Les madrassas, lieu de paix et de prière pour les enfants rohingyas

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Par AFP - Cox's Bazar
Publié le 07 octobre 2018 - 09:09
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Saleema Khanan (g), 8 ans, étudie dans une madrassa au camp de Kutupalong, près de Cox Bazar, le 12 août 2018 au Bangladesh
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© CHANDAN KHANNA / AFP
Saleema Khanan (g), 8 ans, étudie dans une madrassa au camp de Kutupalong, près de Cox Bazar, le 12 août 2018 au Bangladesh
© CHANDAN KHANNA / AFP

Saleema Khanan, huit ans, est la seule fille parmi la dizaine d'élèves de sa madrassa de la région de Cox Bazar, au Bangladesh. C'est l'une des milliers d'écoles coraniques nées dans les camps de réfugiés rohingyas fuyant les persécutions en Birmanie voisine.

La structure en bambou écrasée par la chaleur, à Kutupalong, le plus grand camp de réfugiés du monde, n'est pas très loin de la cahute qu'elle habite avec sa famille.

L'éducation formelle n'est pas autorisée dans les camps de réfugiés de la minorité musulmane rohingya car cela suggérerait une présence permanente. Pour de nombreux enfants, les madrassas sont la seule possibilité de recevoir une instruction.

La tête recouverte d'un voile jaune, serrant son précieux Coran contre la poitrine, Saleema ôte ses chaussures et entre dans la madrassa sombre.

Une bonne dizaine de garçons portant des calots blancs s'y trouvent déjà et se balancent au rythme des versets qu'ils récitent.

Saleema s'assoit à sa place, au premier rang, flanquée par deux de ses frères. "Je viens pour apprendre le Coran", dit-elle. "Ma mère veut que mes frères et moi devenions de meilleures personnes".

Environ 700.000 Rohingyas, pour la plupart des enfants, se sont réfugiés à compter d'août 2017 dans d'immenses camps de la région de Cox's Bazar, dans le sud-est du Bangladesh, victimes de ce que l'ONU a qualifié de "nettoyage ethnique" dans la Birmanie à majorité bouddhiste.

Les madrassas et mosquées de la minorité musulmane profondément conservatrice ont été incendiées dans la campagne de répression menée par l'armée birmane et des gangs bouddhistes.

"En ciblant nos madrassas et nos mosquées, ils ont tenté d'effacer notre culture et notre religion de l'Etat Rahkine", région occidentale de Birmanie où vivait la minorité musulmane, explique Rafique bin Habib, militant de la cause rohingya.

"Mais de nombreux enseignants de madrassas ont survécu et ont fui au Bangladesh , où ils ont ouvert des écoles dans les camps afin que la nouvelle génération puisse se nourrir de notre culture et de notre religion".

Au total, le Bangladesh accueille un million de réfugiés musulmans dans des camps proches de la frontière. Il est déterminé à ce qu'ils regagnent la Birmanie.

Certaines madrassas peuvent accueillir jusqu'à 400 enfants, d'autres, comme celle de Saleema, à peine une quinzaine.

Les cours se déroulent en langue rohingya mais également en bengali, arabe, ourdou et anglais.

Tandis que résonne l'appel à la prière du vendredi, les garçons quittent la salle de classe pour aller à la mosquée.

Saleema reste là. Elle se tourne vers la Mecque, et prie, toute seule.

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