La République démocratique du Congo, le nouveau champ de bataille de l'Etat islamique ?

Auteur(s)
Matteo Puxton, édité par Maxime Macé.
Publié le 17 juillet 2019 - 16:24
Mis à jour le 18 juillet 2019 - 15:50
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Etat islamique RDC
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Après la Libye, la Tunisie ou encore le Nigéria, l'Etat islamique s'est implanté en RDC.
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L'Etat islamique continue d'étendre ses métastases en Afrique. En avril dernier, le groupe djihadiste a revendiqué sa première attaque en République démocratique du Congo, Matteo Puxton, spécialiste des questions de défense et observateur de référence de l'Etat islamique, revient en détail pour France-Soir sur la création de cette nouvelle branche de l'organisation terroriste.

Depuis avril 2019, la propagande de l'Etat islamique (EI) revendique des opérations militaires en République démocratique du Congo (RDC). Ce week-end, une première vidéo de l'agence de propagande Amaq du groupe terroriste a été dévoilée sur cette branche congolaise du groupe djihadiste. Si toutes les questions à propos de la présence de l'EI en RDC n'ont pas encore trouvé leur réponse, il est toutefois certain que le groupe dispose bien d'une connexion avec une formation installée sur place et qui est reliée à l'appareil de propagande de l'organisation terroriste.

L'Etat islamique s'implante dans une région, l'est de la RDC, en proie aux violences depuis maintenant plusieurs décennies. Dans le territoire de Béni, au Nord-Kivu, on compte plus de 1.000 tués dans des attaques depuis octobre 2014, qui n'ont pas été revendiquées. Un des groupes ayant pris part à ces tueries est celui des Forces démocratiques alliées (FDA). Le groupe est peu connu car il y a peu de désertions -il a une discipline interne stricte- et il ne communique presque pas avec l'extérieur. Le Groupe d’étude sur le Congo, dans un rapport de novembre 2018, analyse le contenu de 35 vidéos publiées par un membre du groupe sur les réseaux sociaux en 2016-2017, et croise ces informations avec des témoignages des rares déserteurs et de la société civile locale, ce qui permet d'un dresser un portrait assez précis.

Il en ressort que les FDA, sous le nouveau nom de Madina at Tawheed Wal Mujahedeen, tentent de se raccrocher à d'autres groupes djihadistes d'envergure mondiale: les emblèmes arborés (drapeau) se rapprochent de ceux des Shebaab somaliens, d'al-Qaïda, ou de l'Etat islamique. L'arrestation d'une cellule financière du groupe terroriste au Kenya prouve pour la première fois des liens financiers entre les FDA et l'EI. Bien que des Ougandais semblent encore à la tête du groupe, les documents s'adressent à des interlocuteurs dans des langues variées: le kiswahili, le luganda, l’arabe, le français et le kinyarwanda. Le kiswahili et des dialectes congolais et tanzaniens sont les plus utilisés. On voit aussi deux Burundais dans les vidéos ce qui confirme la présence de combattants étrangers. Les femmes et les enfants jouent un rôle important dans l'organisation, participant aux combats, soignant les blessés. Si la dimension de l'islam radical est depuis longtemps présente chez les FDA, il semble qu'elle ait été un instrument pour faire face à des pressions militaires et qu'elle ait été accentuée, peut-être aussi en raison d'un changement de commandement.

Les FDA trouvent leur origine en Ouganda. Dans ce pays, le mouvement tabligh se développe depuis les années 1970 et reçoit un financement du Soudan après le renversement d'Imin Dada. Le tabligh ougandais se couple avec un mouvement salafiste local. Jamil Mukulu, chrétien né sous le nom de David Staven, se convertit à l'islam et part étudier en Arabie saoudite. D'autres sources disent qu'ils auraient rencontré Ben Laden durant son séjour au Soudan, et qu'il aurait été formé dans ce dernier pays et en Afghanistan/Pakistan.

