EPR de Flamanville : les soudures coûteront 1,5 milliard d'euros de plus

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Par Julien MIVIELLE - Paris (AFP)
Publié le 09 octobre 2019 - 12:30
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Graphique localisant les huit soudures défectueuses de l'EPR de Flamanville
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© Laurence SAUBADU / AFP
EPR de Flamanville
© Laurence SAUBADU / AFP

EDF compte utiliser des robots pour réparer des soudures du réacteur nucléaire EPR de Flamanville (Manche), une opération qui doit encore alourdir la facture du chantier de 1,5 milliard d'euros, pour atteindre 12,4 milliards d'euros.

L'électricien, qui vise maintenant un chargement du combustible fin 2022, a présenté mercredi sa solution privilégiée retenue pour effectuer les travaux complexes de réparation.

EDF avait planché sur trois scénarios pour réparer les soudures du réacteur de nouvelle génération, qui doivent être reprises à la demande de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN).

"Le scénario de reprise des soudures de traversées privilégié par EDF est l'utilisation de robots télé-opérés, conçus pour mener des opérations de grande précision à l'intérieur des tuyauteries concernées", a expliqué le groupe, qui dispose aussi d'une solution de repli. L'ASN doit valider la méthode retenue au plus tard fin 2020, avant un début des travaux.

Les réparations s'annoncent complexes, car elles concernent huit soudures difficilement accessibles, situées dans la traversée de l'enceinte de confinement, la grosse structure de béton qui doit retenir les éléments radioactifs en cas d'accident.

Ce scénario privilégié se traduit par "une date de chargement du combustible à fin 2022" et conduit "à réestimer le coût de construction à 12,4 milliards d'euros, soit une augmentation de 1,5 milliard", a souligné EDF.

Les problèmes à Flamanville ont conduit le gouvernement à commander à l'ancien PDG de PSA Jean-Martin Folz un audit, qui doit être remis le 31 octobre.

- "Plan B"-

"Le gouvernement ne peut pas se satisfaire de cette situation et attend des explications", a réagi mercredi le ministère de la Transition écologique, relevant que l'audit "devrait faire toute la lumière sur les causes des retards et écarts de coûts".

Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a déjà promis qu'il en tirerait "toutes les conséquences à tous les étages".

Le coût prévu de l'EPR était annoncé jusqu'à présent à 10,9 milliards, déjà trois fois plus que l'estimation initiale.

Le "plan B" - si la solution des robots n'était pas validée par l'ASN - est "fondé sur l'extraction et la remise à niveau dans les bâtiments auxiliaires de sauvegarde" pour les soudures problématiques.

Dans ce cas, cela conduirait "vraisemblablement à un délai supplémentaire de l'ordre d'une année et un coût supplémentaire de l'ordre de 400 millions d'euros", a indiqué Xavier Ursat, directeur de l'ingénierie et des projets "nouveau nucléaire" d'EDF, lors d'une conférence téléphonique. Mais il a jugé la probabilité "faible" d'avoir recours à cette solution alternative.

"EDF nous a consultés en amont pour choisir leur solution de réparation", a de son côté indiqué l'ASN, interrogée par l'AFP.

"Ils devront ensuite transmettre à l'ASN un dossier réglementaire, qui devra démontrer la conformité de l'équipement réparé. Il s'agira notamment de montrer que le procédé de soudage retenu permet d'atteindre les propriétés et le niveau de qualité requis", a-t-on poursuivi.

- "Moments difficiles" -

"Des essais seront ainsi réalisés pour qualifier le procédé", précise le gendarme du nucléaire.

L'affaire des soudures est une énième déconvenue pour l'électricien, qui prévoyait ces dernières années de démarrer l'EPR de Flamanville fin 2019 pour une mise en service commerciale en 2020, quand le calendrier initial tablait sur 2012. Mais EDF avait déjà prévenu cet été que le démarrage n'aurait pas lieu avant fin 2022.

A la Bourse de Paris, l'action EDF perdait 1,80% à 9,368 euros mercredi à la mi-journée, dans un marché en hausse de 0,55%.

EDF rencontre aussi des difficultés sur son chantier anglais. Il a récemment annoncé un nouveau surcoût pouvant aller jusqu'à 3,3 milliards d'euros pour les deux réacteurs EPR qu'il construit à Hinkley Point C.

Le PDG d'EDF Jean-Bernard Lévy a promis début octobre des "décisions concrètes" sur la filière nucléaire pour "collectivement tirer les leçons de cette situation".

"Il ne faut pas se voiler la face, la filière nucléaire française vit des moments difficiles, parce que s'accumulent des problèmes de qualité industrielle dans la réalisation des chantiers. De ce fait, les devis, les délais ne sont pas respectés", a-t-il reconnu.

L'hypothèse d'un abandon du chantier de Flamanville avait été abordée en conseil d'administration il y a quelques mois, mais jamais vraiment envisagée par l’État, qui contrôle le capital de l'entreprise.

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