Les Australiens disent "oui" au mariage gay

Auteur:
 
Par AFP
Publié le 15 novembre 2017 - 05:52
Image
Des personnes passent devant un immense panneau d'affichage pour le "oui" au mariage gay à Sydney le
Crédits
© William WEST / AFP
Des personnes passent devant un immense panneau d'affichage pour le "oui" au mariage gay à Sydney le 14 bovembre 2017
© William WEST / AFP

Les Australiens ont résolument dit "oui" au mariage gay lors d'un vote consultatif qui a suscité mercredi des scènes de liesse à travers le pays tandis que la classe politique prenait immédiatement des mesures pour l'entériner par la loi.

A l'annonce des résultats du vote postal, des milliers de partisans du mariage entre personnes du même sexe sont descendus dans la rue et dans les parcs de l'immense pays pour danser et chanter sous des nuages de confettis.

"Cela veut tout dire, cela veut tout dire", s'exclamait Chris lors d'une manifestation géante à Sydney. Il avait du mal à contenir ses larmes en prenant son conjoint Victor dans les bras.

"C'est fantastique. Je suis avec mon partenaire depuis 35 ans et il était si heureux qu'il a fondu en larmes", expliquait Gerry Boller.

Près de 62% des 12,7 millions de personnes ayant participé à la consultation non contraignante et qui a duré deux mois, ont répondu par la positive à la question suivante: "la loi doit-elle être modifiée pour autoriser les couples de même sexe à se marier?".

Le "non" a recueilli 38,4% des suffrages tandis que le "oui" l'a emporté dans chacun des Etats et territoires du vaste pays-continent, d'après le Bureau australien des statistiques, organisateur du scrutin.

Alan Joyce, patron d'origine irlandaise de la compagnie aérienne Qantas qui n'a jamais fait mystère de son homosexualité, avait également du mal à retenir ses larmes.

- 'Fier de l'Australie' -

"J'étais si fier de l'Irlande qui a voté pour l'égalité devant le mariage en mai 2015. Mais aujourd'hui, je suis encore plus fier de l’Australie, le pays que j'ai choisi".

Le Premier ministre Malcolm Turnbull a souhaité que la loi soit modifiée rapidement. Le chef du gouvernement, personnellement favorable au mariage gay, avait organisé cette consultation pour faire pression sur les parlementaires hostiles à la réforme, pour la plupart issus de son propre camp conservateur.

Les Australiens "ont voté oui pour la justice, l'engagement et l'amour", a-t-il dit. "Maintenant c'est à nous au Parlement australien de nous retrousser les manches. De faire ce boulot que les Australiens nous ont chargé de faire, de le faire cette année, avant Noël. Cela doit être notre engagement".

De fait, le sénateur gay Dean Smith, membre du Parti libéral de M. Turnbull, a d'ores et déjà déposé une proposition de loi pour légaliser le mariage gay tout en permettant à certaines organisations religieuses de refuser de marier les couples homosexuels si elles sont contre le principe.

Les tenants de la ligne dure du camp conservateur vont tenter d'obtenir des concessions, comme autoriser les organisateurs privés de mariages à refuser des couples homosexuels.

Ils sont soutenus par la communauté musulmane et les chrétiens conservateurs, chez qui le "non" a obtenu de beaux succès.

- Divisions -

L'Australie semble ainsi partie pour tourner la page après des années d'impasse politique

Selon un sondage réalisé auprès des parlementaires fédéraux par le groupe de médias Australian Broadcasting Corporation, 72% des membres de la Chambre des représentants et 69% des sénateurs voteraient pour changer la loi.

Les anti-mariage gay ont cependant prévenu qu'ils ne lâchaient pas l'affaire.

"En démocratie, ce n'est pas parce qu'on gagne qu'on peut avancer comme un bulldozer", a déclaré le sénateur Eric Abetz.

"Il faut se rappeler qu'il y a 4,8 millions d'Australiens qui ont en fait voté non. Est-ce qu'on va refuser de les entendre? Ou va-t-on tenter d'apaiser leurs craintes afin de pouvoir avancer en tant que nation?"

Si le vote constitue une victoire historique au yeux des défenseurs des droits LGBTIQ (lesbiennes, gays, bisexuels, trans, intersexes et queer), il a aussi révélé de profondes divisions sociétales.

Les militants du "oui" ont déclaré qu'il avait déchaîné sur les gays des discours de haine, ceux du "non" se sont plaints d'être accusés de bigoterie.

Avant même l'envoi du matériel de vote en septembre, le débat avait pris une tournure nauséabonde avec des affiches "Arrêtez les pédés" à Melbourne et des tracts décrivant l'homosexualité comme étant une "malédiction de la mort" à Sydney.

Le sujet a divisé jusqu'à certaines familles. L'ex-Premier ministre conservateur Tony Abbott a milité de toutes ses forces pour le "non", à l'inverse de sa soeur Christine Forster qui est lesbienne.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
bayrou
François Bayrou, baladin un jour, renaissant toujours
PORTRAIT CRACHE - François Bayrou, député, maire de Pau et plusieurs fois ministres, est surtout figure d’une opposition opportuniste. Éternel candidat malheureux à la...
20 avril 2024 - 10:45
Politique
26/04 à 18:30
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.