Les musulmans ougandais se déchirent alors pour le contrôle des mosquées. En 1971, Imin Dada avait rassemblé les dirigeants musulmans dans un Conseil supérieur des musulmans ougandais (UMSC). En 1991, Mukulu s'associe à un sheikh qui veut prendre le contrôle de l'UMSC. L'élection d'une faction rivale met le feu aux poudres: Mukulu prend d'assaut le siège de l'UMSC à Kampala, dans la vieille mosquée, tuant plusieurs policiers. Arrêté, jeté en prison, il rencontre des déserteurs de l'armée ougandaise qui formeront l'encadrement des FDA. Libéré en 1994, Mukulu fonde le Mouvement des combattants ougandais pour la liberté (UFFM) à Hoima (ouest de l’Ouganda), soutenu par le Soudan. Le groupe est aussi appuyé au départ par les Emirats arabes unis et par l'Iran qui opère discrètement via une société basée en Afrique du Sud. Assiégé par l'armée, Mukulu fuit au Kenya, tandis que Yusuf Kabanda guide une partie du mouvement vers l'est de la RDC, toujours soutenu par le Soudan à partir de l'aérodrome de Bunia; le Soudan propose aussi des entraînements dans le Juba.

Sur place, Kabanda forme une alliance avec l’Armée nationale pour la libération de l’Ouganda (NALU), un groupe rebelle ougandais non religieux. On trouve aussi à la naissance des FDA d'autres groupes opérant dans l'est de la RDC: d'anciens membres des Forces Armées Rwandaises, des miliciens Interahamwe, des partisans d'Imin Dada... C'est en 1995 que Mukulu arrive en RDC pour prendre la tête des Forces démocratiques alliées. L'alliance est soutenue par le dirigeant congolais, Mobutu (qui permet aux FDA d'installer un camp d'entraînement à Buhira et leur QG à Béni, son armée assurant le soutien logistique du groupe), jusqu'à son renversement, auquel participe l'Ouganda, en 1996. Les FDA fuient alors les zones urbaines: une partie se réfugie dans les savanes au sud-est de Béni, une faction se lie avec les Vuba, communauté minoritaire dans le groupement Bambuba-Kisika, au nord de la ville de Béni. Plus tard, l'alliance collabore avec le mouvement rebelle congolais Rassemblement congolais pour la démocratie/Kisangani – Mouvement de libération (RCD/K-ML), actif dans la région.

Jamil Mukul, le chef spirituel des Forces démocratiques alliées.

Au départ, cette alliance entretient de bons rapports avec les populations congolaises mais lance des raids meurtriers en Ouganda, dès novembre 1996, tuant un millier de personnes et provoquant de vastes déplacements de population (150.000 personnes). Au début des années 2000, l'armée ougandaise investit de plus en plus de moyens pour déloger le groupe (1.500 à 2.000 FDA tués en 1999), coopte des membres de la NALU pour sa contre-insurrection. En 2005, l'armée congolaise, appuyée par la force de maintien de la paix de l'ONU, lance une première offensive majeure contre le groupe. Les Forces démocratiques alliées tentent en vain de se réinstaller dans l'ouest de l'Ouganda. Les négociations privent de plus en plus les FDA de soutiens locaux et étrangers. En 2007, le NALU fait la paix avec l'Ouganda et prive ainsi les FDA de leur allié principal. Dès 2003, les Forces démocratiques alliées appliquent de manière beaucoup plus stricte la charia, et commencent à s'en prendre à la population congolaise, souvent suite à des attaques de l'armée. Des documents retrouvés après la chute de Saddam Hussein montrent que l'Irak a appuyé, pour un temps très court, les FDA, face à l'Ouganda soutenu par les Américains. Le groupe est retranché dans deux camps principaux: près d’Isale, dans les contreforts des monts Ruwenzori, et à l’est de la ville d’Eringeti, dans la vallée de la Semuliki, dans le groupement de Bambuba-Kisiki, qui est lié aux chefs traditionnels Vuba.

