Paris : un restaurant accusé de "délit de faciès" par une actrice

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La rédaction de France-Soir
Publié le 26 mars 2019 - 15:51
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L'actrice Karidja Touré
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©Karidja Touré/Instagram
L'actrice Karidja Touré assure avoir été victime de discrimination à l'entrée d'un restaurant parisien.
©Karidja Touré/Instagram

Karidja Touré, jeune actrice qui a joué dans le film Bande de filles, assure avoir été victime d'un "délit de faciès" à l'entrée du Café de l'Homme, une restaurant du 16e arrondissement parisien. Elle pense porter plainte contre l'établissement qui réfute les faits.

Karidja Touré, 25 ans, a-t-elle été victime de discrimination à l'entrée d'un restaurant du 16e arrondissement parisien? C'est en tout cas ce qu'elle a assuré sur Instagram dimanche 24.

La jeune actrice que la France a découvert dans le film Bande de filles, s'est rendue avec deux amies au Café de l'Homme, sur la place du Trocadéro samedi 23.

Munies d'une réservation, elles étaient persuadées de rentrer sauf qu'elles ont tout de suite été arrêtée par un physionomiste "qui (leur) a clairement fait comprendre (qu'elles pouvaient) aller voir ailleurs".

"Il nous a humiliées et clairement manqué de respect", s'est insurgée la jeune femme qui a été interrogée par LCI et qui a été largement soutenue par sa communauté de fans.

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Elle a expliqué qu'une amie à elle avait réservé une table pour manger à 23h30. "Le Café de l’Homme a rappelé ma copine à 23h pour savoir si la réservation était toujours valable. Elle leur a répondu que nous aurions un peu de retard et qu’on viendrait boire un verre aux alentours de minuit. L’hôtesse a répondu que dans ce cas-là, nous n’avions pas besoin de réservation", a poursuivi l'actrice.

Les trois amies, deux jeunes femmes noires et une autre d'origine équatorienne "souvent prise pour une Arabe" a précisé l'actrice, sont donc arrivées face à l'établissement peu après minuit.

"On se dit bonsoir, il nous demande si on a une réservation. Je lui explique la conversation que mon amie a eue avant avec l’hôtesse (…) Pendant ce temps un Monsieur se présente, il dit qu’il rejoint des amis, lui rentre tout de suite. Le physionomiste se retourne vers nous et dit: «ça ne va pas être possible pour vous». Je lui réponds: «pardon, comment ça?». Je lui demande pour quelle raison et il répète «ça ne va pas être possible pour vous ce soir»".

L'homme ne les a ainsi pas laissé pénétrer à l'intérieur du restaurant, alors même que deux "femmes blanches" ont été immédiatement autorisées à pousser la porte.

Finalement un homme est sorti "du restaurant, il (s'est mis) à hurler". "Il nous dit qu’on peut aller dans d’autres établissements. Il nous humilie devant tout le monde. Ma copine lui demande de quoi il se mêle. Et il part avec un autre homme en rigolant. J’avais les larmes aux yeux. En allant le lendemain sur LinkedIn, on s’est rendu compte que l’homme qui nous a dit d’aller voir ailleurs était en fait le directeur de la salle", s'est souvenue Karidja Touré.

Elle a reçu de nombreux messages de soutien sur les réseaux sociaux. Des internautes, qu'elle a pris soin de garder anonymes, lui ont d'ailleurs confié des témoignages similaires, laissant entendre que la discrimination serait une affaire courante pour le Café de l'Homme.

Un utilisateur d'Instagram se présentant comme un ancien employé a d'ailleurs corroboré les faits.

"J'y ai bossé pendant quelques mois et je peux te dire que pour rien au monde je n'y retournerai", expliquait-il. "Ils sont mauvais, racistes et surtout ils volent les clients friqués en gonflant leur addition", assurait-il.

Une autre femme, expliquant avoir été hôtesse au Café de l'Homme a aussi contacté Karidja Touré. "J'ai tenu six jours. Aucune morale, du racisme à peine caché. J'avais un pantalon un peu trop serré Grégory (le directeur de l'établissement ndlr.) m'a dit «il va falloir arrêter de manger», je le connaissais depuis quelques heures à peine. Il nous forçaient à être en talons en travaillant en coupure donc 12/15 17/00h, une horreur absolue".

Le restaurant a réagi aux accusations de la jeune actrice et assuré qu'aucun responsable n'était présent au moment des faits.

"Après analyse des enregistrements téléphoniques et des vidéos de caméra-surveillance, il apparaît que notre version des faits diffère un peu de celle rapportée par Karidja Touré. Elle s'est présentée en avance en indiquant qu'elle ne souhaitait plus dîner mais prendre un verre. Le ton est monté entre elle et le physionomiste, qui travaille pour une boîte extérieure", a expliqué une porte-parole de l'établissement qui a concédé que l'homme "aurait dû garder son calme".

"Les responsables réfutent tout délit de faciès et assurent que leur restaurant est ouvert à tous et qu'ils souhaitent joindre Karidja Touré pour lui présenter des excuses", a-t-elle poursuivi. Pas sûr cependant que l'actrice, qui maintient ses dires, ne les accepte puisqu'elle songe à porter plainte.

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