Faillites et suicides agricoles : le travail de fourmi de Solidarité Paysans

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Par Isabel MALSANG - Paris (AFP)
Publié le 22 février 2019 - 19:47
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Un agriculteur moissonne son champ, le 16 août 2016 à Gace, dans l'Orne
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© JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP/Archives
Un agriculteur moissonne son champ, le 16 août 2016 à Gace, dans l'Orne
© JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP/Archives

Face aux difficultés financières des agriculteurs, débouchant parfois sur des suicides, l'association Solidarités Paysans, parvient à remettre le pied à l'étrier de plus de la moitié des 3.000 familles qu'elle accompagne chaque année, indique à l'AFP son vice-président Jean-François Bouchevreau.

Q: Alors que l'élu de Marmande, Patrick Maurin, a achevé vendredi à Paris, à la veille du salon de l'Agriculture, une marche de près d'un mois pour dénoncer les suicides dans le monde agricole en France, pouvez-vous expliquer quelle est votre action ?

R: Nous sommes un réseau associatif de 1.000 bénévoles et 80 salariés, implanté dans la quasi-totalité des départements français. Nous défendons et accompagnons les agriculteurs en difficulté sur le plan juridique auprès de leurs créanciers, mais aussi sur le plan humain et familial pour les aider à faire valoir leurs droits sociaux et à sortir de l'isolement. Plus de la moitié des personnes que nous accompagnons se maintiennent dans leur emploi, parfois réorientés vers d'autres types de production. Il existe des structures d'écoute mises en place par la Mutualité sociale agricole (MSA) notamment. Mais notre action va au-delà de l'écoute. Nous travaillons avec les assistantes sociales, avec les créanciers, les tribunaux. Nous fonctionnons en binôme pour pouvoir échanger entre nous, et souffler lorsque les situations sont trop dures. Nous essayons de tuer les idées reçues du type: +ils ont trop investi, ils ont des outils démesurés+. Les agriculteurs sont obligés de s'endetter pour produire aujourd'hui. Le surinvestissement n'est pas une responsabilité individuelle, mais collective, car tout les pousse à investir.

Q: En l'absence de nouvelles statistiques globales depuis 2011, constatez-vous une augmentation des burn-out et suicides chez les agriculteurs ?

R: Nous n'avons pas de données chiffrées. Quand ils viennent nous voir, ils sont au bout du rouleau, et ont déjà tout essayé, parfois endettés à plus de 100% de leur capital. Le nombre de suicides ne veut pas dire grand chose, car il y a beaucoup de sous-déclarations lors des décès. Sinon les familles ne sont pas indemnisées par les assurances qui n'assurent pas les suicides. Mais on sait qu'il y a au moins deux suicides par semaine dans le monde paysan, et aujourd'hui nous suivons plus de familles qu'il y a 30 ans, lorsque l'association a été créée, alors qu'il y avait beaucoup plus d'agriculteurs à l'époque. Il n'y a pas de profil type, même si les difficultés semblent toucher davantage l'élevage que l'agriculture. Nous accompagnons des jeunes installés depuis moins de cinq ans, et des gens qui sont en maraîchage bio et ne parviennent pas à valoriser suffisamment leurs produits.

Q: Quel est le cas de faillite qui vous a le plus marqué dans tous ceux que vous avez suivis ?

R: C'est l'un des derniers: un éleveur de vaches charolaises qui a subi entre autres la faiblesse des cours de la viande, et sur le plan personnel, un divorce. Il avait déjà monté un plan de redressement aidé par un juriste, mais n'est pas parvenu à s'en sortir.

im/fka/eb

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