Deux offensives de l'armée congolaise et de la force de l'ONU en 2010-2012 réduisent le groupe à 110 combattants, mais sans l'éradiquer. Des instructeurs étrangers, marocains et pakistanais, seraient même venus former les Forces démocratiques alliées en 2009-2010. Les FDA n'ont toutefois pas besoin du soutien étranger pour montrer une bonne cohésion tactique sur le plan militaire, dans la guérilla à l'échelle de l'escouade, de la section, voire de la compagnie. Une fois éliminé le mouvement M23 soutenu par le Rwanda, l'armée congolaise commence à lancer de grandes opérations contre les FDA à partir de décembre 2013, ce qui provoque le nouveau cycle de violences à partir d'octobre 2014. Le gouvernement congolais a préféré s'en prendre aux Forces démocratiques alliées plutôt qu'aux Forces démocratiques de libération du Rwanda, ce que demandait par exemple les Etats-Unis, parce que le groupe M23 avait tenté d'ouvrir un nouveau front dans la région de Béni, s'appuyant sur d'anciens réseaux rebelles. Les massacres impliquent au départ plusieurs acteurs: des officiers du RCD/K-ML, des milices Vuba et même des officiers de l'armée congolaise. Les FDA, pour assurer leur survie, en sont venus à déclarer une guerre "religieuse" contre l'armée congolaise.

On voit sur cette carte les deux zones où opèrent, en 2014, les FDA dans le Nord-Kivu. Source.

Les Forces démocratiques alliées ont particulièrement souffert des combats lancés en 2014. Elles ont perdu leurs bases principales, les cadres ont dû fuir dans la jungle, des combattants y meurent de faim: à la fin de l'année, il ne reste plus que 60-70 hommes opérationnels, selon des témoignages de déserteurs. En 2015, on évalue le groupe entre 150 et 260 hommes. Mukulu, qui dirigeait les FDA depuis 1995, a été arrêté en Tanzanie en 2015 et extradé en Ouganda. Musa Seka Baluku a pris la tête de la formation. Les massacres dans la région de Béni cessent en août 2016. Les FDA en profitent pour se réorganiser; dès cette année-là, le camp "Medina" aurait compté 200 à 300 personnes, dont des civils; en 2018, les effectifs sont au minimum de 450 à 500 personnes, voire beaucoup plus selon des déserteurs.

Le groupe recrute dès le début de la décennie 2010 non seulement dans l'ouest de l'Ouganda, mais aussi au Congo, au Rwanda, au Burundi et en Tanzanie. Les attaques reprennent en juin 2017: 315 tués jusqu'en septembre 2018, avec un ciblage des patrouilles militaires et de l'armée, ainsi que les casques bleus tanzaniens en décembre 2017 (15 tués). Il est difficile d'attribuer toutes ces attaques aux FDA qui ne les revendiquent pas; par ailleurs, d'autres groupes locaux comme les milices Vuba collaborent avec elles. L'armée congolaise relance l'offensive en janvier 2018: toutefois, les Forces démocratiques alliées sont cette fois mieux préparées, tendent des pièges, tuent des centaines de soldats selon l'armée elle-même, et si elles perdent leur camp principal à Mwalika, en février, elles n'ont fait que se déplacer vers un autre camp proche. En avril, les hélicoptères des Nations Unies doivent intervenir pour dégager un régiment congolais pris au piège dans la forêt. Les miliciens ont lancé, en 2018, plusieurs attaques dans la ville de Béni ou à proximité. Les réseaux constitués par Mukulu en son temps permettent aux FDA de se financer: les cellules de soutien principales sont à Nairobi, au Kenya, et à Tanga en Tanzanie.

Implantation des FDA (ADF en anglais) en 2018. Source: Groupe d’étude sur le Congo.

