brésilien, mais dont l'image a aussi été écornée par sa prestation décevante au Mondial-2018.

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