Les Restos du cœur lancent leur 36e campagne d'hiver en pleine crise sanitaire et économique

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Par Maryam EL HAMOUCHI - Paris (AFP)
Publié le 24 novembre 2020 - 05:00
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Une bénévole des Restos du coeur distribue une aide alimentaire à des personnes dans le besoin, le 13 octobre 2020 à Paris
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© Christophe ARCHAMBAULT / AFP/Archives
Une bénévole des Restos du coeur distribue une aide alimentaire à des personnes dans le besoin, le 13 octobre 2020 à Paris
© Christophe ARCHAMBAULT / AFP/Archives

Une 36e campagne dans un contexte inédit: les Restos du cœur s'attendent à recevoir un million de bénéficiaires cette année pour la saison hivernale qui s'est ouverte mardi en pleine crise sanitaire et économique.

"L'appel lancé par Coluche il y a trente ans est toujours d'actualité, ce qui est absolument dramatique. La situation de la précarité en France n'a pas disparu", a déclaré Patrice Blanc, le président de l'association, lors du lancement de la campagne au centre d'Asnières-sur-Seine (Hauts-de-Seine).

Le Premier ministre Jean Castex et le ministre de la Santé Olivier Véran ont visité en fin de matinée ce centre de la banlieue parisienne, qui s'apprête à accueillir 300 familles cet hiver soit 20% de plus que l'année dernière.

Pour l'heure, l'association chiffre la hausse des inscriptions au niveau national à 10%, les situations étant "variables selon les départements" avec une explosion de la demande en Seine-Saint-Denis (+45%) et à Paris (30%), selon M. Blanc.

L'année dernière, les Restos du cœur ont accueilli 875.000 personnes et distribué 136,5 millions de repas.

"Je pense que cette année, on dépassera le million de personnes", estime auprès de l'AFP Patrice Blanc.

Nés d'une idée de Coluche en 1985, les Restos du cœur accueillent chaque année les personnes démunies pour leur campagne d'hiver. En fonction de leurs ressources et de la composition de leur famille, elles se voient attribuer des points qui leur donnent droit à des denrées alimentaires.

- "Pas de petits boulots" -

"Œufs, pain, pâtes, haricots, thon... un peu de tout", énumère Amira, une botte de poireaux dépassant de son caddie en sortant du centre d'Argenteuil, ouvert dès lundi. "Ça permet de faire des économies à la maison", raconte la jeune femme de 25 ans, sans emploi, présente comme une soixantaine d'autres personnes devant le centre le plus important du Val-d'Oise.

La crise sanitaire et ses conséquences économiques et sociales ont amené des nouveaux bénéficiaires. "Depuis le confinement, on a vu venir les gens qui n'ont plus rien parce qu'ils ont perdu leurs petits boulots", décrit Josiane Le Blond, responsable du centre, qui a accueilli 1.500 familles l'année dernière et enregistré cette année 400 nouvelles inscriptions.

Parmi ces nouveaux venus, Farida, 40 ans, divorcée en juin et qui peine à trouver un travail dans la restauration. "Le premier pas est le plus difficile", confie-t-elle, chariot à la main.

"La crise financière de 2008 s'était traduite par une augmentation en deux ans de 25% de personnes en plus ayant recours à l'aide alimentaire. Nous devons nous préparer à la montée d'une vague d'une ampleur au moins équivalente", alerte le président de l'association.

"Dans l'immédiat, on a besoin du don des particuliers et des entreprises et de bénévoles", a déclaré lundi M. Blanc.

Pour les Restos du cœur, "l'enjeu majeur de cette 36e campagne est de continuer à faire face. Dans l'urgence mais aussi sur le long terme".

La crise sanitaire a également changé l'organisation des centres. La distribution accompagnée (les bénéficiaires entrent dans le centre et sont accompagnés par des bénévoles) a laissé place à un système de "drive", où les bénévoles mettent les denrées alimentaires à disposition des bénéficiaires à l'entrée du centre.

- Fin du coin café -

"La plupart de nos locaux ne sont pas adaptés pour respecter les consignes de distanciation", explique M. Blanc. L'arrivée de l'hiver et la dégradation des conditions climatiques interrogent sur la pérennité de ce système. Exit également le "coin café" qui offrait un moment de convivialité.

L'association alerte sur la situation des jeunes, de plus en plus nombreux à frapper à leurs portes: avec la disparition des petits boulots qui a plongé des étudiants dans la précarité, ils représentent "une source d'inquiétude encore plus particulière" pour Patrice Blanc.

Les moins de 25 ans représentent déjà près de la moitié des bénéficiaires, les mineurs 40%.

Parmi les bénéficiaires de plus de 16 ans, 36% sont en recherche d'emploi, 12% perçoivent une retraite, 6% ont un emploi et 6% sont étudiants.

Avant la crise du Covid, fin 2019, quelque 9,3 millions de personnes vivaient sous le seuil de pauvreté en France, selon l'Insee, et près de 5 millions avaient recours à l'aide alimentaire.

Pour certaines associations, la crise va plonger un million de personnes supplémentaires dans la pauvreté.

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