De jeunes migrants hébergés par des bénévoles pour "réconfort et soutien"

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Par Margaux BERGEY - Paris (AFP)
Publié le 21 janvier 2018 - 13:37
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Des migrants ramassent leurs affaires après avoir dormi sur le sol, le 11 octobre 2017 à Saint-Denis, près de Paris
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© CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP/Archives
Des migrants ramassent leurs affaires après avoir dormi sur le sol, le 11 octobre 2017 à Saint-Denis, près de Paris
© CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP/Archives

Un soir près de Paris, Ahmad et Kamara préparent le dîner avec Charlotte. Scène banale ? Pour ces migrants de 16 ans arrivés en France voici trois mois et hébergés chez cette bénévole, c'est un peu de répit dans un exil ponctué de nuits sans toit.

"J'ai de la place chez moi et c'est inacceptable qu'ils dorment dehors": comme d'autres bénévoles, Charlotte loge de jeunes migrants dans son appartement au Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis) pour quelques jours ou semaines depuis juin 2017, via le collectif Paris d'Exil.

Elle a franchi le pas après avoir vu les conditions insalubres des migrants massés dans un campement dans le nord-est de Paris, près de la station de métro Stalingrad, évacué en novembre 2016.

"Je n'ai pas d'enfants, donc c'est marrant d'avoir des ados à la maison", dit joyeusement Charlotte. Ahmad, venu d'Afghanistan et Kamara, de Sierra Leone, (les prénoms ont été changés) seront ensuite accueillis par d'autres bénévoles pour ne pas retourner dormir dehors.

Selon le collectif d'aide aux migrants Paris d'Exil, entre 340 et 390 jeunes migrants vivent des les rues dans la capitale.

A Cachan (Val-de-Marne), ce sont deux Bangladais, Mohammed et Sanjay (les prénoms ont été changés), qui ont trouvé refuge pour la semaine chez David: ses deux enfants sont en garde alternée avec son ex-femme et une semaine sur deux, il a décidé d'être "hébergeur solidaire".

Les adolescents, arrivés récemment en France, parlent très peu anglais: pour communiquer avec David, ils se servent de Google Traduction avec leurs téléphones. Avant d'être accueillis chez des bénévoles, ils ont passé plusieurs nuits dehors.

Comme Charlotte, David a commencé à héberger des jeunes en avril 2017, après avoir été marqué par le campement du métro Stalingrad: "c'est une question d'humanité, surtout quand on voit les conditions d'accueil" des migrants.

"Ils ont fait un voyage long, dangereux et douloureux: en arrivant, ils se retrouvent dans des conditions d'accueil désastreuses", raconte-t-il.

- mineurs déclarés majeurs -

Kamara espère aller à l'école pour "être docteur". Mais pour reprendre sa scolarité, il doit attendre l'issue de son recours sur son âge devant un juge pour enfants.

Car si Kamara, Ahmad, Mohammed et Sanjay, disent être mineurs, les autorités les ont déclarés majeurs.

S'ils avaient été reconnus comme étant mineurs, ils auraient pu être pris en charge par l'Aide sociale à l'enfance. Déclarés majeurs, ils dépendent des dispositifs idoines, notamment le 115 qui d'après les associations refusent ces jeunes dont les papiers - souvent des extraits d'acte de naissance - les identifient comme âgés de moins de 18 ans.

Ils attendant donc un recours qui peut durer entre quatre et six mois, durant lesquels ils se trouvent souvent à la rue.

Selon la mairie de Paris, 6.676 évaluations ont été effectuées l'an dernier par le dispositif d'évaluation des mineurs isolés (Demie), géré par la Croix-Rouge et dépendant de la mairie de Paris, contre 2.000 en 2016.

"Ces évaluations sont très difficiles", d'après Dominique Versini, adjointe à la maire Anne Hidalgo en charge de la solidarité. "Il y a ceux qui sont de toute évidence mineurs. La plupart ont aux alentours de 17 ans et n'ont pas toujours de documents d'identité", dit-elle.

En 2016, 397 jeunes ont fait un recours devant un juge: 60 ont été requalifiés mineurs, d'après les chiffres de la mairie. "Il manque un centre d'hébergement pour les jeunes majeurs, l'Etat gagnerait à en créer", souligne l'élue.

Catherine Larré, du collectif Paris d'Exil qui fait héberger de 70 et 90 jeunes, voit l'hébergement solidaire comme "un moment de soutien et de réconfort pour préparer leur nouvelle vie et leur donner les clés pour s'adapter".

"Nous ne sommes pas là pour devenir pérenne: on veut que l'Etat prenne ses responsabilités", ajoute néanmoins Mme Larré.

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