L'incendiaire de la rue Myrha condamné à 20 ans de réclusion

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Par Alain JEAN-ROBERT - Paris (AFP)
Publié le 10 décembre 2020 - 18:19
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Incendie d'un immeuble de la rue Myrha à Paris le 2 septembre 2015
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© JEAN-RAPHAEL BOURGE / AFP/Archives
Incendie d'un immeuble de la rue Myrha, le 2 septembre 2015 à Paris
© JEAN-RAPHAEL BOURGE / AFP/Archives

"Peu m'importait la peine, ma peur était qu'il recommence et qu'un jour d'autres familles puissent vivre ce qu'on a vécu", dit, d'une voix hachée par l'émotion, la mère d'une des huit victimes de l'incendie déclenché rue Myrha par Thibaud Garagnon condamné jeudi à 20 ans de réclusion criminelle.

La cour d'assises de Paris n'a pas suivi les réquisitions de l'avocat général qui avait demandé une peine de 25 ans d'emprisonnement assortie d'une période de sûreté des deux tiers.

Elle a condamné Thibaud Garagnon a 20 ans de prison sans période de sûreté et demandé un suivi socio-judiciaire de douze ans après sa sortie de prison. En cas de manquement à cette obligation, M. Garagnon écopera d'une nouvelle peine de prison de sept ans.

Il encourait la réclusion criminelle à perpétuité.

"La cour a certainement pris en compte la personnalité particulière de M. Garagnon, son jeune âge au moment des faits et la nécessité de sa réinsertion", a commenté Me Laurent Thieffry un des avocats du jeune homme âgé aujourd'hui de 24 ans et qui en avait 19 au moment des faits.

L'avocat a indiqué que la défense avait dix jours pour faire appel. "Nous avons dix jours pour y réfléchir et nous allons laisser le temps de la réflexion".

L'accusé, vêtu d'un t-shirt noir avec des licornes, a accueilli le verdict avec stoïcisme. "Il est apaisé", a dit Me Thieffry.

"Vous avez bien compris la peine ?", lui demande la présidente. "Oui, oui très bien d'ailleurs j'ai déjà commencé un suivi (thérapeutique) en prison", répond l'accusé qui, comme à son habitude depuis le début de son procès, n'aura pas un mot pour les victimes de l'incendie qui a ravagé l'immeuble du 4 de la rue Myrha en septembre 2015.

Il ne regarde pas le banc des parties civiles mais jette un coup d'œil à sa mère, décrite par les experts comme "hyper-protectrice".

Cette attitude à la limite de la désinvolture scandalise Alassane Tandian, une des victimes de l'incendie et qui était en conflit de voisinage avec M. Garagnon avant l'incendie. Quatre membres de la famille Tandian, d'origine sénégalaise, dont deux enfants de 8 et 14 ans, ont péri dans l'incendie.

"On n'est pas du tout satisfait", dit Alassane Tandian qui dénonce "le manque de respect total" de Thibaud Garagnon à l'égard de la cour et des parties civiles.

"Il s'est amusé devant nous", regrette l'ancien voisin de Thibaud Garagnon.

- "Un peu mieux respirer" -

Michelle, mère d'une des deux personnes qui ont trouvé la mort en se jetant dans le vide pour échapper aux flammes, sort quant à elle "soulagée" du procès.

"Depuis 5 ans nous étions dans une tourmente... On passe par toute sorte d'humeur, de douleur... On revit le drame qui n'est jamais parti et aujourd'hui je sors du procès avec l'impression de pouvoir un peu mieux respirer", dit-elle.

"Les angoisses vont sûrement s'en aller, j'espère".

Même si la cour n'a pas suivi les réquisitions de l'avocat général, l'important, souligne-t-elle, est que jamais plus Thibaud Garagnon soit en mesure de déclencher un autre incendie.

Le 2 septembre 2015, vers 04H20 du matin, Thibaud Garagnon, locataire d'un studio au 2e étage de l'immeuble du 4 de la rue Myrha s'était levé avec, selon ses propres mots, "la pulsion de vouloir détruire quelque chose".

Il avait mis le feu à une des poussettes entreposées au rez-de-chaussée près de la cage d'escalier avant de remonter se coucher.

Le feu avait rapidement ravagé l'immeuble provoquant la mort de huit personnes dont deux enfants. Lui s'en était tiré en se glissant le long de la gouttière de l'immeuble.

"Egocentré", selon les mots de la présidente, Thibaud Garagnon a insisté tout au long de son procès sur son "mal-être" et son "désarroi".

Il a été interpellé un an après les faits alors qu'un innocent avait été arrêté et incarcéré à sa place.

Plongé dans l'univers des jouets et dessins animés "My Little Pony", portant des couches, il utilise, y compris en prison, des biberons, des tétines et des doudous.

"Peut-être que les propos qu'il tient ne sont pas entendables par tout le monde, mais M. Garagnon s'est présenté tel qu'il était. Avec ses complexités, avec une approche qui n'est pas toujours la bienvenue, mais tel qu'il est", avait expliqué mercredi son avocate Me Céline Blanchetierre.

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