Les bulldozers à Pampelonne pour une plage plus sauvage

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Par Claudine RENAUD - Saint-Tropez (France) (AFP)
Publié le 19 octobre 2018 - 16:51
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Les bulldozers à l'oeuvre sur la plage de Pampelonne à Ramatuelle, le 18 octobre 2018
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© Christophe SIMON / AFP
Les bulldozers à l'oeuvre sur la plage de Pampelonne à Ramatuelle, le 18 octobre 2018
© Christophe SIMON / AFP

"C'est très désagréable pour nous, mais la plage sera très belle l'hiver": Patrice de Colmont, comme les autres plagistes de Pampelonne, s'apprête à démolir une partie de son établissement, le "Club 55" qui a accueilli Brigitte Bardot et Roger Vadim en tournage.

Épilogue d'un long bras de fer entre Etat, associations, plagistes et élus, l'arrivée cette semaine des premiers bulldozers ne rendra pas sa virginité à ce rivage mythique de la presqu'île de Saint-Tropez, 4,5 km de sable devenu un pôle balnéaire mondial, mais il sera plus sauvage, surtout l'hiver.

En partie épargné, le "Club 55" va conserver son restaurant-bar, en lisière du domaine public maritime. Mais pour la boutique, le poste de restauration légère, les matelas et parasols à louer, c'est fini: "Il faudra tout démonter pendant quatre mois l'hiver", indique M. de Colmont.

"Chaque morceau qu'on enlève, c'est un petit déchirement. Il y a des choses qu'on a construites il y a 60 ans. Mais il y a un côté très positif: la reconstitution de la dune. Dans cinq ans, ça devrait être magnifique", poursuit-il.

Il compte parmi les 23 plagistes retenus après appel d'offre par la mairie, contre 27 auparavant.

"Ce qui nous a meurtri dans cette procédure de délégation de service public, c'est que l'humain ne rentre pas en jeu. Elle s'appuie sur des éléments formels, c'est un concours et s'il en va autrement, c'est un délit de favoritisme", décrit M. de Colmont.

Son père, ethnologue, avait choisi ce coin de pinède dans l'immédiat après-guerre, pour vivre à la Robinson Crusoé, avant d'improviser une aire de pique-nique sans eau courante ni électricité.

En 1956, l'équipe du tournage de "Et Dieu créa la femme..." s'y restaure, le "Club 55" est lancé et avec lui, la fortune touristique de Saint-Tropez et de la plage de Pampelonne, beaucoup d'anonymes vibrant à la venue des stars et des fêtards.

- "Un pis-aller" -

La plage, d'où a démarré la mode du monokini, au départ systématiquement réprimée par des gendarmes aux aguets, ne connaît pas de saison: elle attire environ 30.000 visiteurs par jour en juillet-août et à l'automne, le parking des camping-cars est plein.

Jusqu'au jour où des associations, excédées par la spéculation et la privatisation du domaine public maritime, ont intenté des recours. Les restaurants de plage n'avaient rien de simples paillottes.

L'affaire est remontée jusqu'au Conseil d’État et en 2002, la plage a été classée "espace naturel remarquable" obligeant en théorie à tout raser, jusqu'au moindre toilette public.

L’État a pris le temps, la mairie aussi. Elle a racheté progressivement des terrains sur l'arrière de la plage où des établissements, parmi les 23 retenus, vont pouvoir reconstruire en plus grand.

C'est le cas d'Indie Beach, qui passera de 110 à 186 couverts et restera ouvert dix mois de l'année, contrairement aux établissements situés sur la plage, démontables l'hiver.

"Les premiers plans de réaménagement datent d'il y a 30 ans je crois (...) ça a toujours capoté. Ce plan de réaménagement est bénéfique pour la plage de Pampelonne car beaucoup de plages seront démontées l’hiver et la plage sera beaucoup plus sauvage", estiment Raphaël Blanc et Vincent Luftman, les deux gérants.

L'appel d'offre a permis aussi l'arrivée de six nouveaux entrants dont le célèbre palace hôtel Byblos. Le seul grand groupe candidat, le casinotier Barrière qui avait perdu la plage de Shellona, est toujours en négociation face à deux autres prétendants.

L'arrivée des bulldozers, une bonne nouvelle pour l'écologie? "Dire qu'on est contents serait exagéré. Le schéma de réaménagement de la plage est un pis-aller, un compromis que nous avons jugé acceptable et que nous n'avons pas attaqué compte tenu du contexte", répond Henri Bonhomme, de France Nature Environnement 83.

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