La France garde son attrait économique, un argument électoral pour Macron

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Par Boris CAMBRELENG - Paris (AFP)
Publié le 06 juin 2021 - 22:00
Mis à jour le 07 juin 2021 - 18:40
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La France reste le pays d'Europe le plus attractif pour les investisseurs, selon une étude dont le gouvernement s'est immédiatement saisi pour défendre la politique économique d'Emmanuel Macron et agiter la menace d'une victoire de l'extrême droite à la présidentielle de 2022.

Pour la deuxième année de suite, la France est restée en 2020 le pays européen qui a attiré le plus d'investissements directs étrangers, à 985 projets, malgré une forte baisse sur fond de crise du Covid-19, selon une étude annuelle publiée lundi par le cabinet EY.

Les investisseurs interrogés estiment que la France a "relativement bien défendu son attractivité" notamment "grâce aux mesures de soutien et au plan de relance" annoncé à l'automne dernier. Ils sont près de la moitié à trouver celui-ci plus performant que dans les autres pays européens.

Ces conclusions sont un bon signe pour le président Emmanuel Macron, qui voit ses choix confortés en matière de politique économique à moins d'un an de l'élection présidentielle de 2022. Sur Twitter, il a salué lundi "une excellente nouvelle avec des répercussions concrètes: plus d'emplois créés (+ 30.000!) (et) plus de relocalisations, notamment dans l'industrie".

"Les baisses de l'impôt sur les sociétés et sur le capital, et, depuis cette année, la baisse des impôts de production créent une nouvelle fiscalité stable et attractive pour les entreprises", a aussi indiqué à l'AFP le ministre de l'Economie Bruno Le Maire.

La ministre déléguée à l'Industrie Agnès Pannier-Runacher a, elle, porté le débat sur le terrain politique en estimant que la France ne garderait pas un tel attrait si M. Macron - pas officiellement candidat pour le moment - n'est pas réélu président.

"Si le président Macron passe une deuxième fois, il y aura un enthousiasme pour continuer à investir en France mais c'est quelque chose de fragile", a-t-elle jugé sur LCI.

Mme Pannier-Runacher a explicitement visé l'extrême-droite et le Rassemblement national, dont la candidate Marine Le Pen est donnée par les instituts de sondage au second tour face au président actuel.

"Le RN, par son programme qui, notamment, ferme en quelque sorte les frontières, (n'est) clairement pas une chance pour l'emploi en France", a estimé la ministre. Ajoutant que des investisseurs lui faisaient déjà part d'inquiétudes "très discrètes", de nature à les faire attendre au-delà de la présidentielle pour relocaliser des sites en France.

- Essor dans la pharmacie -

De fait, si la France garde la tête en matière d'attractivité, c'est de justesse. Avec une baisse de 18% des investissements étrangers, elle subit un recul plus marqué que le Royaume-Uni (-12%), qui talonne la France avec 975 projets, tandis que l'Allemagne (930 projets) a limité son recul à 4%.

Cette nette baisse a toutefois d'autres raisons que les incertitudes politiques. Selon EY, il faut surtout y voir le poids dans l'économie française de trois secteurs très exposés à la crise du Covid-19: l'aéronautique, l'automobile et le tourisme.

Dans le détail, les équipements industriels et le secteur transport et logistique ont souffert avec un nombre de projets presque divisé par deux. Le numérique a aussi subi une nette baisse même s'il reste en tête des projets. A l'inverse, les projets ont plus que doublé dans la pharmacie, passant de 26 à 58.

L'approche de la présidentielle ne coupe, par ailleurs, pas toutes les envies de relocalisation. Près d'un cinquième des dirigeants étrangers installés en France affirment qu'ils vont y installer des activités tout de suite ou dans les prochains mois. Au-delà, ils sont plus de la moitié à l'envisager au cours des trois prochaines années, quand bien même la crise sanitaire a mis en lumière des fragilités d'approvisionnement.

"C'est énorme", estime Christophe Lecourtier, directeur général de Business France, l'agence chargée d'informer et d'accompagner les investisseurs étrangers. Pour lui, il y a aujourd'hui "une tendance à essayer de mieux répartir ses fournisseurs, ses sous-traitants, les intrants, de manière à ne pas être dépendants d'un seul pays" comme la Chine.

EY a recensé au total 5.578 projets d'investissements directs étrangers dans 44 pays européens sur l'année 2020. Le cabinet a aussi conduit des entretiens avec 200 dirigeants de groupes internationaux de tous secteurs implantés en France et en Europe, et organisé trois ateliers avec plus de 40 dirigeants d'entreprises étrangères implantées en France.

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