En 2018, les Forces démocratiques alliées se divisaient en deux factions principales: l’une dans le sud du territoire de Béni, dans la plaine inondable de la rivière Semuliki vers le village de Mwalika (qui s’écrit aussi Mughalika), et l’autre dans le fameux "Triangle de la mort", à l’est de la route menant de Beni à Eringeti. Certains sous-groupes sont devenus indépendants et n'obéissent plus au commandement "central". Le camp Mwalika est le point d'arrivée pour les nouvelles recrues et sert de pont d'approvisionnement vers l'Ouganda où le groupe se ravitaille en armes (l'AK-47 se négocie 20 dollars, la grenade à main 50 cents en 2015). Le commandement du groupe n'a pas changé: Bakulu reste le leader, Hood Lukwago dirige la force militaire. On trouve différents services, comme dans d'autres groupes armés islamistes. Les FDA ont aussi des écoles et une banque. Le groupe est toujours tenu, a priori, par les Ougandais. Les femmes, bien que cantonnées à un statut inférieur, sont formées au maniement des armes, voire participent au combat. Les Forces démocratiques alliées ont des liens avec la diaspora ougandaise musulmane, qui envoie de l'argent et aide même à débaucher des recrues.

L'arrestation de Waleed Ahmed Zein, financier de l'Etat islamique au Kenya, en juillet 2018, apporte pour la première fois la preuve de liens financiers entre l'EI et les Forces démocratiques alliées (une partie d'une somme globale de 150.000 dollars), qui semblent confirmés par des témoignages de déserteurs. En février 2018, sur le corps d'un combattant tué à Béni, l'armée congolaise a trouvé un livret de propagande de l'organisation terroriste. Dans la décennie 2000, l'armée congolaise trouvait déjà fréquemment des Corans ou des livrets islamistes sur les cadavres de membres des FDA. Dès 2012, les Forces démocratiques alliées avaient adopté le nom Madina at Tawheed Wal Mujahedeen, plusieurs années avant la naissance de l'EI, signe que le mouvement essayait d'attirer l'attention de djihadistes internationaux.

Toutefois, certains éléments mettaient le groupe en porte-à-faux vis-à-vis de cette orientation: collaboration avec des milices locales chrétiennes, comportements des combattants pendant les attaques, qui buvaient de l'alcool et pillaient à tout va. Cependant, les vidéos de propagande montrent que le groupe essaie de recruter à l'étranger, au-delà de la simple protection d'intérêts locaux: des Burundais y apparaissent, venus probablement de la communauté musulmane de Bujumbura. Le combattant tanzanien qui apparaissait dans une vidéo abondamment relayée par les partisans de l'Etat islamique en octobre 2017, Ahmad "Jundi" Mahamood, qui parlait arabe, avait étudié en Afrique du Sud avant de rejoindre les FDA. Son frère a été arrêté par l'Ouganda alors qu'il allait le rejoindre; d'autres hommes venus du Mozambique ou du Royaume-Uni ont également été interpellés avant de rejoindre les FDA. Le discours des FDA semble s'être radicalisé après les offensives de l'armée congolaise à partir de 2010: d'un combat contre l'Ouganda, politique, où des civils étaient massacrés dans ce contexte, on est passé à une lutte pour l'islam, tournée contre les populations congolaises qui servaient de soutien.

Waleed Ahmed Zein, le financier de l'EI qui a transféré des fonds en RDC.

Octobre 2017: un combattant des FDA, tanzanien, prend la parole dans une vidéo diffusée par le groupe et qui est abondamment relayée à l'époque par les partisans de l'EI.

