Infections nosocomiales : le danger au bout du bistouri

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Par Brigitte CASTELNAU - Paris (AFP)
Publié le 04 juin 2018 - 17:44
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Un patient hospitalisé sur vingt est touché par au moins une infection nosocomiale et la part de celles qui sont liées à une opération chirurgicale augmente, selon une enquête sur ces infections qui font 4.200 morts par an.

"On estime que 4.200 décès sont liés à des infections nosocomiales chaque année", a déclaré le docteur Bruno Coignard, responsable de la direction des maladies infectieuses de l'agence sanitaire Santé publique France, lundi en dévoilant cette enquête.

La proportion des patients infectés est stable entre 2012 et 2017 alors qu'elle avait diminué de 10% entre 2006 et 2012, selon cette 6e enquête réalisée un jour donné auprès de 403 établissements de santé. Ces enquêtes sont réalisées tous les cinq ans depuis 1990.

Au sein de ce total, la part des infections liées à une intervention chirurgicale est en hausse, selon l'enquête. Elle passe de 2012 à 2017 de 13,5% à 16% du total, arrivant ainsi au deuxième rang - contre le 3e auparavant - des infections nosocomiales les plus courantes, derrière les infections urinaires (28%) et devant les pneumonies (15,5%).

L'âge est un facteur de risque, rappelle le Dr Anne Berger-Carbonne de l'agence sanitaire. Mais en chirurgie, le tabagisme, l'obésité, l'hypertension artérielle ou le diabète favoriseraient ces infections.

Les deux bactéries les plus fréquemment responsables d'infections nosocomiales (associées aux soins) contractées au cours d'un séjour à l'hôpital sont Escherichia coli (près d'un quart des infections), au premier rang, et le staphylocoque doré (13%) au deuxième, précise-t-elle.

Les infections nosocomiales sont davantage constatées dans les services de réanimation (un patient infecté sur quatre) qui soignent des patients plus vulnérables et exposés à des dispositifs invasifs (cathéter, assistance respiratoire, sonde urinaire) qui augmentent les risques.

- Rumeurs -

Sur le plan chirurgical, il y a une marge de progression en accentuant la prévention de ces infections graves, en particulier pour les prothèses de genou ou les opérations de varices, note le Dr Coignard.

"Les antibiotiques font partie du problème", explique le Dr Coignard. Près d'un patient hospitalisé sur sept reçoit un traitement antibiotique, une proportion qui diminue très légèrement par rapport à 2012, ce qui est une bonne tendance. L'usage inconsidéré des antibiotiques peut en effet les rendre inefficaces.

Mais en revanche, il serait bien de faire mieux respecter l'administration recommandée de la dose d'antibiotique en prévention avant une opération: elle n'est pas donnée systématiquement par certains, donnée trop tard ou trop tôt, ou pas avec la bonne molécule...

Cette photographie des infections nosocomiales en France montre également que les infections dues aux staphylocoques dorés résistants à l'antibiotique méticilline continuent à diminuer.

La proportion des patients infectés par ce germe résistant aux antibiotiques baisse de 7,5% entre 2012 et 2017. "Cela montre que les efforts quotidiens dans les hôpitaux, notamment d'hygiène des mains, portent leurs fruits", remarque le Dr Coignard.

Mais parallèlement les infections dues à certaines entérobactéries résistantes aux antibiotiques (dites "EBLSE"), liées aux "excreta" (selles...) augmentent. Et elles sont plus difficiles à combattre.

Les infections nosocomiales surviennent également dans les soins de ville et les Ehpad. D'où la nécessité d'élargir la surveillance et la prévention de ces infections au-delà des hôpitaux et cliniques, souligne le Pr Jean-Christophe Lucet, président d'un comité d'experts auprès de l'agence sanitaire.

Le Dr Pierre Parneix, président de la société française d'hygiène hospitalière, déplore par ailleurs le "bad buzz" sur les solutions hydro-alcooliques, qui servent à se désinfecter les mains entre chaque patient.

Selon lui, des soignants refusent de s'en servir sous prétexte qu'elles seraient nocives, selon de fausses rumeurs véhiculées sur les réseaux sociaux. Un phénomène "qui ne touche que la France", assure-t-il.

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