Harcèlement sexuel : semaine inédite de dénonciations, mais quelles suites ?

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Par AFP
Publié le 20 octobre 2017 - 17:25
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De Los Angeles à Paris, ou de Montréal à Stockholm, aucun milieu social ou professionnel n'échappe depuis une semaine à la dénonciation du harcèlement sexuel par les femmes. Reste à savoir si cet emballement, né de l'affaire Weinstein, conduira à modifier les comportements.

Des centaines de milliers de témoignages sur les réseaux sociaux, sous les mots-clés #balancetonporc, #metoo et leurs variantes étrangères, des flots de commentaires, d'articles de presse, de débats... Après les révélations d'actrices sur le producteur américain, le harcèlement sexuel, et plus généralement les agissements sexistes, ont connu un retentissement inattendu.

"Il y aura un avant et un après #balancetonporc", prédit la militante féministe Caroline De Haas auprès de l'AFP, car "si beaucoup de femmes n'ont pas témoigné, elles ont forcément été impactées".

Des bancs de l'Assemblée, où le sujet a dominé les questions au gouvernement mercredi, à la télévision, qui a consacré de nombreux débats et reportages au harcèlement, en passant par des remises en cause de pratiques au sein des entreprises, cette mobilisation a bousculé.

Partie de célébrités dénonçant Harvey Weinstein, accusé de harcèlement sexuel et viol, elle a fait tâche d'huile avec les témoignages d'autres femmes célèbres (Björk, Alyssa Milano...) et anonymes sur leurs agressions.

- "Déni" de la société -

"L'ampleur des témoignages et leur démultiplication sur les réseaux sociaux sont des nouveautés : c'est le résultat d'un travail militant, associatif et intellectuel, sur plusieurs décennies", analyse pour l'AFP Christine Bard, historienne du féminisme, professeure à l'Université d'Angers. "Toutes ces femmes, de partout, qui disent la même chose, brisent le silence et la logique individuelle qui fait croire qu'on est seule à avoir peur, cela fait chaud au cœur".

Preuve de l'ampleur de ces agissements, les associations d'aide aux victimes ont été particulièrement sollicitées, notamment le service Viols femmes informations (0.800.05.95.95) où le standard a "explosé", a dit à l'AFP Emmanuelle Piet, présidente du Collectif français contre le viol (CFCV), qui gère la ligne.

Après une semaine de "grande euphorie", Caroline De Haas se dit, elle, "en train de redescendre".

"L'ampleur de la résistance et la violence des commentaires suite aux témoignages, révèlent un déni de notre société, des individus et des responsables politiques vis-à-vis du harcèlement sexuel", déplore-t-elle. Et elle appelle à des rassemblements le 25 novembre, Journée internationale pour l'élimination des violences faites aux femmes.

- "Colère légitime, trop longtemps contenue" -

"Cela suscite des réactions hostiles, forcément. Dès qu'il y a une avancée du féminisme, un contre-mouvement s'active et on sait qu'une partie de l'opinion est antiféministe. Ce qui rassure, c'est le dynamisme, la jeunesse et la pluralité des féminismes d'aujourd'hui", ajoute Christine Bard. "Peu importent les mots choisis, +balance+, +porc+, il ne faut pas s'arrêter à ça; ils expriment une colère légitime, trop longtemps contenue."

Le gouvernement prépare pour 2018 un projet de loi contre les violences sexistes et sexuelles. L'aspect le plus débattu est une verbalisation du harcèlement de rue,​ zone grise que le législateur devra définir.

Interrogé dimanche soir, le président Emmanuel Macron a annoncé une "procédure de verbalisation plus simple", déplorant qu'"aujourd'hui, bien souvent, on ne va pas porter plainte, parce qu'on n'ose pas".

Selon un sondage Odoxa-Dentsu pour Le Figaro et Franceinfo, publié vendredi, 53% des femmes interrogées disent avoir été victimes d'agression sexuelle et/ou de harcèlement sexuel.

Concernant le hashtag "#balancetonporc", 61% des femmes et 52% des hommes pensent que c'est "une bonne chose". Mais 38% des femmes et 47% des hommes le considèrent comme une "mauvaise chose", n'y voyant pas "de vrais témoignages mais des dénonciations non vérifiées qui peuvent donner lieu à tous les dérapages".

Après Weinstein, des personnalités publiques et politiques ont en effet été citées. En France, M6 suspendu la diffusion de "La France a un incroyable talent", à la suite d'allégations de harcèlement et d'agressions sexuelles visant le producteur canadien Gilbert Rozon, pilier du jury de l'émission.

Dans l'Express, la fille de l'ex-ministre Eric Besson, Ariane Fornia, a accusé l'ancien ministre et membre du Conseil constitutionnel Pierre Joxe de l'avoir agressée sexuellement au printemps 2010. Un "mauvais canular", selon ce dernier.

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