"Knight of Cups" : quand Terrence Malick se regarde filmer (VIDEO)

Auteur(s)
Jean-Michel Comte
Publié le 25 novembre 2015 - 01:02
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Cate Blanchett Christian Bale Film Knight of Cups
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©Metropolitan FilmExport
Cate Blanchett et Christian Balle: ils se sont aimés.
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Cinéaste rare et respecté des cinéphiles, le réalisateur américain Terrence Malick montre des images magnifiques mais raconte une histoire très hermétique dans son dernier film, "Knight of Cups", qui sort ce mercredi sur les écrans français.

C'est (très) beau mais (très) ennuyeux. Knight of Cups (ce mercredi 25 sur les écrans français), le dernier film de Terrence Malick, cinéaste américain de 71 ans devenu au fil des ans une icône pour les cinéphiles, est une magnifique coquille vide, un exercice de style vain, un pensum esthétique qui éclabousse les yeux mais ne monte pas jusqu'au cerveau.

Auteur de comédies qui vit à Santa Monica, Rick (Christian Bale) se pose des questions sur le sens de la vie, le sens de sa vie. "Il aspire à autre chose, sans savoir réellement quoi, et se demande quel chemin prendre", explique le synopsis du film. Il partage ses réflexions métaphysiques et existentielles avec le spectateur, en voix off, pratiquement seul élément sonore du film.

Alors Terrence Malick filme. Avec brio, maîtrise, sens inné de la beauté. On n'y comprend rien, on dirait du Jean-Luc Godard beaucoup mieux filmé, on admire les images mais cela pourrait durer 20 minutes ou 4 heures 20, le résultat serait le même.

Il y a un défilé impressionnant de jolies actrices, longilignes et souvent légèrement vêtues, les femmes de la vie de Rick. On dirait un casting pour Victoria's Secret: Cate Blanchett, Natalie Portman, Freida Pinto, Imogen Poots, Teresa Palmer, Isabel Lucas.

Il y a des jambes de femmes filmées sous l'eau des piscines, des chiens filmés sous l'eau des piscines, des enfants filmés dans des piscines, des fêtes hollywoodiennes au bord des piscines -on a l'impression que Terrence Malick a découvert les vertus d'une caméra sous-marine.

Il y a des personnages qui déambulent dans des décors de cinéma vides -fausses rues, faux bâtiments, fausses villes-, il y a des vagues qui n'arrêtent pas de s'échouer sur des plages, il y a de temps en temps un hélicoptère qui passe dans le ciel, il y a Antonio Banderas qui pointe le bout de son nez, il y a des bouts d'images sans lien, une caméra qui bouge beaucoup, des scènes très courtes, pièces d'un puzzle jetées en vrac sans but apparent d'être assemblées. "Les pièces de ta vie ne s'assemblent jamais. Elles sont éparpillées", dit la voix off de Christian Bale, en fin de film -comme un résumé de l'oeuvre.

Terrence Malick, s'entourant de mystère à la manière d'un J.D. Salinger ou d'un Thomas Pynchon, s'était fait rare depuis le début de sa carrière, avec peu d'apparitions publiques et quatre films en 32 ans, tous superbes et moments inoubliables de cinéma: La balade sauvage (1973), Les moissons du ciel (1978), La ligne rouge (1998), Le Nouveau Monde (2005). Puis après The Tree of Life, Palme d'or à Cannes en 2011, déjà plus hermétique, le cinéaste au génie plus grand que lui a accéléré le rythme avec A la merveille en 2012 et ce Knight of Cups, deux nouvelles étapes dans un esthétisme de plus en plus abscons, qui donnent envie de lui dire, avec respect et admiration: on se calme, on arrête de planer, on revient sur terre. On refait des films, pas seulement du cinéma.

(Voir ci-dessous la bande-annonce du film):

 

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