Les accointances du nazisme avec l'écologie : l'animal protégé en tant que tel [3/5]

Auteur(s)
Philippe Simonnot, journaliste pour FranceSoir
Publié le 08 avril 2021 - 12:58
Mis à jour le 07 avril 2021 - 22:47
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Accointances du nazisme et de l'écologie - par Philippe Simonnot
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Walther Darré, ministre de l'Agriculture à Goslar, le 13 décembre 1937
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FEUILLETON {3/5] - Les lois de protection des animaux édictées par le régime nazi en 1933 et 1934, complétées par une loi limitant la chasse  méritent d’être an analysées avec attention.

Du propre aveu de leurs auteurs, l’animal doit être protégé en tant qu’être naturel, pour lui-même, et non par rapport aux hommes, ce qui est en soi une révolution considérable que seule la deep ecology osera accomplir un demi-siècle après.

 « Le peuple allemand, explique le texte de loi, possède depuis toujours un grand amour pour les animaux […]. Et pourtant, c’est seulement grâce à la Direction national-socialiste que le souhait, partagé par de larges cercles, d’une amélioration des dispositions juridiques touchant la protection des animaux,  d’une loi spécifique qui reconnaîtrait le droit que possèdent les animaux en tant que tels à être protégés pour eux-mêmes a été réalisé dans lorsque faits ».

La différence avec les (rares) législations antérieures en vigueur dans d’autres pays, y compris en Allemagne, est capitale. Jusque-là, il s’agissait de ménager la sensibilité humaine face au sentiment pénible généré par le spectacle public de la souffrance animale. Le législateur nazi de 1933-34 dit tout autre chose : « la cruauté envers les animaux n’est plus punie sous l’idée qu’il faudrait protéger la sensibilité des hommes du spectacle de la cruauté envers les animaux, l’intérêt des hommes n’est plus ici à l’arrière-fond, mais il est reconnu que l’animal doit être protégé en tant que tel (wegen seiner slebst) ». On ne peut être plus explicite.

Du même coup le législateur nazi ne fera aucune différence ni entre animaux domestiques et animaux sauvages, ni entre animaux inférieurs et supérieurs, ni entre animaux utiles et nuisibles pour l’homme.

Le législateur nazi, en outre, examine avec beaucoup de soin les traitements infligés aux animaux à des fins culinaires ou scientifiques, pour les interdire. Ainsi du gavage des oies ou de la vivisection des animaux sans anesthésie en laboratoire, un bon demi-siècle avant que nos démocraties s’emparent de ces questions.  

La loi nazie s’intéresse aussi aux conditions d’alimentation, de repos, d’aération dans lesquelles il convient dorénavant, grâce aux bienfaits de la révolution accomplie par Hitler, d’organiser le transport des animaux depuis les champs ou  les étables jusqu'à la foire ou l’abattoir.  Ce haut dignitaire du régime national-socialiste, commissaire pour le renforcement de la race allemande, qui sera l’architecte de la « solution finale », Heinrich Himmler, en personne, proclamera que cette législation est une preuve du haut degré de civilisation de l’Allemagne nazie.  Lui-même établira des fermes organiques expérimentales pour cultiver des herbes médicinales susceptibles d’améliorer la santé  des SS, dont il était le chef suprême.

Comme on pouvait s’y attendre, le même texte réglementaires législateur nazi consacre un chapitre entier à la « barbarie » que manifeste l’abattage rituel pratiqué par les juifs. Nul doute qu’il eût dit la même chose des rites de l’Aïd, s’il avait eu à en traiter.

Cet appareil législatif ne pouvait que complaire à Hitler, lui-même végétarien. Le Führer détestait en effet la chasse et avait en horreur la souffrance animale.

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