Selon un rapport de l'Hiraal Institute de juillet 2018, un groupe islamiste radical opère dans les forêts du district de Kibiti en Tanzanie. Dès 2014, ils commencent à mener des assassinats ciblés contre des officiers de police, des politiciens et des membres locaux du gouvernement. Depuis une base dans les grottes d'Amboni, ce groupe monte des braquages de banques à Tanga et Dar as-Salam pour se financer. Les attaques connaissent un pic en 2017 et forcent le gouvernement à réagir. Suite à l'offensive gouvernementale, une fraction du groupe rejoint les FDA en RDC via la ville de Kigoma, tandis que l'autre, après avoir essayé de résister à l'armée, finit par rallier le groupe dit des Shebaab dans la province de Cabo Delgano au Mozambique, dont nous aurons à reparler puisque l'Etat islamique semble également avoir prise sur lui. L'arrivée de combattants tanzaniens expliquerait qu'un homme de ce pays, Ahmad "Jundi" Mahamood, apparaisse dans la vidéo d'octobre 2017. Mukulu, qui a été arrêté en Tanzanie en 2015, est d'ailleurs marié à deux femmes originaires de ce pays.

Des sources citées dans le rapport de l'Hiraal Institute font état de voyages de membres des Forces démocratiques alliées vers la branche libyenne de l'Etat islamique, voire même en Syrie, dès 2016, pour discuter d'une association. La création d'une wilayat (province) Afrique centrale, avec une antenne en RDC, par l'EI, peut au moins être datée d'août 2018. Ce mois-là, dans un discours audio, Abou Bakr al-Baghdadi mentionne pour la première fois une province Afrique centrale. Cela intervient un mois après l'arrestation des financiers de l'organisation salafiste au Kenya qui avaient envoyé des sommes en RDC, un mois aussi après la réorganisation du découpage territorial de l'EI (suppression des provinces en Syrie et en Irak pour ne garder qu'une province au nom du pays, reconnaissance de l'Asie orientale -Philippines etc-, de la Somalie comme provinces à part entière).

Le premier communiqué de revendication diffusé par l'Etat islamique est publié le 18 avril 2019: il annonce une attaque dans le secteur de Béni. L'attaque aurait visé une base de l'armée congolaise à Bovata, à 5 km de Kamango, près de la frontière ougandaise: trois soldats auraient été tués et cinq blessés. Reuters évoque deux soldats et un civil tués. Onze jours plus tard, le 29 avril, l'agence de propagande al-Furqan de l'Etat islamique diffuse la première vidéo montrant Abou Bakr al-Baghdadi depuis 2014. A la fin de cette vidéo, Baghdadi consulte des rapports d'activité par province, et on aperçoit une wilayat Afrique centrale parmi les dossiers qu'il prend successivement. Le lendemain 30 avril, le numéro 179 de la lettre hebdomadaire de l'EI al-Naba comprend un petit article revendiquant l'attaque du 18 avril, et montrant pour la première fois une photo des combattants dans la forêt, manifestant posant en train de faire la ba'yah (serment d'allégeance) à Baghdadi.

 

Première image de la province Afrique centrale de l'EI dans le numéro 179 d'al-Naba (30 avril 2019).

Le 5 mai, l'Etat islamique diffuse un premier reportage photo montrant la ghanima (butin) après une attaque sur l'armée congolaise. Le 8 mai, le groupe revendique une nouvelle attaque sur une caserne de l'armée congolaise. Le numéro 181 d'al-Naba (9 mai) comprend un nouvel article récapitulant les dernières attaques, et la photo du 5 mai.

Le 16 mai, une attaque est annoncée sur une caserne du village d'Andama dans le secteur de Béni: l'Etat islamique dit avoir tué trois soldats et en avoir blessé deux autres. Une autre attaque est revendiquée le lendemain contre l'armée congolaise, avec un tué et des blessés, sept missiles (sans doute des roquettes) récupérés ainsi que d'autres équipements. Une nouvelle attaque contre l'armée est revendiquée le 23 mai dans le secteur de Béni, et une autre près de Kamango. Dans le numéro 183 d'al-Naba (23 mai), on trouve un petit encadré résumant ces dernières opérations.

