"Colonia" : ancien nazi pédophile dans le Chili de Pinochet (VIDEO)

Auteur(s)
Jean-Michel Comte
Publié le 07 juillet 2016 - 19:11
Mis à jour le 22 juillet 2016 - 14:43
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Emma Watson Daniel Bruhl Film Colonia
Crédits
©Ricardo Vaz Palma/Rezo Films
Emma Watson et Daniel Brühl courent pour échapper aux militaires chiliens, mais en vain.
©Ricardo Vaz Palma/Rezo Films
Tiré d'une histoire vraie, le film "Colonia", qui sort ce mercredi, raconte la détention d'un photographe allemand pro-Allende pendant la dictature de Pinochet dans les années 1970, dans un camp caché du sud du Chili dirigé par un ancien nazi.

C'étaient, il y a quatre décennies, les années noires du Chili. Sous la dictature de Pinochet, une colonie agricole d'expatriés allemands dirigée par un ancien nazi, prédicateur catholique et pédophile, prospéra sans être inquiétée. L'histoire est racontée dans le film Colonia, du réalisateur allemand Florian Gallenberger, qui sort ce mercredi 20 sur les écrans français.

"D'après des faits réels", dit un panneau avant le générique de début du film, qui montre des bandes d'actualité de 1973, quand le général Pinochet renverse le président Allende et prend le pouvoir au Chili. Lena (Emma Watson), hôtesse de l'air de la Lufthansa, fait une escale de quatre jours à Santiago et y rejoint son petit ami Daniel (Daniel Brühl), photographe allemand installé dans le pays depuis quatre mois et militant pro-Allende actif. Elle débarque au moment où Pinochet prend le pouvoir.

Quelques heures plus tard, lors d'une descente de l'armée, Daniel est arrêté par la nouvelle police politique. Il est d'abord conduit dans un stade de la ville où sont rassemblés des centaines de prisonniers politiques, puis transféré dans un camp secret dans le sud du pays, la Colonia Dignidad, une secte agricole fondée une dizaine d'années auparavant par des expatriés allemands et dirigée par un ancien caporal nazi (Michael Nyqvist).

Celui-ci, prédicateur catholique et pédophile, qui se fait appeler "le saint-père", fait régner la terreur dans ce camp, où l'on torture en secret des prisonniers politiques. C'est dans cette prison dont personne n’est jamais sorti que Lena, qui se fait passer pour une religieuse, décide de rentrer pour tenter de retrouver son fiancé…

La Colonia Dignidad, créée au début des années 60 et dissoute 30 ans plus tard après la fin du régime militaire de Pinochet (1973-1990), a réellement existé, tout comme son chef, l'ancien caporal nazi Paul Schaefer, qui fut plus tard arrêté et condamné, avant de mourir en 2010.

"Le phénomène unique de la Colonia Dignidad -l’infâme secte allemande de Paul Schaefer au Chili- n’a cessé de m’intéresser depuis que j’en ai entendu parler il y a 30 ans", explique le jeune réalisateur Florian Gallenberger. "Très vite, j’ai ressenti une certaine fureur et une colère sur l’injustice faite à ces personnes innocentes qui étaient gardées captives dans la Colonie à leur insu. Aujourd’hui encore, j’ai toujours cette forte volonté de révéler au grand jour les incroyables injustices qui furent trop longtemps cachées par les Allemands aux autorités chiliennes".

Il s'est rendu sur les lieux, a rencontré d'anciens membres de la secte et d'anciennes victimes: "Je pense très sincèrement qu’aucune personne de l’extérieur ne s’est autant approchée que moi de ce que fut réellement la Colonia Dignidad", dit-il.

Baraquements et dortoirs, hommes et femmes séparés, travaux des champs, haut-parleurs dans la cour, salles de torture et couloirs souterrains, séances collectives de lavage de cerveau, membres de la secte se comportant comme des zombies, prédicateur tout-puissant et mère supérieure qui ressemble à la mère empaillée d'Anthony Perkins dans Psychose: la description du camp, qui ferait passer la Corée du Nord pour un village du Club Med, donne une impression d'irréel et de caricature. Mais ce sont les vraies photos de la vraie Colonia Dignidad, qui défilent au générique de fin, qui donnent le plus froid dans le dos.

"Cette situation scandaleuse s’est déroulée sur quasiment 40 ans et personne n’a voulu ou été capable d’arrêter Schaefer. Pourquoi? Il n’y a pas de réponse simple à cela. La vérité réside d’une part dans la psychologie de Schaefer et de ses victimes, et d’autre part dans l’utilisation et le mécanisme de la peur qui furent très intelligemment utilisés par Schaefer", explique le réalisateur, qui n'a pas voulu faire un documentaire mais un film à suspense, au final haletant.

Surtout, ajoute-t-il, "j’ai souhaité montrer ce système d’oppression, pas en l’expliquant ou en essayant de faire retirer une leçon aux spectateurs, mais plus en les emmenant dans le monde de Paul Schaefer, dans la Colonia Dignidad, et en les laissant ressentir la peur et la cruauté de ce système. C’est ainsi que la véritable morale de l’histoire ressortira".

(Voir ci-dessous la bande-annonce du film):

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