L'ex-président géorgien Saakachvili poursuit son "combat" aux Pays-Bas

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Par Jan HENNOP, Charlotte VAN OUWERKERK - Rotterdam (Pays-Bas) (AFP)
Publié le 14 février 2018 - 17:17
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L'ex-président géorgien Mikheïl Saakachvili, apatride depuis son expulsion d'Ukraine où il était un farouche opposant, a rejoint mercredi sa famille aux Pays-Bas, où il se dit déterminé à poursuivre son combat.

Arrêté lundi dans un restaurant à Kiev, le dirigeant politique a déclaré auprès de l'AFP vouloir "poursuivre le combat" depuis le pays d'origine de son épouse, où il a l'intention de rester.

M. Saakachvili est arrivé à l'aéroport d'Amsterdam Schiphol mercredi matin à l'issue d'une semaine mouvementée: arrêté brutalement lundi dans un restaurant du centre de Kiev, il a aussitôt été expulsé vers la Pologne.

Le feuilleton politico-judiciaire très médiatisé se poursuit donc aux Pays-Bas, où l'ancien président de 50 ans, de nouveau réuni avec ses enfants, a finalement posé ses valises.

Dès les premiers heures suivant l'arrivée de son client, l'avocat Oscar Hammerstein l'a conduit au Bureau de l'immigration à Rotterdam pour faire la demande d'un permis de séjour.

- Apatride -

"Il ne s'attendait pas à ce que ce soit si joli ici à Rotterdam", a raconté à l'AFP l'avocat de M. Saakachvili, devenu apatride après avoir été successivement déchu de ses nationalités géorgienne et ukrainienne.

Père de deux fils et marié à Sandra Roelofs, une Néerlandaise de 48 ans originaire de la ville de Terneuzen, dans le sud-ouest des Pays-Bas, Mikheïl Saakachvili est parfaitement en droit de faire cette demande de permis de résidence temporaire, selon la loi néerlandaise.

Ancien allié du président ukrainien Petro Porochenko, M. Saakachvili est devenu l'un de ses plus farouches opposants et n'a de cesse de défier le pouvoir, qu'il accuse de corruption.

M. Porochenko a réussi à se débarrasser de lui, au moins temporairement, en l'arrêtant lundi avant de le mettre aussitôt dans un avion pour la Pologne. Les partisans de M. Saakachvili n'ont pas eu le temps de réagir.

La brutalité de son arrestation - il a été jeté à terre par les gardes-frontières ukrainiens qui l'ont insulté et tiré par les cheveux, selon une vidéo diffusée sur internet - a provoqué de vives critiques contre le pouvoir en Ukraine.

Cette arrestation pourrait pousser les soutiens occidentaux du pays, qui en demeure très dépendant, à "s'interroger sur la justice sélective" ukrainienne, selon l'analyste Iryna Bekechkina, qui estime qu'elle est largement "perçue comme une vengeance" personnelle du chef de l'Etat.

- 'Combattre la corruption' -

L'affaire pourrait "avoir un impact négatif" sur la réputation du président Porochenko, renchérit Sergui Solodky, directeur-adjoint du Centre d'analyse Nouvelle Europe à Kiev.

Mardi, la Commission européenne avait indiqué "suivre" de près la situation de l'opposant. "Nous nous attendons à ce que les droits de M. Saakachvili soient respectés", avait affirmé une porte-parole de la Commission, Maja Kocijancic.

Nommé gouverneur de la région d'Odessa en 2015 par M. Porochenko, Mikheïl Saakachvili a démissionné un an et demi plus tard, entérinant sa rupture avec le président ukrainien. Après avoir obtenu la nationalité ukrainienne, il en a ensuite été déchu.

M. Saakachvili a déclaré compter sur la mobilisation de ses partisans pour pouvoir revenir en Ukraine. Mais son parti ne dépasse pas 2% des intentions de vote, selon un récent sondage, ce qui rend improbable l'éventualité d'une mobilisation populaire massive en sa faveur.

M. Saakachvili, qui a promis de continuer à "combattre la corruption", prévoit de "faire une tournée en Europe" pour sensibiliser des dirigeants politiques à sa cause et dénoncer un Porochenko décrit comme "profiteur".

"La carrière de Saakachvili est dans une spirale descendante", estime Adrian Karatnycky, chercheur à l'Atlantic Council, tout en soulignant que l'ancien président géorgien pourrait encore jouer un rôle sur le long terme.

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