Congé après la perte d'un enfant : Macron intervient, le gouvernement fait machine arrière

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Par Jessica LOPEZ, Anne Pascale REBOUL - Paris (AFP)
Publié le 01 février 2020 - 20:40
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Le président Emmanuel Macron, le 10 octobre 2019
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© Ludovic MARIN / AFP/Archives
Le président Emmanuel Macron, le 10 octobre 2019
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Emmanuel Macron est intervenu lui-même samedi pour faire cesser la polémique: après le refus initial d'allonger le congé après le décès d'un enfant, le gouvernement a admis une "erreur" et les députés LREM sont prêts à revoter.

Dans un rare rappel à l'ordre public, "le président a demandé au gouvernement de faire preuve d'humanité" sur le dossier, a indiqué l'Elysée.

De fait, cela revient à déjuger également la majorité, dont le vote jeudi à l'Assemblée nationale a suscité un tollé, de l'extrême gauche au patronat.

Suivant l'avis du gouvernement, les députés avaient rejeté une proposition UDI-Agir qui visait à porter de cinq à douze jours le congé d'un salarié venant de perdre un enfant.

La proposition a été retoquée de justesse par 40 voix contre 38, la majorité estimant notamment que le salarié endeuillé pouvait bénéficier de jours de congés offerts par ses collègues.

Le rapporteur Guy Bricout (UDI-Agir) avait jugé que cinq jours n'étaient "pas à la hauteur" pour "reprendre pied suite à la mort d'un enfant", en appelant à l'"humanité" de ses collègues. Il avait rappelé que chaque année en France, 4.500 enfants meurent avant d'avoir atteint la majorité.

La ministre du Travail Muriel Pénicaud avait alors mis en avant que le texte tel que rédigé ne reposait pas sur la solidarité nationale, mais sur un congé "payé 100% par l'entreprise".

Ces propos avaient soulevé l'indignation dans l'hémicycle. "On parle de la tragédie des tragédies", avait lancé François Ruffin (LFI), dénonçant une majorité "mesquine", tandis que Pierre Cordier (LR) dénonçait une "honte".

Vendredi matin, c'est le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, qui avait demandé un nouveau vote en faveur des douze jours.

- "amateurisme" -

Face à cette bronca, Muriel Pénicaud et le secrétaire d’État chargé de la protection de l'enfance, Adrien Taquet, avaient annoncé une "concertation" pour "déterminer les mesures pertinentes de soutien aux parents en cas de perte d'un enfant, y compris une meilleure organisation des congés".

La secrétaire d'Etat à l'égalité femmes-hommes, Marlène Schiappa, avait marqué son désaccord, disant à BFMTV souhaiter "qu'il y ait un nouveau vote, qui soit plus digne".

Après l'intervention samedi du chef de l'Etat, la réponse s'est accélérée. "Le gouvernement reconnaît une erreur qu'il entend rapidement corriger", a déclaré la ministre du Travail à l'AFP.

"Comme ministre et comme mère de famille, je crois qu’il n’y a pas de plus grand chagrin que la perte d’un enfant. Face au deuil, il faut du soutien psychologique et nous allons le renforcer. Mais il faut aussi un temps de répit", a-t-elle insisté.

Mme Pénicaud s'engage "à trouver dans les tous prochains jours les solutions pour faire passer ce temps de répit de 5 jours aujourd’hui à 12 jours".

Les députés LREM, qui ont reçu sur les réseaux sociaux de nombreux témoignages de parents souvent outrés, se sont dits "prêts à revoter rapidement".

Le vote ayant eu lieu en première lecture à l'Assemblée, "on proposera, pour la première lecture qui aura lieu au Sénat, quelque chose, j'espère que tous les parlementaires de tous les bords s'y rallieront", a précisé Mme Pénicaud samedi soir sur BFM TV.

"Le projet de loi tel qu'il était rédigé ne clarifiait pas comment c'était financé, solidarité nationale ou entreprise", a-t-elle expliqué, ajoutant: "on va recevoir les partenaires sociaux, les parlementaires pour trouver la solution". Elle a dénoncé les critiques sur le manque d'humanité du gouvernement, qui la "blessent beaucoup", a-t-elle dit.

Vice-présidente de LR, Virginie Duby-Muller a épinglé sur Twitter "un rétropédalage qui illustre une nouvelle fois un amateurisme du gouvernement".

Bruno Retailleau, patron des sénateurs LR, a lui indiqué aussi qu'il proposerait "à l’ensemble des groupes politiques du Sénat de déposer en commun et de voter cette proposition de loi", "une question d’humanité".

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