Le 30 mai, l'Etat islamique annonce des douzaines de tués et de blessés lors de combats dans le secteur de Béni contre l'armée congolaise mais aussi, cette fois, sur les troupes de l'ONU. Une image illustre le communiqué Amaq de revendication. Le numéro 184 d'al-Naba paru le même jour, le groupe djihadiste montre cinq cartes d'identité de soldats de l'ONU qui auraient été tués; au total le groupe annonce sept morts parmi les casques bleus et 12 au sein de l'armée congolaise, qui auraient essayé d'assaillir un camp du groupe. Quatre des cinq cartes d'identité montrées par l'EI appartiennent à des membres de la FIB (Force Intervention Brigade), la brigade d'intervention de la Monusco déployée par l'ONU. La dernière est celle d'un membre des GUASFOR (Guatemala Special Forces Contingent).

Le 31 mai, une autre attaque sur l'armée congolaise est revendiquée dans le secteur de Béni. Le 4 juin, dans le cadre de la "bataille d'usure" lancée par l'EI, la province Afrique centrale annonce 25 soldats congolais tués ou blessés dans le secteur de Béni. Le 6 juin, l'Etat islamique diffuse deux photos isolées, qui ne présentent pas la même forme que les reportages photos habituels de l'organisation djihadiste sur Telegram, montrant l'Aïd mettant fin au Ramadan en RDC. Le numéro 185 d'al-Naba paru le même jour comprend un encadré sur les dernières opérations dans le pays, et évoque pour la première fois le Mozambique, suivant le tout premier communiqué de revendication.

6 juin 2019: les combattants de la province Afrique centrale, en RDC, fêtent l'Aïd.

Le 16 juin, il revendique une attaque contre l'armée congolaise dans le secteur de Butembo. Une photo illustre la ghanima (butin) récupérée à cette occasion. Le numéro 187 d'al-Naba (20 juin) mentionne cette dernière opération.

16 juin: nouvelle image de ghanima (butin) après une attaque sur l'armée congolaise. On observe de nouveaux les lances-roquettes Type 69 et les mitrailleuses PKM.

Le 25 juin, une nouvelle attaque contre une caserne dans la région de Béni est revendiquée par l'Etat islamique. Le lendemain, une patrouille de l'armée congolaise est attaquée dans un village avec une série d'IED. Le numéro 188 d'al-Naba (27 juin) annonce neuf tués lors de la première des deux attaques parmi les soldats congolais.

Le 28 juin, l'EI annonce une nouvelle attaque dans la région de Béni contre l'armée. Le numéro 189 d'al-Naba (4 juillet) en fait rapidement mention.

Le 10 juillet, la province Afrique centrale revendique une nouvelle attaque contre l'armée congolaise dans le secteur de Béni, qui aurait tué trois soldats. Un reportage photo dans la même journée montre les documents d'identité d'un soldat congolais ainsi que deux fusils d'assaut capturés dont un Type 56.

Si la liaison entre l'Etat islamique central et le groupe en RDC ne fait maintenant aucun doute, plusieurs questions restent en suspens. L'EI a-t-il réussi à rallier le commandement central des FDA ou seulement une faction devenue indépendante précédemment? Quels moyens l'EI a-t-il mis exactement pour assurer la connexion avec ce groupe en RDC? L'EI diffusera-t-il une vidéo d'allégeance à Baghdadi comme les sept parues jusqu'ici dans la série lancée dans la seconde quinzaine de juin? Autant de questions, avec d'autres, auxquels les prochains mois apporteront sans doute quelques réponses.

Voir:

État islamique au Nigeria: le nouveau champ de bataille des djihadistes

Etat islamique au Nigéria: les djihadistes ont "tiré les leçons de l'expérience irako-syrienne"

L'Etat islamique au Grand Sahara accroît sa "visibilité" après l'attaque d'un camp militaire français

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